Thursday, May 3, 2018

A la redécouverte de célèbres personnages : qui connaît Arthur Wellesley en France ?

Par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique, Ph. D
Traduit et adapté de l'anglais par lui-même
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Voici une traduction de notre article publié en anglais sur "Global Politics and Economics" le 4 mai 2015, sous le titre "Rediscovering famous characters : who knows Arthur Wellesley in France ?"


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Si vous faisiez un rapide sondage à Paris ou même à Angers à propos d'Arthur Wellesley, personne certainement ne connaîtrait son nom.
Quelques personnes penseraient que c'est un joueur de football ou de rugby, vu que ça sonne bien à l'oreille pour ça.
D'autres songeraient qu'il s'agit d'un chanteur anglo-saxon encore inconnu, mais en passe de devenir célèbre.
Et ils pourraient même chercher à s'informer des dates de ses concerts, pour faire une réservation !
Pourtant, tous seraient dans l'erreur, car il est né en 1769 en Irlande (au Château de Dangan) !


En fait, Arthur Wellesley (1769 - 1852) était anglo-irlandais. Il avait étudié à Eton (Royaume-Uni) et à Bruxelles (à l'époque où la Belgique n'était pas encore indépendante), avant de venir en France, à Angers précisément.
Il entra alors à l'Ecole Militaire Royale en 1785, où il fut cadet jusqu'en 1786. Or à cette époque, la stratégie militaire était dominée en France par l'héritage encore frais du maréchal Maurice de Saxe (1696 - 1750), cousin de Louis XV (1710 - 1774).
A titre anecdotique, il est à remarquer que la célèbre romancière George Sand (Aurore Dupin, 1804 - 1876) était l'arrière-petite-fille de ce grand stratège ! Maurice de Saxe admirait Alexandre le Grand (356 av. J.-C. - 323 av. J.-C.), et il fut grandement influencé par lui - par un étrange mimétisme. Il est d'ailleurs important de savoir que les tactiques de Maurice de Saxe sont encore enseignées de nos jours à West Point (USA).
Pour en revenir au jeune Arthur Wellesley, il devint en 1787 lieutenant d'infanterie et même instructeur à Angers, avant de retourner en Angleterre.
Avez-vous présentement la moindre idée de qui était ce célèbre personnage ? Non ! Alors, continuons notre récit !


Il servit dans le régiment du Duc d'York aux Pays-Bas contre la France (1794), et apprit là-bas selon sa propre opinion "tout ce qu'on ne devrait jamais faire" en matière de stratégie militaire, afin de ne pas perdre.
Quand il commanda lui-même une armée en Inde (1799 - 1803), il devint renommé pour ses talents exceptionnels et sa victoire finale contre la Confédération de Maratha.
En Europe, il mena le combat contre Napoléon (1769 - 1821), en commençant par le Portugal (1808), en continuant avec l'Espagne (1809 - 1814), et en traversant les Pyrénées pour finalement atteindre Toulouse - où le maréchal Soult (1769 - 1851) vit son front militaire s'effondrer face à lui au début du mois d'avril 1814.
Avez-vous deviné maintenant de qui il s'agit ? Pas encore !
Ne vous inquiétez pas, cela va venir à l'occasion de notre conclusion sur cet homme qui a créé un immense choc dans toute l'Europe et ailleurs, en changeant la destinée du monde pour deux siècles !








Napoléon le voyait comme "un mauvais général", pour sa stratégie et sa façon de combattre à l'Antique, alors que lui était plus moderne et plus efficace.
Or en réalité, Wellesley était déjà commandant en chef et maréchal !
Wellesley croyait encore aux géniales tactiques de Napoléon (à tort), et à l'opposé Napoléon n'avait guère de considération pour lui (à tort également). En effet, l'infanterie de Wellesley, tout comme des "Phalanges Macédoniennes", mit littéralement en pièces la Garde Impériale de Napoléon dans la bataille finale de Waterloo (18 juin 1815) dès 7 heures et demi du soir, donc bien avant que le Prussien Blücher (1742 - 1819) ne fasse sa jonction à 9 heures du soir.


Wellesley, qui était devenu Duc de Wellington en 1814 (ça y est, vous savez !), doutait encore la veille de l'issue de la bataille, qui se déroulait près de Bruxelles.
Après la bataille, il écrivit même à son frère, qui était Gouverneur Général de l'Inde :
"Je n'ai jamais eu autant d'inquiétudes pour une bataille, et n'ai jamais été aussi près de la défaite !"
Sa stratégie d'apparence défensive, mélangée à une soudaine et inattendue témérité furent pourtant victorieuses.


Du côté français, seul le maréchal Nicolas Soult osa mettre ouvertement en question la stratégie de Napoléon contre Wellington, mais cela provoqua la colère immédiate de l'Empereur et il dut se taire !
Ainsi, Waterloo ne fut pas perdue seulement à cause du maréchal Emmanuel de Grouchy (1766 - 1847), qui dégustait de délicieuses fraises dans une auberge de Wavre pendant le feu de la bataille !


Napoléon fut certainement un grand homme (beaucoup de Britanniques ont d'ailleurs de l'admiration pour lui de nos jours), mais il a clairement sous-estimé Arthur Wellesley, Duc de Wellington, qui lui paraissait si fragile - et presque diaphane même !
Pourtant, c'est ce même homme qui plaida avec succès, durant le Congrès de Vienne (1815), pour que la France ne soit pas exclue du concert des nations !
Enfin, en tant que conservateur, il devint Premier Ministre du Royaume-Uni (de 1828 à 1830, et pendant un courte période en 1834) !

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