Monday, March 22, 2010

Pour la grandeur de Rome : il est temps votre sainteté !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique

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Nous ne savons s'il est confirmé que peu avant sa mort, le pape Jean-Paul II (18 mai 1920- 2 avril 2005) a effectivement désigné un français marié à une asiatique, comme cardinal secret, en raison de l'entremêlement rare de ses origines et de son ouverture au monde, pour jouer un rôle décisif en sauvant l'Eglise conformément au 3ème secret de la Vierge de Fatima (Portugal, 1917).


Mais nous pensons qu'il est temps désormais pour l'Eglise de faire un grand pas en avant : autorisez le mariage des prêtres, votre sainteté ! Vous ne trahirez pas Jésus, car Jésus n'a jamais imposé cette règle qui dérive de saint Paul qui ne l'a pas connu, et d'une lutte occidentale contre le "nicolaïsme" - mariage des prêtres - depuis longtemps obsolète (Xème et XIème siècles).


Si vous compulsez le "document Q" (de l'allemand "Quelle", source), le seul recueil de paroles qui apparemment émane directement de Jésus - présent dans les archives secrètes du Vatican - vous verrez que c'est mieux ainsi. En réalité, prophète itinérant, il ne s'est jamais posé ce genre de question, pour la bonne raison que les rabbins se mariaient à son époque (et se marient toujours d'ailleurs, selon la volonté de Dieu).


Il est temps pour le Christianisme de se réconcilier avec ses origines et d'agréger cette source "première" aux autres qu'elle n'exclut pas : les trois Evangiles Synoptiques (Marc, Luc et Mathieu) qui semblent en procéder, celui quelque peu différent de Jean, et les autres Evangiles comme ceux de Philippe et de Jacques, ou même le témoignage d'amour de Marie-Madeleine, qui n'abandonna jamais Jésus.


Il est temps votre sainteté, pour couper court au risque réel d'effondrement multinational de l'Eglise, victime d'une offensive peut être concertée, ou tout simplement due à sa forte désacralisation, via des scandales touchant les prêtres. En même temps, cela mettra un terme à la crise des vocations.

Si vous autorisez le mariage des prêtres, contre toute attente, vos détracteurs qui vous pensent "piégé" en seront pour leurs frais, complètement "babas" et médusés ! Vous créérez un "contre-choc salutaire" et resterez dans la mémoire des hommes comme l'un des plus grands papes de l'histoire, tout en restant fidèle au message du Christ lui-même et non à celui de saint Paul (Saül de Tarse), le "refondateur". Il est plus que temps votre sainteté ! Notre Eglise a besoin d'un Grand Pasteur !







Tout n'est pas parfait dans l'Eglise Catholique, mais fondamentalement c'est une religion de bonté et d'amour. Et les Humains ne sont pas de purs esprits, mais des êtres de chair et de sang inconstants, dont Jésus expulsait les démons assez fréquemment selon la "source Q".


Il est temps que Jésus Christ redevienne le personnage central de la religion qui porte son nom, en sa double qualité de prophète et de fils de Dieu, et non celui qui gêne et à qui on ne reconnaît pas le droit d'avoir eu sa propre vie ni d'avoir aimé qui il voulait. Dans sa grande cohérence, il agissait conformément à ses paroles, et si humainement qu'il touchait au divin.

Il ne faut pas oublier que ce sont Marie-Madeleine, ainsi que Marie, en le voyant chacune à leur tour "en vie" et hors de son tombeau trois jours après sa mort, qui confirment sa résurrection et également sa divinité, tout en transmettant "la bonne nouvelle".

Quant à sa mère qui l'a tant aimé, Marie, notre Sainte Vierge, il est important de rappeler qu'elle-même est née de "l'immaculée conception d'Anna", qui reçut avant elle la visite de l'Archange Gabriel, l'envoyé de Dieu.

Il est temps pour les fidèles de savoir que comme son mari Joseph le charpentier - ils étaient tous deux issus de la lignée du roi David -, Marie alors appelée Myriam a dû travailler dur pour élever Jésus et ses benjamins en tant que coiffeuse et parfumeuse (tout comme l'était Marie-Madeleine d'ailleurs). Il n'y a rien de mal à le savoir, même si beaucoup l'ignorent encore.

Pour la propagation d'un message mieux compris, il est grand temps que la personnalité rayonnante, charismatique et chaleureuse de Jésus soit mieux connue de tous et de toutes. Car il s'intéressait à tous et à toutes, même s'il pouvait avoir parfois des mouvements d'humeur face au pêché d'ignorance, à la bêtise crasse, à la méchanceté gratuite, et à l'injustice des Pharisiens.




La religion catholique romaine représente toujours un immense espoir pour beaucoup de gens, face aux assauts débridés et pervers de certaines sectes apparemment réincarnationnistes, mais dont le vrai fondement est animiste : leurs pratiques plutôt "spirites" liées à la révérence des âmes des ancêtres, à l'instar des Dieux Mânes (DM) des anciens Romains, vont souvent bien au-delà de cela.


Ces personnes agissent comme "des vampires de l'âme" en se nourrissant ou en cherchant à se nourrir du malheur des autres, quitte à l'accentuer, tout en se croyant elles-mêmes - fort naïvement - à l'abri d'un redoutable effet boomerang d'origine divine.


Certains utilisent la religion ou plutôt le biais sectaire dans un but inacceptable de pouvoir et de domination, en se moquant éperdument de la puissance de Dieu, auquel dans leur fors intérieur ils ne croient absolument pas.


Et l'on a ces soit-disant "révérends" (en fait athées) avec leur préchi-précha insipide, tantôt monocorde tantôt puissamment assertif qui bloque le lobe occipital, et donc tout sens critique et toute possibilité de choix. On est dans la tartufferie la plus complète.


Ce type de sectes qui pullule, prône mielleusement la paix et l'harmonie mondiale, tout en aiguisant son épée pour le moment où il faudra la sortir de son fourreau. Car en sous-main, il vise à la conquête hégémonique en attisant la discorde, et en méprisant les faibles, les malades ou les personnes affligées - utilisées comme de simples faire valoir -, avec insensibilité, indifférence et parfois cruauté (loi Abou-Picard ?).

Sont-ce des âmes égarées ? En tout cas leurs pratiques essentiellement "spirites" en fait, sont un "vrai cancer de l'âme". Et ne pouvant s'aider elles-mêmes, elles ne risquent pas d'aider les autres. Aussi bien, pour contenir ces gens qui avancent "masqués", il est indispensable que l'Eglise Catholique soit préservée et sauvée : cela ne nécessite finalement qu'un retour aux sources christiques, et aussi de la vigilance pour ce qui est du dialogue inter-religieux d'Assise (Italie).





Toutes les contradictions de l'histoire du Christianisme peuvent finalement être résolues par la conciliation et la réconciliation des opposés. Il est temps votre sainteté ! Vous-seul pouvez le faire pour le bien de l'humanité toute entière. Il y va de la pérennité même du double message du Christ, simple et lumineux, mais toujours si mal compris par les hommes et les femmes de la Terre : l'amour et la possibilité d'une rédemption.

De même la religion catholique doit accepter plus facilement les conversions et le baptême, qui ne doivent pas être des labyrinthes religieux décourageant les bonnes volontés, mais la finalité d'un parcours spirituel pour de nouveaux fidèles prêts à se dévouer.

Car au bout du compte, on n'est rien si l'on a jamais aimé, et l'on est tout si on aime ou si l'on a aimé, même si l'on n'est pas toujours accepté.

Plus fatalistes, les tenants des nouvelles religions nippones diraient : "shigata ga naï !" (il n'y a rien à y faire !).

Jésus qui ne fut pas accepté en son temps, aurait sans doute le même problème s'il revenait aujourd'hui : il ne serait guère plus accepté. Rien n'aurait changé et tout serait à refaire, mais avec une "rédemption à accès plus restreint" cette fois-ci, pour éviter la même conclusion. Dès lors, pour être sauvé, il faudrait être "sauvable" cette fois ultime, ou c'est lui qui n'accepterait pas autrement, car les choses doivent enfin changer pour la gloire de Dieu !

Friday, March 12, 2010

Quelle capitale pour la Grande Russie du XXIème siècle : Moscou ou Saint Pétersbourg ?

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique
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La question de la capitale de la Russie semble anecdotique, et pourtant elle symbolise à elle-seule tout le dilemme russe à propos de Moscou ou de Saint Pétersbourg : se développer par soi-même en se recentrant sur son traditionnel rôle eurasiatique, pour la première, ou au contraire utiliser sa fenêtre sur l'Europe, créée par le Tsar Pierre le Grand (1672-1725), en une zone du Golfe de Finlande conquise sur la Suède, pour s'ouvrir davantage à l'Union Européenne et à l'Occident tout entier, pour la seconde ?

On voit à quel point la géographie et la géopolitique vont déterminer l'avenir de ce grand pays. La Russie s'engage-t-elle dans une conception géographique volontariste pour s'intégrer à un monde plus ouvert, y compris pour ce qui est de la géographie humaine, ou au contraire demeure-t-elle soumise au déterminisme géopolitique d"un "Hartland" à la Mackinder ?

Le choix n'est pas neutre du fait des tensions inévitables qu'il suppose, mais surtout du véritable sursaut russe dont il est porteur, avec la question renouvelée de la Renaissance étonnante de la Grande Russie au XXIème siècle, en une période où l'on commençait à compter un peu trop vite sans elle, et sans l'invisible puissance qui gouverne les grands destins. Car la structure du monde nouveau n'est pas encore totalement fixée, même si elle ne s'accommodera plus des mesquins et des mesquines à la destinée "frontale".



Moscou, que traverse la Moskova, est la plus grande agglomération d'Europe : elle représente à elle-seule 25% du PIB de toute la Russie, et 10,4% de la population (14,74 millions d'habitants). C'est une réalité économique incontournable qui va s'accentuer avec le développement de "Moskva City", son nouveau centre d'affaires ultra-moderne surnommé "le Manhattan de Moscou" à cause de ses quinze gratte-ciel. La tour de Russie de Norman Foster doit dès cette année être le plus haut immeuble de toute l'Europe (600 m).

Moscou est d'ailleurs devenue la ville la plus chère au monde en 2006, du fait de l'envolée des prix de l'immobilier. Une grande partie de ses appartements restent encore "assignés" en fonction de la taille des familles, comme à l'époque soviétique, c'est-à-dire que les gens n'y sont ni propriétaires ni locataires, et ne paient que les taxes sur les fluides. Mais depuis 1990, une autre partie a été rachetée pour une somme souvent symbolique initialement, grâce à la possibilité de "privatisation" offerte aux familles - auparavant seules les datchas étaient propriétés privées . Enfin, une dernière partie de ces immeubles rachetés est louée, pour des montants qui ne cessent de grimper. Et ce système concerne peu ou prou toute la Russie.

Mais on ne peut pas parler de Moscou sans évoquer la Place Rouge, et bien sûr le Kremlin (gigantesque "citadelle de la ville" et ville dans la ville), construit au XIVème siècle pour se protéger des attaques des célèbres Tatars : avec son imposante forme triangulaire et ses immenses murs rouges abritant l'église de l'Annonciation, la Cathédrale de l'Assomption et des palais, il domine le fleuve Moskova dont la capitale tire son nom. L'histoire fait pour la première fois mention de Moscou ("Moskov") en 1147, à l'occasion de la fameuse rencontre des Princes Iouri Dolgorouki et Sviatoslav Olgovitch de Novgorod-Severski.



Saint Pétersbourg quant à elle est située à l'embouchure de la Néva, et peuplée de 4,7 millions d'habitants pour une superficie plus grande que celle de Moscou, 1439 km2 contre 1081 (rappelons que Paris intra muros ne fait que 105 km2). C'est essentiellement une capitale culturelle et touristique, au rôle industriel et scientifique majeur, bien que Moscou dispose également d'attraits semblables.

Saint Pétersbourg rappelle profondément l'apogée des Tsars, puisqu'ils y régnèrent sur la Russie ou plutôt sur "toutes les Russies" de 1712 à 1728 et de 1730 à 1917, soit de Pierre le Grand au malheureux Nicolas II (1868-1918), qui était également roi de Pologne et grand-duc de Finlande.

Un spécialiste de l'histoire économique de Harvard d'origine russe, Alexander Gershenkron, qui émigra aux Etats-Unis en 1939, a pu considérer ainsi dans un ouvrage surprenant intitulé "Europe in the russian mirror : four lectures in economic history" * (publié en 1970 et réédité en 2008), que sans la révolution russe, l'industrialisation poussée de la Russie sous Nicolas II aurait hissé son pays d'origine devant les USA. La disparition tragique du régime tsariste et de Nicolas II avec quasiment toute sa famille a donc changé brutalement le cours de l'histoire mondiale.

Saint Pétersbourg est dénommée la "capitale du nord" par les Russes. Et les Européens qu'elle fascine toujours l'appellent la "Venise du Nord", du fait de ses nombreuses îles reliées entre elles par des ponts et d'immenses canaux, et également du fait de la beauté majestueuse de ses palais. Elle fut renommée successivement Petrograd en 1914 pour faire moins allemande durant la 1ère Guerre Mondiale, Léningrad en 1924, et à nouveau Saint Pétersbourg en 1991.



La façon dont les Russes perçoivent les deux capitales rivales dont une seule, Moscou, a officiellement ce statut depuis le 12 mars 1918, est très indicative : l'élitisme intellectuel et le "snobisme" de la ville fondée par Pierre le Grand, notables dans l'intonation même de ses habitants s'opposerait au caractère plus profond, plus traditionnel et moins cosmopolite de la capitale moscovite, qui est pourtant le siège de nombreuses sociétés étrangères. D'ailleurs, ce que l'une fait, l'autre a tendance à l'imiter par mimétisme rival.

L'une serait la marque d'une Russie à la traîne de l'Europe, Saint Pétersbourg, et l'autre, Moscou, d'un pays plus centré sur lui-même, plus enraciné dans les conceptions russes, et par conséquent plus indépendant vis-à-vis du reste du monde.

La clef du problème ne serait-elle pas dans une modulation de ces conceptions définitives un peu trop tranchées vues de France ? Car pour un français, Saint Pétersbourg aussi bien que Moscou symbolisent la puissance et le rayonnement de la Grande Russie, du passé impérial ou soviétique certes, mais surtout de ce début de XXIème siècle.

Que l'on pense aux ballets du Kirov ou du Bolchoï, les deux théâtres jouissent de la même aura de prestige artistique !





La Russie est un acteur majeur des relations internationales, pas seulement sur un plan politique (avec son droit de veto à l'ONU), militaire ou spatial, mais également dans le domaine économique. Son futur dépend de ce nouvel essor, qui seul assurera à sa population un bon niveau de vie.

Le point fort de l'économie russe est également parfois son point faible : l'importance de ses immenses ressources énergétiques (gaz naturel et pétrole notamment, dont elle est respectivement 1er et 2ème producteur mondial) est primordiale, d'où les désagréments inattendus causés par les "effets de ciseaux" sur leurs prix découplés en 2009, qui résultaient des énormes stocks de gaz naturel constitués par les USA.

Si la Russie ne faisait que se recentrer sur elle-même, elle ne mettrait pas en valeur la chance unique qui est désormais la sienne de devenir également une grande puissance transformatrice et exportatrice, à l'instar de l'Allemagne et du Japon - qui lui au contraire a peu de ressources naturelles et doit presque tout importer.

Les exemples allemand et nippon ne sont pas choisis au hasard, mais en tenant compte de leur importance dans l'industrie automobile en particulier. En clair, malgré l'échec décevant de l'automne 2009 du rachat d'Opel (USA et Allemagne) par la Sberbank russe et l'équimentier canadien Magna, fruit du choix modifié d'un General Motors entre temps renfloué, la Russie pourrait, comme le fait la Chine, acheter une autre grande marque automobile.

Rappelons que c'est justement le constat officieux de l'ascension de ces trois pays, Japon, Allemagne et Chine, qui ont successivement doublé économiquement l'URSS, qui fut à l'origine de l'ascension au pouvoir le 11 mars 1985 de Mikhaïl Gorbatchev (né à Privolnoïe, près de Stavropol ) : il mit en oeuvre la politique de Perestroïka" (reconstruction, restructuration) et de "Glasnost" (transparence) pour tenter de sauver l'URSS, mais dût démissionner le 25 décembre 1991, face au triomphe de Boris Eltsine (né en à Boutka en 1931, près de Sverdlovsk, et décédé en 2007) .




Le grand choc du 15 septembre 2008 a peut-être finalement aiguillonné la Russie. Elle a tenu bon face à cette adversité. Certes, son PIB s'est contracté de l'ordre de 8,9 % en 2009, mais son économie est en train de repartir de plus belle. Et elle a retrouvé les chemins de sa croissance et de son ascension un moment stoppées.
La bourse de Moscou qui avait chuté de 70% en septembre 2008 au coeur de cette très grave crise financière mondiale - il avait même fallu la fermer quelques jours par mesure de sécurité - a repris des couleurs : elle a rebondi de 160% actuellement.

Et la Russie peut poursuivre ses efforts pour devenir une puissance économique européenne et mondiale ultra-moderne. Ainsi elle pourra savourer la joie du chemin accompli, des résultats positifs obtenus et de bénéfices engrangés à la manière russe, c'est-à-dire sans parcimonie et avec panache.

Malgré la disparition de l'URSS le 25 décembre 1991, la Russie n'a pas perdu son statut de superpuissance : avec le temps, elle l'a au contraire regagné. En outre, grâce à la CEI (Communauté des Etats Indépendants, créée opportunément le 8 décembre 1991 par le traité de Minsk) et à l'OCS (Organisation de Coopération de Shangaï, instaurée les 14 et 15 juin 2001), elle a maintenu son poids historique hérité des Tsars et de l'Union Soviétique sur environ 85% des territoires de l'ancienne URSS. Elle a ainsi pu profiter de sa "masse critique" au sens géopolitique du terme (les 17 075 400 km2 qui en font l'Etat le plus immense de la Terre).

Par ailleurs, ses relations avec l'Ukraine (berceau historique de la première capitale russe, Kiev) et les pays baltes, comme la Lituanie indépendante (1990), sont en train de se stabiliser beaucoup plus favorablement désormais. Rappelons que l'Ukraine a toujours le statut de participant à la CEI, même si elle n'a pas ratifié la charte fondatrice. Et soulignons que la nouvelle équipe dirigeant de Lituanie, membre de l'Union Européenne depuis 2004, fait des gestes d'ouverture à la Russie, qui accueille favorablement ce tout récent changement.

Un autre contentieux qui remonte à 1945, pourrait se régler par un compromis équitable avec le Japon - dans le cadre plus large de la mise en valeur des riches ressources du Kamtchatka, en énergie notamment : celui du sort futur des îles Kouriles. Mais il nécessite que le Japon ne se referme pas systématiquement à la négociation comme une huître, en jouant d'un attentisme "bloquant" définitivement défavorable, et qui pourrait lui faire rater une occasion unique à incidence économique assez forte.



Un autre défi majeur est celui de la démographie en chute libre : depuis la décennie 1990, la population russe, concentrée très majoritairement en Europe, diminue clairement. De 1989 à fin 2009, elle est passée de 147,8 à 141,7 millions d'habitants. Toutefois, il faut préciser que 25 millions de russes vivent dans les ex-républiques soviétiques. L'essentiel de la déperdition de population à l'intérieur de la Russie est dû à un taux de mortalité croissant (15 pour mille), et à un taux de natalité trop faible (9 pour mille).

Chez les hommes en âge de travailler l'espérance de vie se situe à 53,48 ans seulement, contre 61 ans pour les femmes. Notons cependant que Moscou est une exception, puisqu'elle a une démographie positive quant à elle. Mais globalement, la population de la Fédération de Russie pourrait tomber d'ici 2050 à 101,9 millions d'habitants (hypothèse haute), voire à 77,2 millions d'habitants (hypothèse basse). On prévoit par exemple que d'ici 2015, soit dans cinq ans seulement, le nombre des 15-24 ans aura diminué de moitié.

A titre de comparaison, la France, championne d'Europe de la fécondité, qui a maintenant 64 millions d'habitants, pourrait talonner la Russie démographiquement, et éventuellement la doubler avec une projection à 90 millions d'habitants en 2050 - sous réserve toutefois d'un présupposé de linéarité dans un univers mathématique stable, assez étanche, et dépourvu de hasard incident.

En l'an 2000, Vladimir Poutine (né à Léningrad en 1952), alors devenu président de la Fédération de Russie a estimé que la survie de la nation était menacée par le problème démographique. Et des mesures ont été prises pour essayer d'enrayer ce phénomène. Ainsi la Russie octroie-t-elle une prime à la naissance du 2ème enfant de 300 000 roubles (soit environ 7000 Euros). Mais il s'agit d'un effort national qui engage la durée pour faire remonter le taux de fécondité au-delà d'1,3, et au moins à 1,8.

Aussi bien, depuis le mois de janvier 2010, le Président Dmitri Medvedev (né à Léningrad en 1965) étudie-t-il pragmatiquement la triple proposition de Vladimir Jirinowski (né à Alma-Ata en 1946, Kazakhstan), le leader ultra-nationaliste : ce dernier suggère une autre prime, dès le 1er enfant celle-là de 100 000 roubles (environ 2350 Euros), l'aide aux familles sans enfants au nombre de 6 millions qui permettrait peut-être aux hommes dont la santé est altérée par la "pollution" d'avoir un enfant, et ...l'autorisation pour un homme d'avoir simultanément une deuxième épouse !

Une autre piste non envisagée pour l'instant par la Russie pour le maintien de sa puissance démographique, et de son expansion économique, pourrait tout simplement être le recours aux mariages mixtes, dans le cadre de l'immigration, qu'elle soit européenne ou asiatique, puisque la Russie est eurasiatique.
Mais là, on serait plus dans le cadre d'une politique "à la Alexandre le Grand" (356-323 av. J.-C.), qui serait peut-être plus difficilement acceptée, bien que la culture russe soit suffisamment forte pour jouer un effet assimilateur ou intégrateur.

Rappelons toutefois, qu'elle fut en partie pratiquée, mais surtout pour des raisons de développement économique par Catherine II (1729-1796), afin de mettre en valeur et d'exploiter les rives de la Volga, avec des immigrants allemands, car elle était elle-même d'origine allemande.
Pourtant, si une telle orientation officielle était prise, même expérimentalement, cela permettrait de faire baisser les tensions entre communautés et aux frontières de la Fédération, ainsi que de transformer la Russie en un "nouvel Eden" - et pas uniquement pour les milliardaires.

La Grande Russie du XXIème siècle aurait ainsi la fierté de devenir un paradigme inattendu pour le monde, un peu dans l'esprit de ce que rêvait Michel Romanov (1596-1645), le Tsar élu que les Russes sont allés chercher au monastère Ipatiev de Kostroma pour être couronné le 11 juillet 1613 à Moscou. Très influencé par la religion orthodoxe et s'intéressant assez peu aux affaires politiques, il considérait Moscou, comme la "Troisième Rome", et voulait donner toute son importance à la justesse et à la beauté du fond de l'âme (oumilénie).

Aujourd'hui la région économique de la Volga intègre aussi l'ancien Khanat musulman de la légendaire Kazan, conquis en 1552, et devenu l'actuel "Tatarstan" ou "pays des Tatars". Cette république de 68 000 km2 pour 3 779 000 habitants dont environ 53% de Tatars seulement, est très riche en pétrole (ses puits sont les plus productifs du second Bakou) : elle possède une très forte autonomie, a la particularité d'être à la fois membre de la Fédération de Russie et membre fondateur de la CEI, et a même des représentations plénipotentiaires à l'étranger - à Paris, notamment.




Quand j'étais enfant, mon premier contact avec la culture russe, s'établit à travers une pièce de Dostoïevsky (né à Moscou en 1821- mort à Saint Pétersbourg en 1881) : des artistes étaient venus interpréter "les frère Karamazov" dans l'humble village poitevin où j'allais à l'école primaire, près de Neuville-de-Poitou (aux abords de laquelle a depuis été édifié le "Futuroscope"). Tout le monde était si joyeux de voir les costumes traditionnels, et également la beauté des femmes russes qui accompagnaient la petite troupe.

A la même époque, j'avais été passer mes vacances dans mon Aquitaine natale, et à la fin d'un repas ma marraine, France, qui savait que j'étais gourmand, me donna le choix entre un éclair et une religieuse, toutes deux au chocolat. Or j'aimais les deux gateaux de façon égale, et le choix était cornélien. Je n'ai pas hésité très longtemps : guidé par ma gourmandise et ma candeur enfantine, j'ai spontanément demandé à France si je ne pouvais pas avoir les deux ? Interloquée et amusée par ma réponse inattendue et fort subtile à ce si petit âge - j'avais quand même plus de 7 ans -, elle me donna de bon coeur l'éclair et la religieuse au chocolat.

Alors, Moscou ou Saint Pétersbourg, comme capitale de la Grande Russie du XXIème siècle ? En fait, d'une certaine manière, les deux ! Rien n'empêche à la Russie de s'ouvrir davantage au monde pour son plus grand bénéfice et son expansion économique, tout en renforçant et en mettant en valeur le coeur de sa puissance géopolitique eurasienne. Les deux options ne sont pas réellement opposées : elles sont mêmes fort compatibles si on les fusionne.

L'illustre Pythagore (vers 580 - 497 ou 494 av. J.-C.) si admiré en Russie, considérait le chiffre 2 comme l'expression de la force vitale et magnétique qui anime un organisme quel qu'il soit. Et il croyait, comme Jésus après lui, en la puissance du Verbe créateur (le "Logos", en grec).



* "L'Europe dans le miroir russe : quatre cours d'histoire économique".

Monday, March 8, 2010

une société de l'asservissement panoptique : voulons-nous vivre dans un monde de "rats" ?

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique
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L'asservissement panoptique est un procédé aussi vieux que le monde, et il peut se passer de satellites, même s'il s'en sert parfois.
Il vise à contrôler, contraindre, entraver et asservir autrui par la surveillance visuelle, quasiment en continu et si possible de manière maladroite. Et il est fondé sur une fausse éthique ou même un mépris total de toute morale, et bien entendu des libertés fondamentales qu'il foule rageusement au pied.
Il se connecte très souvent à un maillage très serré par quartier, vieille méthode issue du Moyen-Age, notamment en France. Il n'est donc nullement l'apanage des dictatures ou oligarchies identifiées comme telles.
Quelle est la légitimité de cette méthode ? Très franchement aucune, sinon à la base, un besoin et un souci maladif de l'autre. Car il faut franchement n'avoir rien d'autre à faire pour la pratiquer jour après jour.


Au travail, on peut considérer que les personnes dont ce n'est pas le métier et qui passent leur temps à faire ça, pour elles-mêmes, mais le plus souvent sur ordre, volent littéralement ce temps sur leur temps de travail non effectif. Peut-être tout simplement, leur vrai travail les ennuie-elles, ou le méprisent-elles profondément, pour avoir un besoin irrépressible de ce dérivatif facile, peu honorable et glauque.
Et la pause-cigarette ou "crapottage" prolongée sera souvent l'occasion rêvée d'accomplir cette "fonction" moucharde miteuse. Il faut cependant dire qu'il peut y avoir des "heures sup'" après le travail ou les jours non ouvrables, pour ces personnes qui n'ont aucune vie personnelle ou la trouvent si vide et inutile.
Mais au royaume de la punaise et du cafard, rien n'est trop laid, pour survivre de façon "blafarde".


Cette société sans âme est l'héritière de celle des sombres années 40, où entre deux et trois millions de "bons français ou de bonnes françaises" dénonçèrent allègrement les compatriotes qui avaient l'insigne malheur de les côtoyer ou de les connaître.
Impuissantes dans leur vie, ces personnes ont des pulsions de "tueuses ou de prédatrices de l'ombre", même si le plus souvent elles sont particulièrement visibles à la lueur du soleil : tout le monde ne peut pas être doué.
Cachées dans les angles morts, elles ont des destins de "coins de rue", car elles affectionnent les carrefours, telle la cruelle Hécate à triple tête de lion, de chien et de jument sur un corps de femme de l'antiquité grecque.


Elles souffrent d'"espionnite aiguë" toutes ces personnes qui ne seront jamais Octopussy, ni James Bond.
Et l'on se plaît parfois à rêver d'un vrai retour de la Guerre Froide, "façon" John le Carré, pour qu'elles aient enfin à prendre quelques risques, et à frémir un peu dans leur activité malsaine, ou en allant se coucher.
Car nous vivons malheureusement tous dans une société profondément grincheuse et malade, à la "Tatie Danielle". L'excès de sécurité provoque souvent la plus grande insécurité, un malaise diffus mais non moins réel, et un stress volcanique à provoquer des chaînes d'infarctus du myocarde.


Cette fausse société de la performance pourrit et gâte tout ce qu'elle touche. Elle cherche pernicieusement à "délégitimer" les droits de chacun en nous opposant les uns aux autres. Elle est délétère, sans espoir, et sans avenir.
Son leitmotiv réel est la ségrégation masquée derrière les mots doubles de la "langue de coton", ou les paroles brutales et trompeuses des adeptes du "parler vrai" !
Elle débouche sur l'"apartheid" douloureux et démentiel subi par une partie grandissante de la population, et ce quelle que soit son origine, sa religion, sa couleur, ou même ce qui est de plus en plus "toqué", sa classe sociale quelle qu'elle soit - tant on a tendance à baigner dans un absurde monde de "rats".


Peut-on décemment souhaiter que ce type de société perdure ?
Non, il ne saurait en être question ! Pouah, quelle horreur !
Quelqu'un doit enfin avoir le courage de dire "stop !", et de proclamer souverainement que c'est terminé désormais !
Car cette société "qui marche sur la tête" doit irrémédiablement disparaître, pour laisser place à quelque chose de meilleur, de plus équilibré et de plus sain. C'est l'intérêt de tous et de toutes.
Il y en a marre de cette société de médiocres où les plus minables se font passer pour des "anti-héros" ou des "anti-héroïnes", et squattent les meilleures places, parce qu'ils sont des adeptes de la "peau de banane" sur laquelle ils glissent parfois eux-mêmes inopinément.
Ils ne sont tout simplement rien, point : décidons-le une bonne fois tous ensemble, par Saint Denis et par Saint Jean !

Thursday, March 4, 2010

Eloge d'une solitude finalement acceptée : sur un fleuve étincelant de sérénité malgré tout !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique
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Perdre un être cher, c'est également perdre une partie de soi-même.
On y est souvent attaché au-delà même de ce qu'on aurait pu concevoir, par delà le temps et l'espace. Mais ce n'est pas si surprenant, dès l'instant où on l'avait pressenti au premier regard.
Tout le monde n'a pas la chance d'avoir rencontré son âme-soeur en cette vie. Et quand on a eu cet incroyable don de Dieu, ou des dieux, on sait en apprécier toutes les saveurs, grâce à la puissance d'évocation des souvenirs. Il est difficile d'expliquer cela aux partisans de la "Bobo life" (vie bourgeoise), tenants d'une vie de "posture" préécrite, quelque peu "m'as tu vu ?", politiquement correcte et "friquée", eux les "futur(e)s oublié(e)s" de l'histoire.
Mais ce n'est que justice, puisque ces gens pensent à tort, de façon un peu hâtive, que personne n'est irremplaçable. Or sans s'en rendre compte, ils se contemplent dans un miroir usé, en citant à l'envi et hors de son contexte parlementaire la phrase de Georges Clémenceau (1841-1929), devenue "un lieu commun".

Pour paraphraser Bouddha (VIème siècle av. J.-C.), autant il est dur de vivre sans ceux ou celles qu'on a aimés, autant il est préférable de ne pas choisir de vivre avec ceux ou celles que l'on n'aime pas. On évite ainsi de faire des efforts vains et de se rendre malheureux pour une personne égoïste, froide et distante, ou encore toujours absente ou "indisponible" quand nous avons besoin d'elle.
Et surtout, on finit par se rendre compte qu'il est tout de même possible de réédifier son bonheur sur le souvenir des merveilleux instants restés intacts dans notre esprit. En même temps, on peut rendre un hommage renouvelé à une personne qui le méritait vraiment, et dont on peut parfois arriver à sentir la présence amicale.
De cette manière, l'amour que nous avons éprouvé peut traverser le néant et s'imposer à lui, pour acquérir une dimension d'éternité. Il devient alors un trésor intime dont nul(le) ne peut nous priver, parce que totalement immatériel et impalpable. Ainsi, notre être n'est plus jamais seul, et ne passe pas à côté d'un bonheur serein sans le voir.

C'est mille fois mieux que d'avoir à supporter une nouvelle personne lunatique qui ne sait rien faire de ses dix doigts, et se donne des faux airs d'intellectuelle, comme on en trouve tant ici. On voit tellement de ces personnes "précocement âgées", dont certaines commencent à avoir des cheveux blancs à 25 ou 26 ans - et les maux qui vont avec !
Elles hésitent sur tout, parce qu'elles ne peuvent se référer à rien de solide. Il leur faut "dix ans" pour prendre une décision et s'y tenir.
Et elles ne sont même pas sûres d'avoir pris la bonne, tant elles sont ballotées par les attentes de la famille, de leur entourage qui ne veut soit-disant que leur bien, ou encore d'"unetelle" ou d"'untel", en émettant les grands "Pffou ! Pffou!..." d'un insoutenable effort. Car l'aspiration à la "Bobo life", peut plus ou moins rapidement se transformer en une vie de carcan étouffante : l'exténuante "Pffou!!! life".

Si elles devaient assurer la renaissance quotidienne du soleil, comme Eôs (la déesse de l'Aurore) aux doigts de rose, dans la mythologie religieuse grecque, il y aurait un risque pour l'humanité de rester plongée dans le noir plus que nécessaire.
Eôs, fille du Titan Hypérion et de la Titanide Théia, était en effet la soeur d'Hélios (le Soleil) et de Séléné (la Lune ), selon la "Théogonie" d'Hésiode datant de 371 avant Jésus-Christ. Elle s'était attirée la colère d'Aphrodite (Vénus), parce qu'elle avait dormi avec Arès (Mars).
Bien qu'elle fut mariée à Astraeos, elle fit de nombreuses conquêtes amoureuses. Et après avoir connu Ganymède (le Verseau), elle s'amouracha de Tithonos - ou Tithon -, le fameux prince royal de Troie qui fonda par la suite la ville de Suse en Assyrie, devenue notamment célèbre pour ses mariages mixtes alexandrins.

Il est dit que la belle Eôs, après sa course quotidienne pour ramener le soleil sur le monde, était pressée lorsqu'arrivait le crépuscule, de venir s'allonger et se blottir auprès de Tithon, bien que sa barbe ait blanchi. Et elle restait près de lui jusqu'au petit matin désolée de devoir repartir pour accomplir son devoir en tant que l'"Aurore".
Elle est souvent représentée sur des vases grecs poursuivant de ses assiduités et de son désir Tithon, "le rhapsodiste" de la lyre, qui semble curieusement réticent. Cela ne les empêcha pas, à dire vrai, d'avoir deux enfants (des garçons), Aemathion et Memnon.

Monday, March 1, 2010

Thalestris, la Royale Amazone, et Alexandre, le Macédonien Invincible II : retour vers un futur improbable !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique

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Que pourrait faire de nos jours, Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.), s'il lui était possible de revenir d'entre les morts ?
Resterait-il le macédonien invincible, ou sombrerait-il dans l'oubli de la banalité ambiante ? Pourrait-il faire le pont entre l'Occident et l'Orient pour établir une paix durable et juste en Afghanistan et en Iraq (sur lesquels il régna), ou permettre d'établir enfin un dialogue qui ne soit pas "de sourds" avec l'Iran (dont il a été le Shah) ?
En tout cas, il est probable qu'il retrouverait intacte l'admiration, mêlée de fascination, de ces peuples qui célèbrent encore la mémoire du grand "Iskander".
Alexandre, le disciple d'Aristote "le stagirite" (384-322 av. J.-C.), son précepteur, ne serait sans doute pas complètement dépassé par la modernité. Lui qui fut à la pointe du progrès de son temps, avec ses géographes de campagnes, et se montra un précurseur de l'ouverture aux autres cultures (il se maria avec Roxanne - "la lumineuse" - de Sogdiane selon les rites perses), par le biais de sa politique de tolérance religieuse et de mariages mixtes, pourrait se trouver fort à l'aise en notre temps.
N'oublions pas qu'il fit rayonner la culture grecque sur le monde plus par la fusion, l'acceptation et le ralliement que par la simple soumission, comme jamais personne avant lui ni même après lui !


Dans un précédent article du 29 janvier 2010, nous avons renouvelé la question inédite de la rencontre amoureuse de Thalestris, dernière reine des Amazones, et d'Alexandre le Grand en Hyrcanie (330 av. J.-C.), notamment rapportée par le grand historien romain du Ier siècle avant Jésus Christ, Quintus Curtius.
Nous avons incidemment abordé la question de la survivance de sa descendance. Précisons ici que son fils posthume, Alexandre Aigos né en 323 avant Jésus Christ, et qui devint l'éphémère Alexandre IV de Macédoine, fut mis à mort à Amphipolis (cité grecque de Macédoine orientale) avec sa mère Roxanne sur ordre de Cassandre de Macédoine, fils du général Antipater, douze ans plus tard. Et l'existence cachée des faux jumeaux de Thalestris, sonnait comme un demi-échec pour la politique d'élimination systématique des héritiers d'Alexandre le Grand menée par une partie de ses "diadoques".
Egalement, nous avons fait mention de l'acheminement tout à fait épique du petit "Vania" (c'est-à-dire Jean en français), à l'âge de 5 ans en Gaule (donc vers 324 av. J.-C.), et du rôle bénéfique joué pour sa survie et celle de sa descendance par l'aspect légendaire volontairement donné aux Amazones, pourtant bien réelles.
Cette légende a perduré jusqu'à ce qu'on lui donne un nouvel éclairage, puisque désormais les temps le permettent.


Mais quand bien même une descendance éventuelle aurait silencieusement survécu jusqu'à nos jours, il resterait une difficulté non résolue. En effet, qu'adviendrait-il si le survivant et héritier de cet imposant héritage, mais dépourvu d'une épouse bien aimée et d'une descendance masculine, venait à disparaître à son tour ? Eh bien, le précieux sang d'Alexandre qui fut mêlé à celui valeureux de Thalestris, son ADN unique, serait perdu à jamais pour l'histoire et pour le monde - dont il se lança à la conquête, en partant de Macédoine, avec seulement 35 000 hommes.
Et c'est tout l'héritage macédonien - et collatéralement amazone -, qui s'effondrerait à son tour, d'un seul coup après plus de 2300 ans d'histoire, pour se disperser inexorablement dans le néant.
Toi, Alexandre, descendant de Zeus comme tu te plaisais à le dire, grand roi de Macédoine et de Grèce, Pharaon d'Egypte, roi d'Asie, Shah d'Iran, et roi d'Afghanistan notablement, tu vivrais une seconde mort !


On a là le problème qui se pose à toute dynastie en voie d'extinction silencieuse. Sur le moment, beaucoup pourraient penser : tant mieux !
Et puis, lorsque l'événement fatidique se sera accompli, une angoisse prenante et persistante succédera au triomphe éphémère et stupide pour toujours. Ce sera la nuit noire et irréversible pour l'éternité. Or l'éternité, c'est long, oui vraiment très long !
Dans l'Histoire, la chute des civilisations qui paraissaient pourtant solides, est souvent due à la conjugaison imprévisible de facteurs climatiques exceptionnels, alliée par coïncidence au prosaïsme le plus banal, sur un fond d'indifférence totale. Et somme toute, l'Histoire rangera tout cela au rang des impondérables ou d'un fatum à l'antique.

En sens tout à fait opposé, pour réaliser cet opus incertum du sauvetage in extremis, faudrait-il adresser une supplique à Zeus via son messager, Hermès (Mercure) comme le fit le poète romain Horace (Ier siècle av. J.-C.), en son ode à Mercure :
"Mercure, éloquent petit-fils d'Atlas, toi qui, voyant les moeurs farouches des hommes, nouveaux sur la Terre, fus adroit à les polir par la parole et par l'usage de la palestre qui donne la beauté ; c'est toi que je chanterai, messager du grand Jupiter et des dieux, père de la lyre courbée...
"C'est toi dont la ruse, jadis, avait dérobé les boeufs d'Apollon, et, à l'instant où il te menaçait, petit enfant, d'une voix terrible, si tu ne les rendais point, allégé de ton carquois le dieu éclata de rire.
"Mieux encore, sous ta conduite, le riche Priam put, sortant d'Illion, tromper les orgueilleux Atrides et les feux thessaliens et le camp ennemi de Troie.
"C'est toi qui mets les âmes pieuses dans le séjour fortuné et, sous ta baguette d'or, rallies la troupe légère, chère aux dieux d'en haut et d'en bas."