Monday, September 3, 2018

A la redécouverte de célèbres personnages V : le Baron de Tilton et la mystérieuse lettre "k" !

Par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique, Ph. D
Traduit et adapté de l'anglais par lui-même
__________________________________


N.B. : Nous avons initialement publié cet article en anglais le 10 avril 2017 sur "Global Politics and Economics", sous le titre 'Rediscovering famous characters V : the Baron of Tilton and the mysterious letter "k" ! '
                                                  *****
Notre personnage du jour est extrêmement célèbre dans le monde entier. Pour le moment, nous donnons juste le titre qu'il reçut pour son œuvre.
Essayez donc de deviner de qui nous parlons, tout au long de la progression de notre récit !
Il n'a pas survécu au vingtième siècle, mais son renom est encore très présent, et il hante véritablement l'économie mondiale. Il est l'auteur d'une "Théorie de la préférence pour la liquidité".
Notre futur Baron était également un habile spéculateur à la Bourse de Londres.
Mais sa vie fut aussi marquée par l'Esthétique, ainsi que par son attraction pour l'Art dont il devint un sponsor.
Il fut un membre influent du Groupe de Bloomsbury, et se maria avec une belle ballerine russe en 1925, car il adorait l'opéra.
C'était un collectionneur passionné de livres, tant il était assoiffé de connaissances nouvelles sur tous les sujets. Sur ce point, il est à signaler qu'il étudia particulièrement l'Antiquité.


La mystérieuse lettre "k" dont nous avons parlé est importante en économie, et elle est égale à 1/1-c, c représentant la propension à consommer.
A titre d'illustration, la propension à consommer est égale à 0,8 (80%) quand la propension à épargner est de 0.2 (20%). Et dans ce cas, k = 5.
Mais prenons maintenant l'exemple français, qui est très intéressant : de 1992 à 2016, la propension à épargner des ménages a décru de 12,8% à 11,7%.
Avec ces nouveaux chiffres, c = 0,883, ce qui montre en même temps l'importance de la consommation dans notre économie nationale.
Ainsi donc k = 1/1-0,883, soit 8,547. En fait k a augmenté, car en 1992 il était égal à 7,812.
Si l'Etat faisait un investissement ou une injection de capital (I) dans notre économie de disons 100 Euros - ce qui sous-entend bien entendu une dépense, y compris sous forme d'allocations de n'importe quel type -  le revenu résultant généré dans l'ensemble de l'économie (et dans le P.I.B.) serait égal à 100 x 8,547, soit 854,70 Euros.
Comme vous pouvez le voir l'équation "Y = I x k" est très importante dans les domaines économiques et financiers, car elle implique un puissant "Effet de Levier".

Et pour dévoiler le nom de notre personnage du jour, la mystérieuse lettre "k" est appelée le multiplicateur keynésien.
A ce stade, vous avez deviné que nous parlions de Lord John Maynard Keynes, Baron de Tilton (1883 - 1946) !
Ce dernier avait averti des conséquences négatives pour la paix du "Traité de Versailles" dès 1919, et publié "La théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" en 1936, avec l'idée de mettre fin à la Grande Dépression qui avait commencé en 1929.
En tant que Haut Représentant du Trésor Britannique, il participa aux négociations de Bretton Woods (U.S.A.) en juillet 1944.
Malheureusement pour lui, le nouveau Système Economique Mondial dont il rêvait avec son idée créative de "Bancor" ne fut pas accepté par les Américains : au lieu de cela, le Dollar devint la monnaie n°1 dans le monde, la livre sterling étant reléguée au rang de monnaie de réserve.
Egalement, l'institution nouvellement créée qu'était le F.M.I. (Fonds Monétaire International) fut basée à Washington, quand il aurait préféré New-York qu'il considérait symboliquement moins dépendante de l'Etat fédéral américain.








Pour être complet, "l'Effet de Levier" est connu empiriquement depuis l'époque sumérienne, et la richesse de Babylone a été établie sur ce socle.
Le contraire de "l'Effet de Levier" est "l'Effet de Massue" : cela peut arriver quand on refuse d'investir ou de faire les dépenses nécessaires !
Au lieu de créer la richesse et la croissance, on génère alors la pauvreté et la contraction de l'économie, car l'économie fonctionne d'une manière tout à fait opposée à celle d'une épicerie.


"Le système de l'Etat-Providence" introduit sous l'influence de Keynes au Royaume-Uni à la fin de sa vie, et également dans les autres pays occidentaux à la recherche du plein emploi, a souvent été critiqué et même renié depuis les années quatre-vingt : cette posture contra-cyclique s'est accompagnée du surgissement d'une nouvelle pauvreté dans le monde entier, ainsi que de krachs et de dépressions répétitifs, sans parler des illusions de la Dette concernant l'argent virtuel.


Et il est sûr qu'un leader politique qui ne serait pas intéressé par le fait de créer de la richesse et de la prospérité - ou comprenait différemment l'économétrie -, n'encouragerait pas l'Economie Keynésienne.
Mais s'il se décidait à faire le contraire pour le bien du pays et de ses habitants, il pourrait alors utiliser subitement la magie de la lettre "k", le multiplicateur keynésien... de la richesse pour le plus grand nombre !


Pour en revenir à l'Age de Bronze et à l'Age de Fer - ou même avant -, il est amusant de réaliser que la "Magie Financière" a besoin d'être redécouverte dans la période actuelle, marquée d'un "Age Sombre de l'Involution" trop pré-configuré.
Nous l'appelons ainsi, parce que "k" a longtemps été non identifié en science économique, comme facteur-clé de l'enrichissement d'un pays et de son peuple.
Maintenant que nous le connaissons, il serait étrange de ne pas l'utiliser d'une manière ou d'une autre.
Quoi qu'il en soit, soyons suffisamment élégants et sages pour remercier Lord Keynes de ce qu'il a accompli !