Thursday, October 1, 2020

Histoire uchronique V : De Batz - Boissy d'Anglas, une amitié négligée !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique, Ph. D
traduit et adapté de l'anglais et de l'italien par lui-même ______________________________

Voici la traduction et l'adaptation en français de notre article intitulé "Uchronic history V : De-Batz - Boissy d'Anglas, an overlooked friendship !", et "Storia u-cronaca V : De Batz - Boissy d'Anglas, una amicizia trascurata !", successivement publié en anglais et en italien sur "Global Politics and Economics", le 2 août 2019 et le 8 octobre 2019.
Comme pour d'autres de nos articles, préparez-vous à connaître de très grandes surprises !
Alors, calez-vous bien dans votre siège avant de commencer votre lecture !

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Aujourd'hui, nous allons dévoiler des éléments cruciaux sur les secrets les mieux gardés de la Révolution Française. En cette circonstance, il est important de relier le Baron Jean de Batz (1754 - 1822) à un autre homme courageux de l'époque de la Révolution, le Comte François-Antoine de Boissy d'Anglas (1756 - 1826).
Tous les deux furent députés au début de la Révolution : le premier représentait la Noblesse de Nérac (Sud-Ouest), et le second le Tiers-Etat d'Annonay (Sud-Est).
Lorsque De Batz, en tant que Président du Comité de Liquidation de la Constituante conclut qu'un certain Monsieur Sérier, administrateur de la Compagnie des Eaux de Paris devait 20 millions de livres françaises au Trésor Royal, son homologue applaudit.
Il signifiait ainsi que l'administrateur Sérier devait payer ce montant pour alléger la Dette Française. Il ne faut en effet pas oublier, que l'origine de la convocation des Etats Généraux pour mai 1789 par le Roi, était directement liée à la crise de la Dette de la France !


En janvier 1793, en tant que député de la Convention cette fois-ci, Boissy d'Anglas fut suffisamment courageux pour oser voter contre la mort du Roi Louis XVI (1754 - 1793 ?), méchamment surnommé "Louis le dernier" ("Louis the last one" en anglais, ou "Luigi l'ultimo" en italien). Et le Baron de Batz fut énormément impressionné par son incroyable bravoure, qui s'avérait si risquée en des circonstances aussi exceptionnelles.
Le Comte Boissy d'Anglas était un protestant modéré attaché à la liberté de religion.
Mais par-delà leur petite différence de religion, lui et De Batz étaient unis par les mêmes croyances en la Vraie Justice, en la Liberté de Parole, et en la Liberté dans le sens chrétien du terme.
Jean de Batz se souvenait que son ancêtre Manaud III de Batz avait sauvé en 1577, avec trois hommes, la vie d'Henri de Navarre (1553 - 1610), un protestant à cette époque, lorsqu'il entra dans la ville d'Eause (Duché d'Albret). Ceci se produisit avant que ce dernier ne fonde la dynastie des Bourbons, Rois de France et de Navarre, sous le nom d'Henri IV.
Vous connaissez déjà d'importants détails au sujet du Baron Jean de Batz, à travers nos précédents articles. Donc, vous savez qu'il lança une audacieuse opération de sauvetage du Roi avec un Sosie, le long du 52 rue Beauregard à Paris, près du Boulevard Bonne Nouvelle, et put s'échapper accompagné d'un homme à sa semblance (le Matin du 21 janvier 1793 [juste avant l'exécution officielle - NDLR]).

Mais vous ignorez que Boissy d'Anglas se demandait à juste titre, comme bien d'autres d'ailleurs, pourquoi le certificat de décès de Louis XVI, qui fut "officiellement" guillotiné face à une grand foule de témoins le 21 janvier 1793, mettait tant de temps à être délivré ?
Il savait que Robespierre (1758 - 1794), ne décolérait pas concernant l'opération risque-tout de Jean de Batz pour sauver le Roi in extremis. Celui-ci avait échoué à capturer le Baron, qu'il voyait comme un ennuyeux et empoisonnant "Scaramouche", et bien sûr son "si important protégé".
Cela montrait aussi qu'il doutait grandement avoir éliminé le vrai Louis XVI en cette journée fatidique.
Et quand le certificat de décès fut finalement dressé, presque deux mois après tout de même (!), le 18 mars 1793, pour faire taire les rumeurs croissantes de survie, sa conviction fut faite.
Concernant Robespierre, quand on sait qu'il prêchait avec ardeur l'abolition de la peine de mort en 1789, on peut vraiment se demander comment il en vint à trahir autant ses convictions que lui-même, quatre ans plus tard ?
Il est important de remarquer que François-Antoine de Boissy d'Anglas, devint membre du Comité de Salut Public un an après la chute de Robespierre durant les 9 et 10 Thermidor An II (27 et 28 juillet 1794).
Il joua lui-même un rôle dans cette lourde chute. Robespierre, son frère, et ses plus proches soutiens furent alors guillotinés.
Après Thermidor, Boissy d'Anglas fut chargé de l'approvisionnement en nourriture de Paris, et il prit la tête des Modérés de la "Plaine" (Centre).
A ce sujet, il doit être souligné que beaucoup d'historiens ne considèrent pas qu'il ait eu un fort caractère, à la différence de Robespierre par exemple, ce qui est discutable.
Quoi qu'il en soit, à l'évidence, lui au moins fut capable de survivre à une période aussi dangereuse et incertaine !

Il n'y a pas de totale certitude sur la protection, que Jean De Batz aurait reçue de Boissy d'Anglas durant la Révolution, et vice-versa.
Mais, une chose est claire cependant : aucun des deux n'aurait accepté que l'autre périsse ou qu'il lui arrive quelque chose de mal. Ils avaient une trop forte estime l'un pour l'autre, et plaçaient très haut leur amitié si discrète.
Par exemple, le 5 Prairial de l'an III (24 mai 1795), lorsque la Convention que Boissy d'Anglas présidait fut envahie par des "Sans Culottes" sanguinaires brandissant la tête du député Jean-Bertrand Féraud qu'il venaient de décapiter, il garda son calme jusqu'à la venue plutôt rapide des Sections Royalistes de la Garde Nationale.
Sous le Directoire (1795 - 1799), qu'il contribua directement à établir pour l'Apaisement de la France, Boissy d'Anglas devint un membre important du Conseil des Cinq-Cent nouvellement créé. Et il rejoignit le Club Royaliste de la Rue de Clichy à Paris juste après.
Sénateur sous l'empire de Napoléon (1769 - 1821), il devint Pair de France sous la Restauration.
Le Comte Boissy d'Anglas, dans les faits, fut plus puissant et plus influent politiquement que beaucoup d'historiens l'ont supposé. A la différence de Robespierre par exemple, il n'essaya jamais de se mettre par trop en avant.
Discrétion, Equilibre, Respect pour les gens respectueux, et Efficacité furent ses mots-clés, juste comme le Baron Jean de Batz. A l'instar de notre chanceux Baron, il "surfa" littéralement sur les hauts et bas politiques d'une période pourtant si dangereuse. Et il mourut dans son lit à l'âge de 69 ans.





En guise d'épilogue, il est important de souligner qu'un descendant de Boissy d'Anglas, qui portait le même nom, fut aussi sénateur à l'époque de la IIIème République - qui avait débuté en 1875.
Très extraordinairement, en 1910, à cause de la pétition des descendants de l'énigmatique Naundorff - alias Carl Werg (1775 - 1845) - , il dut rédiger un rapport spécial sur la Question Louis XVII pour le Sénat. Ce dernier fut publié en 1911.

Par un puissant Effet Zeigarnik avant l'heure, ce rapport donna au nouveau Boissy d'Anglas l'opportunité unique de donner son étonnant avis en tant que rapporteur officiel : le Dauphin s'était échappé de la Prison du Temple, grâce à l'implication des Britanniques (et apparemment aussi des Flamands).
Pour lui, c'était un "fait scientifique" établi. Et au-delà de la pétition de quelqu'un en particulier, c'était ce qui était le plus important.

Il ajouta, en lien avec la mémoire de son célèbre ancêtre, que la volonté de la Convention était de tuer l'enfant muet substitué, pour donner l'impression d'avoir définitivement effacé la dynastie de Louis XVI. Et personne ne semble s'être rendu compte qu'il n'appelait pas Louis XVII de cette façon, mais le "Dauphin", comme si son père était encore vivant quand il fut sauvé par les Services Secrets Britanniques et un autre Comte [le Comte de Courtenay et son assistante de toujours, la pulpeuse Miss Barett - NDLR] !

Nous espérons que vous avez pris plaisir à découvrir ces informations inattendues et secrètes sur la Révolution Française, avec de grands personnages qui furent si habiles à survivre, sans jamais renier leurs idéaux. Bien sûr, il apparaît que la Providence et la Chance étaient du côté de ces personnages valeureux.
Quoi qu'il en soit, nous vous laissons vous faire votre propre opinion à propos de ces Maîtres de la Survie, qui furent capables de rester vrais avec eux-mêmes durant une période aussi incertaine que la Révolution !