Saturday, December 10, 2022

Histoire Uchronique n° XV : "Ranae regem petunt" ou la surprise ratée de Robespierre !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique, Ph. D

traduit et adapté de l'anglais par lui-même

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Voici la traduction et l'adaptation en français de notre article intitulé 'Uchronic history XV : "Ranae regem petunt" or the missed surprise of Robespierre !', publié sur Global Politics and Economics le lundi 4 octobre 2021, avant les élections présidentielles de 2022.

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Il se peut que ce nouvel article d'Histoire Uchronique vous surprenne profondément, avec les détails que nous allons donner, car on ne les a jamais soulignés auparavant.

Si vous ressentez le besoin de reprendre votre souffle, vous pouvez faire une pause après chaque partie de notre récit.

Pour l'heure, asseyez-vous bien dans votre siège, et préparez-vous à découvrir les secrets les plus énigmatiques et les plus cachés de l'histoire de France !

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On peut traduire "Ranae regem petunt" par "Les grenouilles veulent un roi". Cette célèbre citation provient à l'origine de la fable 66 d'Esope. Donc initialement, elle n'a rien à voir avec la France ni le peuple français, qui n'existaient pas encore à son époque. Clovis le Mérovingien (vers 465 - 511) devint Roi des Francs Saliens de Tournai originellement (Belgique Seconde) seulement en 481 ou 482, et son étendard portait des crapauds plutôt que des grenouilles. Il était le fils de Childéric Ier (vers 436 - 481 ou 482), lui-même fils de Mérovée. La singularité de Childéric Ier , le "Roi voyant", venait de ce qu'il avait très probablement pu regagner son trône perdu grâce à l'usage fructueux de sa boule de cristal - retrouvée en 1653 dans sa tombe à Tournai. Quant à Esope (vers 620 av. J.-C. - vers 564 av. J.-C.), il avait vécu au millénaire précédent. C'était un célèbre écrivain grec de fables, natif de Phrygie (en Anatolie). Et il fut en vogue dans tout le monde romain ensuite, ce qui explique pourquoi la fable des grenouilles qui veulent un roi fut reprise par Phèdre (vers 14 av. J.-C. - 50 après J.-C.) sous la présente forme latine... ou encore longtemps après par Jean de la Fontaine (1621 - 1695).

Pourtant, le souvenir de la Phrygie devint soudainement très important sous la Révolution Française, avec le célèbre Bonnet Phrygien (un bonnet rouge). Il était présenté comme le symbole des esclaves libérés. Or durant le règne des Amazones seulement semi-mythiques, qui dominèrent autrefois l'Anatolie aussi bien que le Sud de la Russie et l'Ukraine jusqu'en 320 avant Jésus-Christ, les esclaves Gagariens mâles  - des Scythes  - étaient autorisés à porter occasionnellement ce bonnet. Ils arboraient comme elles le bonnet phrygien à l'occasion du "Festival de printemps", la saison spéciale des Amours qui durait deux mois entiers ! Mais habituellement, le sujet du bonnet phrygien révolutionnaire comme symbole hérité de l'Antiquité est présenté sous un jour différent et de manière beaucoup plus vague, et pour le moins tronquée ou édulcorée, il est vrai ! 

Maximilien de Robespierre (1758 -1794), comme les autres révolutionnaires était fortement influencé par l'histoire de l'Antiquité, et faisait souvent des citations de célèbres maximes, comme celle d'Esope à propos des grenouilles : on sait à cet égard qu'il était en contradiction avec lui-même concernant l'idée de république. Le 21 septembre 1792, deux jours après le souper diplomatique de Brunswick arrosé de diamants ayant précédé la canonnade de Valmy, s'il admit l'abolition de "la  monarchie de Louis XVI" très exactement, il refusa néanmoins de façon surprenante de proclamer la république. En discutant et en argumentant avec Georges Danton (1759 - 1794) à ce sujet, il lui répondit qu'"il ne comprenait pas ce mot"! Ils ne la proclamèrent donc pas, et après être parvenus à un compromis, ils décidèrent à la place de créer un calendrier païen débutant le 22 septembre 1792 (début de l'An I), appelé le "calendrier républicain" avec des semaines de 10 jours. L'idée fut immédiatement reprise par le "Montagnard" Jacques-Nicolas Billaud-Varenne (1756 - 1819), qui avait abandonné sa particule (Billaud de Varenne originellement). La Ière République naquit donc de façon indirecte. Et Danton, avec tous les efforts qu'il avait faits pour voler les diamants du "Garde-Meuble de la Couronne" pour le Duc de Brunswick (1735 - 1806), Chef des Prussiens lourdement endetté, suspecta Robespierre d'être un parfait hypocrite aspirant au pouvoir personnel sur le mode dynastique !


Robespierre qui avait de la suite dans les idées, avait planifié une grande surprise pour la France dans son quartier général secret de Choisy-Le-Roi, près de Paris. Elle était prévue pour le 10 Thermidor An II ! Il voulait ce jour-là faire arrêter et condamner à la guillotine tous ses opposants (ou supposés tels) à la Convention Nationale, et au Comité de Sûreté Générale...ainsi que quelques membres du Comité qu'il présidait, le Comité de Salut Public. Ceci aurait été grandement facilité par la loi liberticide de 22 Prairial An II (10 juin 1794), qu'il venait de faire voter. La liste complète en avait été dressée par son ami Louis-Antoine de Saint Just (1767 - 1794) du Comité de Salut Public, qui siégeait dans la chambre à coucher de la Reine Marie-Antoinette (1755 - 1793 ou 1834 ?) aux Tuileries.


Dans son discret quartier général de Choisy-Le-Roi, Robespierre eût aussi de secrètes rencontres avec la "Mère de Dieu", Catherine Théot (1716 - 1794), qui le considérait comme le "nouveau Messie", le Souverain Pontife de l'Etre Suprême ! Cette étrange médium l'avait initié à son nouveau culte, qui rappelait pour partie la religion de Cybèle de Phrygie justement, et pour partie la religion catholique. Il s'agissait d'un culte éminemment synthétique car elle aimait se faire appeler également la "nouvelle Eve". Et la magnifique fête de l'Etre Suprême du 20 Prairial An II (8 juin 1794), sur le Champ de Mars à Paris, était juste un avant-goût de l'ère nouvelle. Car elle avait prédit que Robespierre allait ramener "l'Age d'Or" en France...et même sur Terre ! Et il semble bien qu'il ait prononcé la célèbre sentence dérivée d'Esope à l'une de ces occasions : "Ranae regem petunt" ! Son plan, selon Vadier qui le dénonça à la tribune de la Convention Nationale le 9 Thermidor An II (27 juillet 1794), était de mettre un terme définitif à la Révolution, en instaurant une Monarchie fantoche au nom d'un Louis XVII (1785 - 1795 ou 1860 ?) temporairement installé.

En se mariant rapidement avec sa soeur, la Princesse Marie-Thérèse (1778 - 1851) qu'il gardait prisonnière à la Prison du Temple, il entrerait dans la famille Capétienne. Et avec la mort à venir de cet enfant très malade détenu dans la même Prison [qui n'était pas réellement le Dauphin, déjà sauvé secrètement en fait par le Comte de Courtenay et son assistante des Services Secrets Britanniques, Miss Barett - NDLR], il pourrait devenir le nouveau Roi de France ! Marc-Guillaume Vadier (1736 - 1828) n'hésita pas à enflammer la Convention Nationale, car il savait qu'il était parmi les premiers devant être éliminés sur la liste de Saint Just, en tant que Président du Comité de Sûreté Générale ! De plus, Robespierre qui se comportait comme un dictateur, avait protégé Catherine Théot et ses adeptes, en interdisant de les guillotiner, après que Vadier les eût faits arrêter entre temps. Vadier traitait ses ennemis de "Crapauds des Marais", avec une claire allusion aux origine Franques de la Monarchie Française, et en analogie avec les "Grenouilles" de Robespierre !


Comme beaucoup de gens le savent, Robespierre fut mis en accusation par la Convention Nationale séance tenante le 9 Thermidor An II : ce n'était vraiment pas de chance pour quelqu'un qui avait planifié un coup d'Etat pour le lendemain - son opération "Ranae" si nous lui donnions un nom de code ! Et au lieu de triompher le 10 Thermidor An II (28 juillet 1794), il fut guillotiné avec sa mâchoire rendue complètement inutilisable pour un quelconque usage. Il mourut avec son jeune frère Augustin surnommé "Bonbon", Saint Just, Georges Couthon (1755 - 1794), et ses principaux supporters. Même si la Révolution n'était pas encore totalement terminée, Thermidor est souvent considéré comme le début même de sa fin. Tout le monde se sentait libéré après ces exécutions symboliques et les langues se déliaient. Le Peuple voulait avant tout du pain et son Roi ! L'année suivante, un nouveau régime fut créé pour établir une transition et apaiser la France : le Directoire. Il fut suivi par le Consulat (1799 - 1804). Et cela mena finalement à un nouveau type de Monarchie, le Ier Empire de Napoléon Bonaparte devenu Napoléon Ier (1804 - 1814  et les "Cent Jours" en 1815). 

Durant la Restauration qui suivit (1814-1815 ~ 1815 - 1830), les frères Bourbons de Louis XVI (1754 - 1793 ?) essayèrent de rétablir durablement la Royauté traditionnelle avec certains aménagements. Et l'une des décisions les plus surprenantes de Louis XVIII (1755 - 1824) notamment, concernait Charlotte de Robespierre (1760 - 1834), la soeur de feu Maximilien de Robespierre : il lui servit une rente trimestrielle pour services rendus (lesquels ?). Il fit également faire une enquête sur Cornélia (Cornélie) de Galéan, Marquise de Janson. Il voulait savoir qui elle était exactement : la vraie Cornélia qui avait juste voulu sauver la Reine, ou bien la Reine Marie-Antoinette elle-même ayant pris son apparence, après s'être échappée de la Prison de la Conciergerie le 30 août 1793, durant l'étrange "Conspiration de l'Oeillet" attribuée à l'audacieux Baron Jean de Batz (1754 - 1822) ?  

Comme la "Marquise de Janson" qui vivait à Paris, déclara à la Police que la Reine Marie-Antoinette avait finalement abandonné l'idée d'une substitution avec elle (qui était son très évident sosie), il choisit de laisser courir. Car il avait déjà un autre problème à gérer avec un Moine Belge, qui proclamait être le vrai Louis XVI, sauvé le long du 52 rue Beauregard à Paris le matin du 21 janvier 1793, par le même Baron de Batz. Il choisit d'ignorer la divine menace de son "frère" potentiel, prédisant la chute finale de ses frères royaux qui l'avaient constamment trahi ! Mais, il reconnut néanmoins en Jean de Batz un éminent Royaliste. Et il le récompensa avec la Croix de Saint Louis, et le titre de Maréchal de France comme son lointain parent D'Artagnan (Charles de Batz - 1611~1615 - 1673) ! Le double problème dynastique et familial causé par la "Marquise de Janson" et le "Moine Noir en gris" prédit par Nostradamus (1503 - 1566) dans ses Centuries - Quatrain IX - 20 -  fut enterré et oublié dans l'intérêt supérieur de la Monarchie restaurée. Pour être précis, "Moine Noir" était une allusion de Nostradamus au fait que Louis XVI avait prévu d'abolir l'Esclavage comme "non-chrétien" dans les colonies françaises d'outre-mer - ce qui lui valut l'inimitié fatidique du "Parti des Colons". Pour Louis XVIII, son frère aîné et sa belle-soeur serait donc toujours deux épines plantées dans ses pieds endoloris !



Pour conclure, il est important de remarquer que le co-leadership révolutionnaire entre Danton et Robespierre se termina justement le 21 septembre 1792. Si le matin de ce jour Danton pouvait apparaître triomphant, les choses furent fort différentes pour lui à la fin de la journée, avec le refus de Robespierre mentionné supra. Ce dernier qui avait encore de fort principes, n'aima pas la façon déloyale utilisée par Danton pour se débarrasser de la Monarchie de Louis XVI, avec la question des diamants volés de la Couronne et l'embrouillamini de Valmy. Dès lors, à partir du 21 septembre 1792,  Robespierre put émerger comme le seul leader de la France révolutionnaire !

Robespierre était un incroyable activiste de la cause de l'Abolition de la peine de mort, depuis 1789 : il était si "incroyable", qu'il envoya un nombre incalculable de personnes à la Guillotine ! Et ceci incluait son ex-camarade Danton ainsi que son ami d'enfance du lycée Louis-Le-Grand à Paris, Camille Desmoulins (1760 - 1794). Pour mémoire, le lycée Louis-Le-Grand était le lieu-même où Robespierre avait reçu les félicitations du Roi en personne, pour ses très bons résultats d'élève-boursier ! Et Camille Desmoulins était celui-là même qui avait harangué la foule avec succès - en dépit de son bégaiement habituel - dans les jardins du Palais Royal à Paris, pour qu'elle se soulève contre le Roi après le renvoi de Necker (12 juillet 1789)...ce qui mena deux jours après à la Prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 !

En guise d'épilogue à la période post-révolutionnaire, l'avènement de Louis-Philippe, Duc d'Orléans (1773 - 1850), comme "Roi des Français" et non plus "Roi de France" en 1830, démontra la faiblesse de la Monarchie des Bourbons depuis la disparition de Louis XVI. La question de la lignée de Louis XVI fut embrouillée délibérément. De là, sa branche cousine reçut le trône pour quelques temps, du fait de la soudaine ré-implication de Gilbert du Motier, Marquis de la Fayette (1757 - 1834) !

Très étonnamment, il doit être souligné quelque chose d'habituellement non remarqué ou de passé sous silence à propos des "Trois Glorieuses" (27, 28 et 29 juillet 1830), quand Charles X fut détrôné : si vous faites attention aux dates, elles commencèrent clairement le 9 Thermidor, juste comme la chute inattendue de Robespierre ! Etait-ce par un caprice du ciel, ou en accord avec l'avertissement fatidique du "Moine Noir en gris" ?

Depuis lors, la France a toujours hésité concernant son système politique, hérité à la fois de l'époque de la Royauté et de celles de la Révolution et de l'Empire très paradoxalement. C'est pourquoi notre présent système peut apparaître comme le résultat d'une synthèse dialectique, et donc particulièrement hybride. Par conséquent, la seule trouvaille restante est la persistance de l'antique fable citée par Robespierre : "Ranae regem petunt" ("Les grenouilles veulent un roi") !

De nos jours, on peut présumément appeler ce roi un "monarque-président" sous la Constitution Gaulliste de 1958, depuis le référendum de 1962 pour son élection au suffrage universel. Et le fait est que la lutte politique pour le pouvoir suprême en France, devient soudainement très chaude lorsque les élections présidentielles approchent. C'est le temps des slogans renouvelés et de l'utopie, mais aussi du réalisme pragmatique pour éviter la dislocation irrémédiable de la base et de l'héritage Francs - dans les occurrences les plus étonnantes !