Tuesday, June 4, 2024

Histoire uchronique n°XIX : flash info de notre envoyé spécial à Versailles, Jean de Batz !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique, Ph. D

traduit et adapté de l'anglais par lui-même

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Voici la traduction et l'adaptation en français de notre article intitulé "Uchronic history XIX : breaking news from our special envoy in Versailles, Jean de Batz !", publié sur Global Politics and Economics le 5 mars 2023 !

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Avec une forte inflation due partiellement à la Guerre d'Ukraine avec ses conséquences sur le prix de l'Energie et des Céréales, la période actuelle est, parmi d'autres, étrangement reconnectée avec une thématique du passé en France : le prix de la farine et du pain, un peu comme au temps du "boulanger, de la boulangère et du petit mitron" (Louis XVI, Marie-Antoinette et le Dauphin) en 1789 !

Le parallèle est trop frappant pour ne pas être souligné. C'est pourquoi, aujourd'hui nous allons nous intéresser aux événements des 5 et 6 octobre 1789 à Versailles. Et dans cette perspective, notre meilleur reporter est certainement le Baron Jean de Batz (1754 - 1822). A cette époque, il était député de l'Assemblée Nationale Constituante au château de Versailles, ce qui fait de lui un parfait envoyé spécial à travers le temps !

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C'est un peu différent de ce que vous avez appris à l'école, si vous l'avez appris. Et tout n'est pas aussi simple qu'une question de pain et de colère des Parisiennes. Mais cela reprend fidèlement la plainte déposée contre le Duc d'Orléans (1743 - 1793), cousin du Roi Louis XVI (1754 - 1793 ?), le Marquis de la Fayette (1757 - 1834) et..."Madame Beauprez", la cheftaine enflammée des "femmes" de Paris (qui n'était pas du tout une miséreuse mourant de faim, en fait), par notre Baron à la Cour du Châtelet à Paris ; or, l'affaire n'a finalement abouti qu'à un "cold case". L'intervention tardive de La Fayette en tant que Chef de la Garde Nationale, montra qu'il se comportait comme une sorte de "Premier Ministre officieux" décidant de tout, et pas juste du tempo !

Si les deux premiers personnages sont très célèbres, il est extrêmement rare de trouver quelqu'un ayant entendu parler de la cheftaine des "femmes" de Paris en colère contre le Roi Louis XVI et la Reine Marie-Antoinette (1755 - 1793 ou 1834 ?), lors de ladite expédition de Versailles. En réalité, beaucoup de ces "femmes" étaient seulement des hommes plus ou moins bien accoutrés en femmes. "Madame Beauprez" le reconnut elle-même devant le Baron Jean de Batz, comme elle admit avoir été payée par Philippe d'Orléans pour organiser cette marche "carnavalesque" sur Versailles. Il les avait d'ailleurs surpris en grande discussion sur le chemin menant à Versailles, avant qu'elle n'y arrive. De même, il avait également été en chemin, témoin de l'entretien de Philippe avec La Fayette, lui demandant de ne pas intervenir immédiatement le 5 octobre 1789, pour stopper cette marche de violent chahut sur Versailles ! 

Sans le remarquable courage de Louis XVI et de Marie-Antoinette, un drame aurait pu facilement se produire pour eux, ce jour là. Et quand il se résolut à arriver finalement le 5 octobre 1789 vers minuit, La Fayette dit au Roi qu'il devait suivre ces "femmes" à Paris avec sa famille. Avec ses nombreuses troupes, il décida qu'il ne pouvait soi-disant pas faire grand chose pour rétablir l'ordre...ce qui n'était pas vrai du tout selon Jean de Batz qui était lui-même sur les lieux. Le Général La Fayette avait montré en Amérique qu'il était capable d'intervenir énergiquement pour changer une situation apparemment perdue (comme à la bataille de la Rivière Brandywine dans la région de Philadelphie où il fut blessé, le 11 septembre 1777), s'il le voulait ! Mais il avait des griefs personnels contre la Reine, qui avait une fois ri de lui lors d'un bal où il s'était montré un piètre danseur. De plus, il savait qu'elle le trouvait "moche" ("ugly" en anglais), ce qu'il ne pouvait supporter !

Donc à l'issue de ces deux journées fatidiques, la Famille Royale fut obligée, plus par La Fayette que réellement par les "femmes" Parisiennes menées par Madame Beauprez (Madame Girard de son vrai nom, selon le Baron de Batz), de quitter Versailles pour Paris - les Tuilleries. C'est lui qui fit pencher la balance en sa défaveur : notre envoyé spécial a bien insisté sur ce point. En France, un désordre politique exagéré est souvent une façon sournoise de masquer un agenda inexorable. Et ce fut le vrai début de la fin pour la Famille Royale. Selon le Baron de Batz, le plan de Philippe d'Orléans (qui se surnomma par la suite lui-même "Philippe-Egalité") était initialement de la faire tuer par la foule, car La Fayette ne vint pas avec ses troupes de la Garde Nationale aussi vite qu'il aurait pu le faire. Mais, il échoua totalement sur ce point, eu égard aux réactions très courageuses de Louis XVI et de Marie-Antoinette ! Ils reconnurent même la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 26 août 1789 à cette occasion, ce qui calma un peu la foule plutôt décontenancée !

Mme Beauprez (Girard) n'était pas une Parisienne pauvre, mais une "bourgeoise" aisée de Paris en réalité. Elle se vantait même d'être riche et bien introduite dans le cercle du Duc d'Orléans. Elle pouvait facilement payer son pain, et elle ne manquait de rien dans les faits ! Elle était juste achetée par Philippe d'Orléans pour organiser la Marche des "femmes" pour le pain sur Versailles, avec l'émeute sanglante et le massacre des gardes Suisses qui s'en sont suivis. Il faut ajouter que le futur Philippe-Egalité avait détourné un énorme stock de farine pour provoquer cette crise artificielle contre son cousin détesté. C'était la logique qu'il suivait depuis le déclenchement de la Révolution, qui avait débuté à deux pas de chez lui, à côté du Palais Royal à Paris ce jour fatidique du 12 juillet 1789, sous le prétexte du renvoi de Necker (1732 - 1804) par le Roi. Il pensait qu'il pouvait instrumentaliser ses affidés comme Camille Desmoulins (1760 - 1794) ou d'autres, aussi bien que l'Illuminisme pour provoquer un changement dynastique à son profit !

Philippe d'Orléans est celui qui a suscité les journées des 5 et 6 octobre 1789, avec l'aide de "Madame Beauprez" pour mettre en danger la famille royale à Versailles ou la ramener à Paris. Il est aussi celui qui eut l'idée de faire emprisonner son cousin, Louis XVI et sa famille dans le donjon du Temple le 13 août 1792, en utilisant l'histoire d'une "vengeance Templière" contre les Capétiens, provenant du XIVème siècle ! Mais il avait oublié qu'il était lui-même un capétien très indirect, lié au Roi Philippe IV Le Bel (1268 - 1314). Et le "monstre" qu'il avait lui-même contribué parmi d'autres à créer, le dévora le 6 novembre 1793, quand il fut guillotiné. C'était juste trois semaines après l'exécution de la Reine Marie-Antoinette ou de son Sosie, Cornélia de Galéan (le 16 octobre 1793) ; et c'était moins de 10 mois après celle du Roi Louis XVI ou de son Sosie Belge, un Moine (le 21 janvier 1793), avec les étranges épisodes du 52 rue Beauregard et du très proche 95 rue de Cléry à Paris. Dans les deux cas, un doute négligé provient des Missions Impossibles de Sauvetage menées par Jean de Batz, le Baron Tente-le-Diable ("Daredevil" en anglais) : contre-opération de "l'oeillet" à la Prison de la Conciergerie dans la nuit du 30 août 1793, précédée de l'opération de la dernière chance le matin glacial du 21 janvier 1793) ! 



Philippe-Egalité ne put jamais prendre la place tant convoitée de son cousin Louis XVI, jamais ! Et il est absolument étonnant que jusqu'à maintenant aucun cinéaste en France n'ait fait le moindre film connu sur le Baron Jean de Batz. Ses interactions subséquentes et réussies avec la Révolution et ses différentes factions pour la reconnaissance de droits humains de base, étaient dues à la révolte intérieure qu'il avait ressentie durant les Journées des 5 et 6 octobre 1789. Il agit ensuite systématiquement sur le même mode disruptif que ses ennemis (dans l'ombre). Peut-être un cinéaste américain pourrait-il avoir cette audace de réaliser un blockbuster à son sujet, sur le mode "Mission Impossible" ?

Pour autant, de plus en plus de gens veulent connaître précisément la structure cachée de la Révolution, et pourquoi tout est allé autant de travers et s'est si mal déroulé. Ils ressentent beaucoup de confusion à ce sujet qu'ils ont étudié à l'école, sans comprendre ce que ça a réellement changé entre le Riche bourgeois et le Pauvre hère, ou entre le Puissant et le Faible. C'est même une interrogation particulière pour les gens blasés et méfiants des banlieues et d'ailleurs, qui osent exiger de nos jours que ses promesses soient vraies et tangibles. Ils n'aiment pas s'en laisser conter. Et pourtant, ils ne sont pas habituellement décomptés parmi les "nouveaux Chouans" !

Bien sûr, ils ne se rendent pas compte que l'Egalité promise en 1789, fut très rapidement mise de côté par les nouvelles normes révolutionnaires de la bourgeoisie triomphante, en privant plusieurs millions d'hommes des plus basses classes du droit de vote. D'une certaine manière, ce n'était pas réellement contradictoire avec la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, qui soulignait que "les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune" (seconde partie de l'article 1). Et c'est probablement la raison pour laquelle les gens ne prêtent pas suffisamment attention à ce biais légal : une pirouette intellectuelle astucieuse établissant un système intermédiaire succédant à la Féodalité abolie...de retour aujourd'hui sous une nouvelle forme !

Un Vote Censitaire pour les hommes au-dessus de 25 ans fut donc établi par la Constitution du 3 septembre 1791, entre autres conditions excluant les personnes en état de domesticité de la citoyenneté. Ceci faisait immédiatement suite à l'abolition des anciens droits pré-révolutionnaires de Grève et de Coalition par la loi Le Chapelier du 14 juin 1791 ! Et concernant les paysans "libérés", il doit être ajouté que ces derniers durent racheter les droits féodaux à leur seigneur (jusqu'en 1793), en vertu du Décret du 3 juillet 1790 : ce dernier fut pris en application de la célèbre et partiellement incomprise loi du 4 août 1789, qui avait aboli ces droits sous cette condition justement. La Révolution était fondée sur l'idée de Changement Fondamental, même s'il y eut dès le début une confusion entre le concept et sa concrétisation effective !

En parallèle, des millions de femmes quant à elles ne se virent reconnu aucun droit de vote avant la Libération en 1944, par le Général de Gaulle (1890 - 1970), en reconnaissance de leur engagement et de leur bravoure pour libérer la France. Pour remplir ce vide légal, l'actrice et écrivaine Olympe de Gouges (1748 - 1793) avait cependant rédigé une Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne (14 septembre 1791), qu'elle avait adressée à la Reine Marie-Antoinette, en tant qu'épouse du Roi Louis XVI : l'homme qui l'avait rapidement faite libérer de La Bastille en 1785, devenu son Roi bien aimé depuis lors - avec une tendre amitié, NDLR. Marie-Antoinette en parla longuement avec son mari, et tous les deux acceptèrent avec grâce cette inhabituelle Déclaration de Droits (accordant aussi leur Liberté aux Esclaves des colonies françaises). Mais, ce ne fut pas du tout le cas des Jacobins, qui la rejetèrent sèchement, comme Robespierre (1758 - 1794), leur plus mortel ennemi ! Et malheureusement, en 2014 on refusa à Olympe de Gouges l'honneur d'entrer au Panthéon à Paris pour des raisons peu claires, qui semblaient idéologiquement liées à sa sensibilité féminine excessive envers le Roi, malgré un si long laps de temps écoulé !

A l'heure actuelle, même si les gens sont directement concernés par la complexe et embrouillée réforme des retraites en cours, ils ne sont pas au courant que les tous premiers régimes spéciaux (Marine, Travaux Publics, Comédie Française, Opéra, Fonctionnaires, et Armée) créés entre 1673 et 1709 par décisions royales de Louis XIV (1638 - 1715) devraient néanmoins être maintenus ! Elle n'affecterait pas non plus l'Ordonnance De Castries signée par Louis XVI en 1784, instaurant un système de pensions d'invalidité et de vieillesse définitifs pour la Marine Marchande et les Marins en général. Et il y a un étrange paradoxe historique concernant cela, car par habitude les gens croient qu'ils doivent tout à la Grande Révolution ! 

En fait, on est obligé de reconnaître que l'acte de création de nos jours, pour un film par exemple, nécessite une certaine dose d'audace et de clarté. S'engager réellement implique un minimum de prise de risques, sans enfoncer les portes déjà ouvertes ! Il est vrai qu'il n'est pas facile de conserver un esprit libre et non formaté. Il est beaucoup plus aisé d'être une non-individu en suivant aveuglément l'esprit collectif comme un mouton...tout en ratant quand même la chance de sa vie ! C'est pourquoi l'on peut compter sur les doigts d'une main seulement le très petit nombre de gens capables de faire le contraire. De nos jours, on peut trouver très facilement des personnes prenant la posture pour des selfies, ou pour dire vouloir sauver la planète (en tant qu'abstraction soumise au Nouveau Capitalisme Vert dominant, passant sous silence la guerre cachée des terres rares hyper-polluantes), mais presque personne pour l'audace individuelle. Daredevil est juste un héros oublié de Marvel !

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