Thursday, April 21, 2011

Le visage méconnu d'Alexandre III de Macédoine (356-323 av J.-C.) : encore plus Grand que sa légende !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique

________________________




Certains aujourd'hui ont tendance à mettre sur le compte de la chance, l'épopée glorieuse d'Alexandre III "l'invincible", roi de Macédoine, et notamment son indéniable génie militaire resté inégalé. C'est d'autant plus aberrant que notre époque se caractérise par une absence quasi-totale de grands stratèges occidentaux. Ceux qui croient l'être ne le sont assurément pas, et celui qui s'ignore ou que l'on ignore l'est peut-être, mais dans ce cas cela ne sert à rien. Alexandre le Grand a vaincu des adversaires qui furent souvent au moins sept fois supérieurs en nombre. Aujourd'hui, on en voit qui arrivent à perdre ou à s'enliser dangereusement à dix, vingt, et parfois trente contre un. Ils veulent combattre à distance parce qu'ils aiment la guerre, mais pas ses risques. Le temps des sarisses macédoniennes (longues piques de 5 à 7 m), est certes fini, mais pas celui des guêpiers. De plus, ils ne savent pas s'ils arment ou conseillent de futurs ennemis de l'Occident, comme ces grands "chefs" de rebelles, hier collaborateurs zélés du coriace et rusé Muammar Khadafi (né en 1942 à Syrte, Libye), guère amènes avec ceux qui les aident. Et ce n'est pas uniquement pour des raisons de dommages collatéraux causés par les avions militaires de la Coalition occidentale. Car des fortunes privées sont discrètement en train de se constituer pour le contrôle du port pétrolier de Bréga ou du terminal de Ras-Lanouf, pour 40% du pétrole africain - l'un des plus légers du monde. Mais le fait est que cela accroît la coupure du monde en deux : il y a d'un côté ceux qui fortement endettés se ruinent en combats de fin d'Ere, et de l'autre, ceux qui les regardent avec étonnement et incompréhension (les Emergents du BRICS - Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud -, et l'Asie). Des vetos se préparent à l'ONU.




On a souvent critiqué Alexandre pour ses excès, surtout à l'époque moderne pourtant pas si humaniste que ça dans la réalité quotidienne, ni dans ses multiples arrières-pensées et minables mesquineries à effet boomerang assuré.
C'était clairement un homme au tempérament passionné et sanguin. Mais rien de grand au monde ne se construit sans passion. Et lui a vraiment changé le cours de l'histoire jusqu'à nos jours.
Or ce que l'on passe sous silence, c'est qu'entre Aristote (384-322 av. J.-C.), son précepteur philosophe et lui, le plus humain n'était absolument pas celui qu'on croit. Quand il conquiert la Perse, l'Egypte, Babylone, l'Afghanistan (Gédrosie), et une portion de l'Inde et du Pakistan, qui lui reproche sans cesse sa trop grande humanité et sa générosité ? Eh bien, c'est Aristote justement ! Ce dernier l'exhorte au contraire de manière insistante à ne traiter les "Barbares" que "comme des animaux ou des plantes" ! Mais lui refuse d'écouter ces paroles odieuses, et met constamment en oeuvre partout où il passe, souvent accueilli en libérateur et en sauveur, son idée de grand empire universel et fraternel. L'Iskander des peuples orientaux n'était pas que noble, il était vraiment Grand également, et c'est cela qui lui valut son surnom. Ainsi nombre de peuples - hormis les Phrygiens, les Gazaouites, les Perses, et les habitants de la vallée de l'Indus essentiellement -, acceptèrent d'eux-mêmes son autorité, sans combattre en fait, tant son aura et sa renommée étaient brillantes. Avec sa chevelure blonde au vent, il était le Soleil macédonien. Il illuminait de toute sa splendeur et de sa flamboyance les trois grands ensembles territoriaux alors connus des géographes et cartographes grecs : l'Europe où la Grèce avait des colonies jusqu'en Italie, l'Asie riche, lumineuse, et fascinante, et la Libye justement en lieu et place de l'Afrique.


De même en Perse, il reprit quasiment intégralement le système administratif de Darius III (380-330 av. J.-C.), avec des satrapes iraniens doublés d'agents royaux macédoniens ; car il le jugeait efficace et si utile à la pérennité de ses conquêtes. En outre, ses nouveaux sujets pouvaient continuer à parler leur langue et à pratiquer leurs coutumes et leur religion, sans que ça ne le dérange. Et il alla même plus loin, en intégrant carrément 30 000 soldats d'élite perses dans ses phalanges macédoniennes au grand dam d'une partie de ses proches interloqués.
Mieux, il adopta certaines coutumes iraniennes (comme il l'avait fait avec celles d'Egypte dont il était devenu Pharaon). Et il fit célébrer dans une ambiance de fête géante d'immenses mariages mixtes entre ses hommes et des femmes du pays, à Suse (février 324 av. J.-C.). Lui-même d'ailleurs se maria au moins par deux fois à ces belles femmes d'une autre culture : il s'est ainsi uni avec Roxanne, la plus belle femme d'Asie qui a bouleversé ses sens (la fille du satrape de Sogdiane, zone située entre l'Iran et l'Afghanistan), et également avec Stateira, fille du défunt Shah de Perse, Darius III. Et il hérita de son harem de 365 concubines, une pour chaque jour de l'année. On aurait dit aujourd'hui avec humour, qu'en tout cela permettait de faire face aux années bissextiles. Il a également introduit en sa cour de Babylone la proskynèse (le fait de se prosterner devant son souverain en signe de respect), qui est d'origine perse.


Car on ne prend pas assez conscience que si Alexandre devint roi d'Asie en Phrygie conquise (333 av. J.-C.), en tranchant le fameux "noeud gordien" situé dans la ville-capitale de Gordios, il est également "le vrai fondateur de l'Occident", tel qu'il existe encore.
Par ses victoires spectaculaires et ses conquêtes au-delà même du monde connu (il a fondé une Alexandrie devenue Karachi), lui l'européen a littéralement changé la face du monde depuis plus de 2344 ans. Et la suprématie occidentale observable jusqu'à maintenant sur la planète provient de lui, personnellement. C'est par lui et en lui, que l'Occident est vraiment né, même si paradoxalement il n'a pas conquis la majeure partie de l'Europe de l'ouest, par delà la Grande Grèce italienne. Il est vrai à sa décharge qu'il la considérait comme une zone essentiellement forestière, et non comme le siège d'une grande civilisation. Ce n'est qu'à la fin de sa courte vie qu'il eût soudain des vues sur la Gaule Cisalpine et au-delà, à cause d'un fils à retrouver. Mais il mourut prématurément à 32 ans (13 juin 323 av. J.-C.), sans avoir eu le temps de conquérir l'Arabie, hormis le Golfe Persique, et de se diriger vers l'Europe à partir de Carthage (Tunis aujourd'hui).
C'est d'ailleurs un secret de Polichinelle de savoir qu'il a très probablement été empoisonné sur l'instigation d'Aristote, le méchant grincheux et l'impie d'Athènes qui rejoignit le camp du général macédonien Antipater. Or, c'est bien ce dernier qui voulut éliminer toute descendance d'Alexandre le Grand, de son vivant, mais aussi après sa mort, avec un succès incomplet d'ailleurs. Et en son temps, les Grecs ne s'y étaient pas trompés : on l'accusa plus ou moins ouvertement d'avoir été responsable de la mort du grand conquérant, lui le philosophe imberbe "au cheveu sur la langue". Et ça l'époque moderne qui aime tant gloser a voulu l'oublier.





A titre d'épilogue, un autre point important concernant Alexandre est celui de sa "divinité", en tant que "fils de Dieu". Et cela lui a peut-être finalement coûté la vie, comme ce fut également le cas de Jésus-Christ, en vain d'ailleurs. Cette comparaison entre les deux personnages peut surprendre au premier abord. Pourtant elle n'est pas faite sans raisons. Tous deux en effet, sont des dynastes ; tous deux ont historiquement et successivement été dénommés "Sauveur" ; et tous deux furent chacun à leur manière reconnus et proclamés "fils de Dieu". De plus, si Alexandre est la source de la puissance occidentale, Jésus à travers l'héritage qui nous en est parvenu, l'a affermie spirituellement pendant un peu plus de 2000 ans. Dans la Bible ou même le Coran, Alexandre le Grand est mentionné. On le représente comme Moïse avec deux petites cornes sur la tête.


Jésus quant à lui ne paraît pas avoir rejeté ni même critiqué le personnage d'Alexandre, et pour cause. Ne reprend-il pas à son tour l'idée d'un "Empire universel et fraternel de Dieu sur Terre" ? De même, la phrase "Au reste, amenez-moi ici mes ennemis, ceux qui n'ont pas voulu que je règne sur eux, et tuez les devant moi", n'est pas d'Alexandre le Grand. Elle est au contraire attribuée à un Jésus en colère, par Saint Luc dans son fameux évangile (XIX-27). Jésus était en effet furieux d'avoir été évincé du trône de David au bénéfice d'un descendant d'Hérode "l'usurpateur", par ceux qui en avaient décidé ainsi et qu'il considérait dès lors comme des traîtres. Mais il choisit finalement le royaume des Cieux, raison pour laquelle nous le connaissons. Le fait d'associer Alexandre et Jésus est crucial en ces temps de "Grande Tribulation" où tant de gens ne se sentent redevables ni envers l'un, ni envers l'autre. Et ce pourrait être là grand tort pour le futur proche, à partir de maintenant !

Wednesday, April 13, 2011

Entre la Subduction de l'Europe, le S de Vénus, et l'accident nucléaire de Fukushima : 2012 se précise déjà !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique


_______________________




Contre toute attente, et à la surprise des géographes, l'Afrique a cessé sa subduction traditionnelle sous la plaque tectonique européenne. Une inversion inattendue de ce "glissement" s'est déjà produite. Désormais, les choses vont se concentrer et se préciser, dans la Méditerranée également. Or, la subduction se caractérise systématiquement par un accroissement de la sismicité et la génération de tsunamis, que l'on appelle ses "marqueurs" en géographie. Le manteau de la Terre a glissé. Est-ce une conséquence incroyable des tremblements de terre et des tsunamis de 2004 et de 2011 qui ont eu lieu dans la zone Pacifique ? Les contours de 2012 commencent vraiment à se préciser, en secouant - au sens de plus en plus littéral - même les plus sceptiques. L'axe d'inclinaison de la terre est lui-aussi partiellement en train de changer du fait de ces ébranlements successifs et hors du commun.




Et la question de l'inversion des pôles, n'est plus qu'une question de temps (2012 justement ?), par l'effet de bascule engendré sur un plan purement physique. L'un de ses aspects déjà actuel serait que la rotation de la terre ne se ferait plus exactement en 24 heures, mais en un tout petit peu moins. Est-ce pour cette raison que la NASA s'intéresse tellement à la soeur de la Terre, Vénus, qui tourne dans le sens opposé, en étudiant les modifications surprenantes et présentes de son tourbillon polaire austral en S ? Ce regain d'intérêt semble également alimenté par la relation discrète faite entre les perturbations de ce grand S, et les soudaines fraîcheurs climatiques affectant la Terre. Dit autrement, c'est un peu comme si Vénus était parvenue à se reconnecter à sa soeur, la Terre, de façon plus permanente, et inopinément. Car les tourbillons sont selon les spécialistes, la marque même des planètes ayant une atmosphère, y compris Vénus, le "petit soleil destructeur" des Anciens...et des Mayas.




Le séisme géant du 11 mars 2011 au Japon (9,1 sur l'échelle de Richter), avait apparemment été prévu il y a plus de dix ans par un centre d'observation basé à Vladisvostok, dans l'extrême-orient russe. Mais au Japon, on n'en a pas tenu compte, sans doute parce que la zone traditionnellement secouée par des tremblements de terre de grande ampleur est plutôt celle du Kantô, plus au sud sur l'île d'Honshu (Tokyo, 1923 ; et Kobé, 1995). L'accident nucléaire de Fukushima, tel qu'on nous le montre quotidiennement, vient d'être classé par les experts japonais à 7 dans l'échelle des accidents nucléaires majeurs (le maximum). Or 7, c'est également le classement de l'accident de Tchernobyl (Ukraine, 1986). En fait, il semblerait bien qu'on aurait dû créer pour l'accident de Fukushima une échelle 8, car il n'est nullement maîtrisé à ce jour. Et il ne le sera peut-être pas avant l'orée de 2012. Mais paradoxalement, on nous annonce que les rejets irradiants dans l'atmosphère et les eaux du Pacifique (ainsi qu'en sous-sol), ne représenteraient que 10% de celui de Tchernobyl. Même avec une valeur inférieure de 10% à Tchernobyl, cela ne paraît pas possible logiquement. En outre, le nuage compact et dense de Césium de Tchernobyl n'a jamais parcouru une distance aussi incroyable que 15 000 kilomètres, quant à lui. Mais bon, il faut bien rassurer les gens même si certains, habituellement concernés par la planète, ne donnent pas l'impression de s'en inquiéter outre mesure.










On songe à tout prix nous appliquer un nouvel impôt sur le droit de vivre, autrement dénommé "taxe carbone", alors que le gaz carbonique est avant tout un composé naturel de l'air. Cette taxe viendrait alimenter le marché boursier parallèle en plein essor des "crédits carbone", les "permis de polluer". Or, le CO2 apparaît intrinsèquement inéliminable de notre atmosphère terrestre ; et c'est tant mieux pour les Humains et également pour les plantes (la photosynthèse),...ainsi que pour certains hommes d'affaires avisés - les nouveaux riches du "monde vert" -, apparemment.




A la City de Londres, il avait ainsi été calculé que le marché des crédits carbone (ETS, Emission Trading Scheme), devait atteindre 1000 milliards de dollars d'ici une dizaine d'années, et s'avérer deux fois plus profitable que le marché pétrolier, qu'il était appelé à remplacer. Les causes profondes du dérèglement climatique perdurent pourtant, qu'il s'agisse d'El Nino et de l'ONA (Oscillation Nord-Atlantique), du Soleil, et d'autres phénomènes cosmiques ou naturels que l'homme ne contrôle pas, à l'exception notable des gaz de type FCKW pour le reste. Le dogme de "la croissance finie pour un monde fini" ne serait donc pas vrai pour tout le monde, à l'orée des présidentielles de 2012 : certains, déjà fort bien pourvus personnellement, entendent ainsi proposer un capitalisme inversé appropriant, endettant, et asservissant sans le dire. Pourtant, ce dogme pourrait rencontrer inopinément une opposition vraiment réfléchie.





A l'opposé, personne ne parle du danger réel des composés et des rejets industriels azotés entre autres, non naturels quant à eux. Qui propose de les taxer vraiment ? Pas grand monde semble-t-il ! Peut-être sont-ils favorables à certaines formes de vie, mais pas à celle des Terriens - ni des Terriennes -, en tout cas. Car l'azote est particulièrement contraire à la combustion, de l'oxygène entre autres. C'est d'ailleurs la raison évidente de son utilisation à Fukushima pour éviter la grande explosion. Dans un tel cas, on attendrait plutôt de M. Hulot, candidat médiatique à la présidentielle de 2012, et ardent défenseur de l'humanité et de la nature, qu'il propose de taxer l'industrie électro-nucléaire, sur le droit de ne pas mourir prématurément !


Friday, April 8, 2011

La curieuse "nuit du 8 avril 2011" : vers une stupéfiante inversion de puissance financière entre les USA et le Canada ?

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique


_______________________




Les Etats-Unis d'Amérique sont nés d'un problème budgétaire britannique, mal résolu par le Premier Ministre du roi Georges III (1738-1820), Frédérick North (1732-1792). Il refusa d'exempter les colonies américaines de droits de douane sur le thé. C'est là l'origine de la fameuse "Tea Party" de Boston (nuit du 16 décembre 1773), où des colons déguisés en "Indiens" jettèrent à l'eau toute une cargaison de thé en provenance de la métropole britannique. Ces premiers insurgents n'avaient sans doute pas conscience de ce qui allait se jouer au-delà de cet acte I. Car il y eût ensuite la déclaration d'indépendance de Philadelphie du 4 juillet 1776. En tout cas, c'est le sentiment d'injustice des colons britanniques vis-à-vis de Londres qui a tout chamboulé pour plus de deux siècles. Nous vivons en ce moment la fin de cette ère, même si les gens feignent de ne pas s'en rendre compte. Il y a quelque chose dans l'air. Ceci étant posé, la question budgétaire qui agite en ce moment même Washington, dans une lutte effrenée entre Démocrates et Républicains - déjà plus les mêmes avec l'intrusion du curieux "Mouvement du Tea Party" justement -, peut avoir des conséquences complètement inattendues.




Le Canada historiquement a déjà joué dans le passé, un rôle de pivot et de base arrière pour la présence de la Couronne britannique sur le sol américain. La tentative de reconquête militaire des colonies insurgées et reconnues indépendantes (traité de Paris du 3 septembre 1783) a eu lieu à l'époque napoléonienne (1812-1814). Et elle a plus débouché sur une trêve que sur une vraie victoire américaine. C'est même le point de départ d'une nouvelle pénétration britannique de très longue durée sur le territoire américain. Mais celle-ci était économique et financière cette fois-ci, via les trusts et ce qu'on nomme "la Virginia Company". La Couronne britannique soutint discrètement cependant la sécession du Sud et l'avènement de la Confédération américaine (1861-1865). Pour ce qui est des Français, une majorité de combattants rejoignit les forces sudistes (60%), contre seulement 40% pour les forces nordistes. De même l'assassinat de Lincoln (14 avril 1865), juste après la victoire du Nord n'a jamais vraiment été éclairci. La pièce qui se jouait au théâtre Ford de Washington s'intitulait "Notre cousin américain". On sait juste que l'acteur de théâtre, John Wilkes Booth (1838-1865) n'avait pas agi seul, et qu'il s'agissait d'un complot "sudiste". Mais, il est difficile d'en savoir davantage, car après avoir été retrouvé dans une ferme du Nord de la Virginie ("la ferme de Garrett"), il y fut abattu par des soldats de l'Union.




En taille, le Canada est en fait nettement plus grand que les USA : 9 984 670 km2 contre 9 629 048 km2 , pour une population de seulement 34 millions d'habitants (environ 309 millions pour les USA). Le système d'"autogouvernance" mis en place par la loi du 29 mars 1982, entrée en vigueur dès le mois suivant, n'a pas rompu le lien avec la Reine, seulement avec le Parlement de Londres. La constitution canadienne écrite est donc différente de la constitution coutumière britannique. Mais le gouverneur général représente la Reine sur le sol canadien. Et tout nouveau naturalisé doit prêter serment d'allégeance à la Reine Elisabeth II (née à Londre en 1926). La coupure n'est donc pas totale contrairement à ce qu'on lit ici et là. "L'Autogouvernance" n'affecte pas son pouvoir de souveraine, bien au contraire. Ce système subtil lui permet à l'opposé de ce qui se passe au Royaume-Uni, où son pouvoir est traditionnellement auto-limité, d'exercer un pouvoir discret mais réel sur le Canada. Et il en est de même en Australie, en Nouvelle-Zélande, et dans toutes les dépendances de la Couronne.




Si la Reine reçoit le Premier Ministre britannique tous les mardis, pour qu'il lui fasse un rapport sur son administration et sur les affaires intéressant le Royaume-Uni, c'est quotidiennement qu'elle peut être informée de ce qui se passe au Canada par exemple. Car son rôle souverain de Reine du Canada, y est beaucoup plus grand via le gouverneur général basé à Ottawa, devant qui est responsable le Premier Ministre canadien. Comme ce pays, elle est totalement affranchie du poids du Parlement londonien. Et lorsque le Premier Ministre britannique lui parle, il sait qu'il a également en face de lui la Reine du Canada, la Reine d'Australie, la Reine de Nouvelle-Zélande, parmi ses seize Etats, et également le Chef du Commonwealth (un "mini-ONU" de 50 Etats), sur lesquels il n'a aucun pouvoir, mais elle si. En France, on perçoit souvent de travers son vrai rôle, entrevu à tort comme étant "d'opérette" et purement représentatif. Au contraire, aux Etats-Unis, c'est bien d'égale à égal, voire plus qu'elle s'adresse au Président des Etats-Unis. Au Royaume-Uni, elle n'en reste pas moins le Chef des Armées et des Services Secrets. Quand on parle de James Bond, créé et modelé en 1952 sur le personnage réel de son auteur qui travailla notamment pour le MI-6, Ian Fleming (1908-1964), on dit bien "espion de sa Majesté", et non "espion du Premier Ministre".




C'est dans cette perception plus royale, qui correspond mieux à la réalité des choses, qu'il faut analyser l'évolution du monde, et singulièrement de l'univers anglo-saxon. La question budgétaire taraude désormais les USA, de façon immédiate. Et nul ne sait exactement sur quoi cela va déboucher en fait. Les Etats-Unis opèrent la plus grande mutation de leur histoire, même si personne ne paraît s'en rendre compte. Ils sont un état fédéral, et à ce titre ont besoin d'argent pour pouvoir fonctionner normalement. Or c'est ce qui est directement en cause dans le bras de fer entre Barack Obama (né en 1961 à Honolulu, Hawaï, USA) et les Républicains du Congrès. Et cette fois-ci, le problème est tout ce qu'il y a de plus sérieux. Car il engage l'avenir même du pays.




Or le curieux "Mouvement du Tea Party", qui se veut un rassemblement de patriotes, et que l'on rattache aux Républicains, peut littéralement faire basculer le pays dans l'inconnu. Ce mouvement populaire contestataire rassemble tous ceux qui sont contre l'Etat fédéral et ses impôts - depuis l'élection d'Obama en 2008 -, d'où l'allusion à la "Boston Tea Party" de Samuel Adams (1722-1803). Son symbole est un serpent ouvrant sa gueule, en tirant sa langue fourchue, et qui s'avère prêt à mordre. Et sa devise "Don't tread on me !", signifie en français "Ne me marche pas dessus !" Barack Obama sera-t-il le dernier président des Etats-Unis tels qu'on les a connus jusqu'ici ? De fait, la prochaine élection du 45ème président n'aura lieu qu'en novembre 2012, et d'ici là une paralysie de l'administration fédérale pourrait s'avérer catastrophique pour le pays. Mais peut-être un compromis de dernière minute pour la fin de l'année budgétaire 2011 jusqu'au 30 septembre 2011 sera-t-il trouvé, par pragmatisme.




Harry Reid, le chef de la majorité démocrate et John Boehner, le président républicain de la Chambre des Représentants ont jusqu'à ce soir minuit, pour trouver un accord. A défaut, à 0 heure (6h demain samedi, heure française), toutes les administrations fédérales américaines, y compris les ambassades seront paralysées. Et l'on pourrait rapidement se rendre compte du poids très important de l'Administration Fédérale sur les citoyens américains, et pas uniquement en matière fiscale, sociale ou de protection de l'environnement, par son défaut soudain. Certes, les Etats ont leurs compétences et leur budgets propres, et pourront donc continuer à fonctionner en tant qu'entités autonomes, séparément en quelque sorte. Mais si cela arrive, il ne faudrait pas que ça dure trop longtemps pour éviter les tentations sécessionnistes latentes. Les mouvements de "patriotes" sont forts dans l'Oklahoma, le Texas, ou l'Arkansas (surnommé officieusement "l'Etat des dettes"l), voire là où on ne s'y attend pas comme en Virginie.






L'impact de la question budgétaire américaine sur le monde pourrait être LA source d'un grand chamboulement, y compris en cas d'accord ultime du fait des conditions posées par les Républicains. Il y a eu un "15 septembre 2008", mais la "nuit du 8 avril 2011" pourrait n'avoir rien à lui envier ! Par contre, ne nous y trompons pas une nouvelle puissance financière pourrait voir son ascension confirmée, le Royaume du Canada. Ce pays est celui qui a le mieux résisté à la crise financière du 15 septembre 2008, et ses banques sont réputées les plus solides du monde. L'ALENA (Association de Libre Echange Nord-Américaine, NAFTA en anglais), lui a d'ailleurs permis depuis 1994 une expansion de ses échanges commerciaux avec les USA de plus de 40%. A l'occasion de l'application de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l'ONU du 18 mars dernier, concernant la zone d'exclusion aérienne libyenne, le Canada était sur un pied d'égalité avec les USA, le Royaume-Uni et la France. Le Canada, avec ses sables bitumeux de l'Alberta, est déjà le plus important fournisseur de pétrole des USA, et aussi un grand fournisseur de gaz naturel. Ne contrôle-t-il pas le fameux "passage du Nord-Ouest" en train de se libérer de ses glaces du fait du changement climatique, et qui va devenir si important pour le commerce mondial de ce siècle ouvrant sur l'inconnu ?!