Friday, February 19, 2010

"Fourberie-sur-Seine" II : le "Fluctuat et mergitur" de la double triche !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique

______________________



Il faut partir de l'idée qu'à "Fourberie-sur-Seine" (surnom d'une capitale très connue), presque tout n'est qu'apparence et irréalité. Rien pratiquement n'est vrai ni sincère. Tout le monde se moque de tout le monde, mais si possible en groupe, et avec la plus grande désinformation possible.
Or ces trompeurs ou trompeuses - souvent honteux intérieurement - y sont plutôt pusillanimes et impressionnables, et le poids du collectif leur permet de se rassurer, ...même si ce n'est que furtivement la plupart du temps.
Cela fait toujours l'étonnement parfois amusé, mais le plus fréquemment attristé des touristes étrangers ou des provinciaux, d'ailleurs.
Le persiflage dont certains sont si fiers, qu'ils en cherchent avec ardeur l'origine historique, en donnant au mot sa date de naissance (1734), est une seconde nature.
Cela pourrait-il finir par s'inscrire dans le code génétique ? Si l'on en croit "la théorie de l'évolution des espèces par voie de sélection naturelle" de Darwin, tardivement publiée en 1859, qui sait !
En fait, on ignore souvent que ce premier ouvrage n'incluait nullement les Humains dans sa démonstration qui fit tant de bruit. Car ce n'est qu'en 1872, avec "L'expression des émotions chez l'homme et les animaux" qu'il s'attaque vraiment au mythe de l'homme, en considérant qu'il n'y avait entre l'intelligence animale et l'intelligence humaine qu'une différence de degré et non de nature.



Forts désagréables y sont les gens mielleux, qui vous dorent la pillule par devant, pour vous griffer jusqu'au sang par derrière, ou se montrer soudainement sous leur vrai jour parce qu'ils se croient les plus forts.
Ils se comportent comme de mauvais "cafards", dont la bêtise est savamment entretenue.
Souvent, on arrive à les dépister avec facilité : leur attitude est si stéréotypée que même un singe borgne pourrait les voir.
Mais le pire, ce sont les provocateurs qui singent souvent les autres. Ils utilisent différentes techniques éprouvées : regard glacial du faux dur, paroles au débit ralenti pour donner plus d'intensité, phrases déjà préparées et répétitives d'évaluateur, tendance nettement hautaine avec des accents un peu snobs, mais surtout caractère dominateur et implacable, et usage du mode assertif qui bloque le lobe occipital - comme dans les sectes.


Comment s'en défendre ? En fait, la situation n'appelle pas une grande inventivité. La première chose, mais la plus difficile, est de ne pas se sentir vexé ni blessé intérieurement, en demeurant impassible. La deuxième qui découle éventuellement de la première, est de montrer le ridicule de la situation, car à "Fourberie-sur-Seine", on le sait depuis Beaumarchais - "Le mariage de Figaro" -, le ridicule peut tuer : en tout cas, c'est ce qu'ils pensent, même s'ils sont toujours en vie,... en se faisant tout petit, petit, petit ! Et nous en venons tout naturellement à la troisième chose, la loi du "juste retour" qui est facultative : elle consiste à piéger les piègeurs, en appliquant l'adage du renard furtif échappant aux chasseurs : "tels sont pris qui croyaient prendre"!


Beaucoup de gens ici croient en Darwin plus qu'en Dieu, même s'ils trichent avec les deux finalement pour chercher à les mettre en défaut. Car bien sûr, ils ne souhaient pas qu'on leur applique leurs propres normes, sinon aïe, aïe, aïe !
Ainsi leur darwinisme ne fonctionne qu'"au tour extérieur", pourrait-on dire.
Peut-on quelque chose pour eux ? Très franchement, ...non ! Leur destin est déjà scellé depuis longtemps, et pas par Darwin qui n'était qu'un humain, mais par Dieu. Il peut donc être sage, judicieux et prudent de s'en souvenir pour le moment tant craint, qu'il soit tôt ou tard venu.

En général, ils parviennent à pièger leurs victimes "consentantes" assez aisément, si peu qu'elles doutent d'elles-mêmes, ne s'aiment pas ou se croient peu manipulables.
C'est pourquoi, les personnes chaleureuses, gaies, naturelles et optimistes sont leurs plus grandes ennemies, nolens volens. C'est d'autant plus vrai, qu'elles n'ont rien à prouver à personne, quant elles. Elles vivent les choses avec intensité et spontanéité, tout simplement.
Là, les mesquineries apparemment sans importance, sont en réalité un signal objectif de détection du phénomène de prédation.



Mais la prédation peut aller beaucoup plus loin en créant une dépendance, qui vire au vampirisme urbain.
Donnons un exemple simple pour mieux être compris. De nos jours, beaucoup de couples sont constitués sur des bases purement matérielles, sans amour véritable. Et la dépendance au logement, donc souvent l'état de nécessité, sera la cause déterminante d'un changement de destin, à travers un déni de choix de vie. Ce genre de couple ira vite en "brimguebalant" du reste. Là l'individu piégé - et au lobe occipital souvent bloqué -, aura tendance à construire sa résilience sur la reconstruction d'une cohérence, en cherchant à aimer qui n'est pas aimable ni aimant (aimante pour une femme).

Cette hypothèse, plus fréquente qu'on ne croit dans les nouveaux couples, est la plus triste de toutes. Et elle s'accompagne de grandes frustrations et d'une incompréhension "épidermique". L'excès de réalisme mène à la plus grande banalité (métro, boulot, dodo ou pas d'ailleurs, petites sorties, et belle-famille au moins un week-end sur deux, comme pour la future garde des enfants). Et il s'avère nécessaire de plus en plus fréquemment de prendre le large.
Car l'aventure à "Fourberie-sur-Seine" est plus faite pour les corsaires et les flibustiers, que pour "madame et monsieur tout le monde". Et la vie d'un ou d'une "bobo" (bourgeois ou bourgeoise), peut s'avérer encore plus ennuyeuse, voire... "mortelle" que celle de Mme de Reynal, dans "Le rouge et le noir" de Stendhal.
On n'est ni dans "le grand soir" ni dans l'exaltation du petit matin ! Et bien plus tard, au crépuscule de sa vie, l'on aura plus qu'à faire le décompte du bonheur qu'on n'a pas vraiment eu, ou de celui "différent" qu'on a laissé filé par manque de volonté individuelle, d'esprit d'à propos, voire d'un peu d'audace.

L'année dernière, sans doute effrayés par les conséquences de la crise financière du 15 septembre 2008, les néo-darwinistes britanniques qui célébraient les 150 ans de la théorie de l'évolution de leur maître à penser, insistaient sur les qualités d'altruisme recherchées chez un conjoint ou une conjointe. Selon eux, cela guidait notre choix dans la fondation d'une famille.
Et il n'hésitaient pas à extrapoler cette explication, essentiellement post-darwiniste en réalité, pour l'appliquer à l'édification de toute une société. Or là, on s'est considérablement écarté du "struggle for life" (la lutte pour la vie) originel de ses écrits.
Désormais, le slogan, c'est "vive l'amour et la gentillesse" et "adieu à la brutalité et à la rudesse" ! Les rustauds et les rustaudes n'ont vraiment plus la cote, et il est important de le leur faire savoir pour leur mise à la page.
Ceci dit, tant mieux, car la vie sera plus facile pour tout le monde. Et puis si Darwin peut se réconcilier avec Dieu post mortem, c'est peut-être une grande chance pour tous !

Sur le plan de l'éthologie (science du comportement animal qui inclut l'homme, en tant que mammifère supérieur, d'ailleurs), on parle beaucoup de l'"alpha", dans le sens originel d'"alpha-mâle", c'est-à-dire de chef de meute - à l'instar du loup. Cependant, il faut bien faire la différence entre le vrai et le faux alpha.
Le vrai alpha a un charisme naturel, qui s'exerçait déjà quand il était bébé - éveillé ou endormi -, et a perduré dans le temps. Il a une sorte de soleil intérieur, que l'on ressent, et dont la lueur peut être captée extérieurement. Quand il est là, tout se met en marche quasi-automatiquement, et en son absence prolongée rien ne va.
Le faux alpha a au contraire une autorité dure et artificielle, qui s'éteint quand il dort, et qu'il n'avait pas quand il était un bébé braillard. Et il peut être fort lunatique. Lorsqu'il est là, tout va souvent de travers, et dès qu'il est absent les choses semblent aller mieux, voire de mieux en mieux.
De nos jours, compte tenu de l'évolution et du poids de la féminisation de la société, on appliquera en pratique ce terme d'"alpha", aussi bien à un homme qu'à une femme.
Dit encore plus clairement, le "vrai alpha", c'est celui ou celle qui malgré les difficultés a tendance à toujours remonter à la surface et à émerger : "Fluctuat nec mergitur" (il flotte mais ne coule pas). Et au contraire le "faux alpha", c'est celui ou celle qui en dépit des facilités, sombre souvent : "Fluctuat et mergitur" (il flotte et coule) !


Finalement, à trop favoriser la mise en avant des "faux alphas" dans ce jeu de la double triche vis-à-vis de Darwin et de Dieu, "Fourberie-sur-Seine" pourrait donc avoir à changer la devise figurant au-dessus de la nef d'Isis, dans un futur proche : elle deviendrait alors "Fluctuat et mergitur" (elle flotte et coule, la nef) !

Mais il est vrai qu'à côté des "alphas", il y a également dans l'amusante classification éthologique qui précède, les "bêtas" (les suiveurs) et les "epsilons" (les non-penseurs les plus complets).

Friday, February 12, 2010

Le VIX, "indice de la peur" : même les marchés sont émotifs !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique

_______________________

Le VIX (Volatility Index) est l'indice de volatilité du "Standard and Poors 500", sur le marché des options de Chicago, deuxième plus grande bourse américaine.
Quand le Dow Jones ou le Nasdaq américains, le "footsie" (FTSE) britannique, ou le CAC 40 français sont à la hausse, c'est bon signe.
Mais pour le VIX, c'est tout le contraire. Il agit en quelque sorte comme un thermomètre avec la fièvre, tel un "indice de la peur" : c'est une mesure de ce qui est anticipé du marché au plan de la volatilité pour les 30 prochains jours, que ce soit à la baisse ou la hausse d'ailleurs.
Du fait de son caractère nettement prédictif, il se présente impavide et inexorable. Et à ce titre, il engendre la crainte chez les investisseurs du monde entier et à toute la surface de la planète, d'où la plupart des critiques à son encontre.

Du 4 au 5 février 2010, il est passé de 21,6 à 26,11. Et en ce moment, il semble se stabiliser en dessous de 25. Pour mieux apprécier la situation, il faut préciser que sur longue période, de 1990 à 2008, sa moyenne était de 19,04, et donc inférieure à 20. Techniquement, entre 10 et 20, la volatilité est considérée comme faible, entre 20 et 30 comme forte, et au-delà comme très forte, voire angoissante.
Les records atteints en 2008 (on est passé de 31,7 le 15 septembre 2008 à 89,59 le 24 octobre 2008), après la chute de Lehman Brothers, sont liés à la crise non résorbée des subprimes. Or celle-ci a été initiée en réalité en 2007, et si elle a touché de plein fouet le Royaume-Uni et l'Irlande, sa propagation à la Grèce est maintenant acquise (elle couve toujours en Espagne, au Portugal, ...voire même en France).

Le VIX apparaît ainsi comme un indice d'incertitude dont l'amplitude fait écho à l'"émotivité" plus ou moins grande des marchés. Et il appelle de vastes opérations de couverture du risque ("hedging"), par le biais de ce qui peut apparaître comme des contre-opérations sur le marché des options.
Une option est un dérivé financier. Mais en fait, on peut l'analyser comme une assurance contre un risque. La prime demandée par le vendeur d'option, qui peut également être une option de change (Euro/Dollar par exemple), dépend donc du risque anticipé par les marchés.
En d'autres termes, il mesure le comportement irrégulier et erratique des marchés. Mais normalement et heureusement, les périodes de volatilité très hautes sont de courte durée.

Le VIX a connu un grand succès en tant qu'instrument de mesure : il a été fréquemment transposé sur d'autres marchés d'options dans le monde. Il est ainsi devenu un outil standard au service de l'investisseur institutionnel ou non, par rapport à ses craintes de pertes et à ses attentes de profits.
De cette manière, à l'instar du VIX, sorte d'indice-mère, on utilise par exemple le LPBX pour les obligations, telles que celles de la Grèce dont le budget est sous le contrôle de L'Union Européenne et du FMI depuis le 11 janvier 2010. Car l'exposition au risque obligataire, avec effet de contagion, est considérable actuellement, pour les pays détenteurs comme le Royaume-Uni, l'Irlande et la France surtout - et à un degré moindre pour l'Allemagne, l'Autriche, et singulièrement la Suisse.

Tuesday, February 9, 2010

Les curieuses "rougeurs" de Pluton : les défis à la science terrestre d'une "planète naine"

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique
_______________________


Le vendredi 5 février dernier, on annonçait un phénomène curieux à la surface de Pluton. Cette planète rougissait littéralement, en passant par différentes catégories de rouges plus précisément, sans encore atteindre la couleur de Mars. Cet effet de rougissement aurait crû de 30 à 40% depuis l'an 2000, alors que rien de semblable ne s'était produit durant les 43 années d'observation précédentes.

Les astronomes du monde entier se demandent les raisons de ce changement, tout en apportant d'une certaine manière une réponse : l'astre "nain" subirait de très fortes tempêtes solaires.

A ce jour, Pluton est la seule planète du système solaire à ne pas avoir été visitée par une sonde terrestre. On ne la connaît donc pas bien, même si la concernant, on parle d'une atmosphère extrêmement faible de méthane, de diazote et de monoxyde de carbone (CO). Or parler de monoxyde de carbone sous-entend automatiquement la présence d'oxygène sur cet astre.




En y regardant de plus près, Pluton est un véritable défi à la science terrestre. Ainsi son diamètre supposé a grandement oscillé de 6800 km (en 1965), en passant par 3500 km (1976), pour se rétrécir à 2300 km, voire à 2274 km dans les années 2000, d'où sa requalification en "planète naine".

Personne semble-t'il ne s'est interrogé sur les raisons de ces énormes variations de mesures, attribuées à la seule progression de la technologie terrestre, et non à un phénomène plutonien inconnu de "contraction", même pour une partie infime.

On ignore en réalité à quoi ressemble sa surface, présentée comme solide à 70% et constituée d'eau glacée pour les 30% restants, à l'instar de Triton, le plus gros satellite de Neptune. Et il est important de signaler que le télescope spatial Hubble est incapable de distinguer les détails de sa surface.

On semble avoir oublié que Pluton a été découverte le 18 février 1930 par erreur, à partir de calculs fondés sur les perturbations orbitales de Neptune, qui se sont avérés faux par la suite. C'est un assistant de l'Observatoire Lovell de Flagstaff aux USA (Arizona), Clyde W. Tombaugh qui l'a trouvée en cherchant la "planète X" devant logiquement se trouver au-delà de Neptune. Ceci dit, il est mieux de trouver quelque chose dans le cosmos avec des calculs erronés, que rien du tout avec des calculs terrestres justes.

Son nom provient en partie des initiales de Percival Lovell (P L), à qui on voulait rendre hommage, et de la suggestion de la petite-fille d'un astronome anglais pour cet astre situé dans les ténèbres du fait de son éloignement maximal du Soleil, que d'autres qualifient plutôt aujourd'hui d'astre très "contrasté".

"(134340) Pluton" est la désignation officielle donnée par l'Union Astronomique Internationale à Pluton. Car Pluton, le 24 août 2006 a été reclassée, de façon encore controversée, par l'Union Astronomique Internationale, en tant que "planète naine" ou que "plutoïde", lors d'un important congrès. Et actuellement, avec ses trois "lunes" (Charon découverte en 1978, ainsi que Nyx et Hydra découvertes par Hubble en 2005 ), elle est davantage perçue comme un objet céleste parmi d'autres de la Ceinture de Kuiper.

On a dit qu'Alan Stern, l'investigateur principal de la mission "New horizons" qui lui est consacrée par la NASA, n'avait pas pu être présent le jour du vote des résolutions B5 et B6 reclassant Pluton, dans une ambiance un peu rocambolesque. En effet, il est dit que ce jour là, il préféra aller chercher l'une de ses filles au lycée, ce qui peut paraître curieusement "terre à terre", mais interroge sur les enjeux réels de la question du statut de Pluton.

Si la mission spatiale "New Horizons" peut la survoler comme prévu, à 9600 km de distance, le 14 juillet 2015 à 11 h 59 (Temps Universel Coordonné), ce sera un grand moment.

Cependant, il est normalement prévu que les observations débutent 4 mois avant la phase d'approche, et que les données collectées soient retransmises 9 mois plus tard.

La vitesse de la sonde est passée de 50 000 km/h à 75 000km/h , grâce à l'effet de fronde gravitationnelle de "Jupiter la gazeuse", lorsqu'elle l'a dépassée, en fonçant sur Saturne, Neptune et Pluton.

Cette sonde lancée le 19 janvier 2006 de Cap Canaveral (Floride, USA) a coûté 700 millions de dollars, et tire son énergie combustible de plutonium russe. Car cette mission doit s'étendre au survol de Charon, le principal satellite de Pluton, et à l'observation de la Ceinture de Kuiper.

Elle dispose de 7 équipements scientifiques, dont 3 spectromètres : outre le spectromètre à ultraviolets Alice, les deux autres - SWAP et PEPSSI - permettront de mesurer d'une part, le taux d'échappement de l'atmosphère de Pluton et son interaction avec les vents solaires, et d'autre part, la composition et la densité du plasma s'échappant de son atmosphère.

La "longue année" de Pluton dure 248 ans et 249 jours terrestres, soit le temps qu'elle met à tourner autour du Soleil, avec un mouvement de rotation inverse des aiguilles d'une montre, à l'instar de Vénus, mais à la différence des autres planètes du système solaire.

La température y est très froide, puisqu'elle oscillerait entre - 228° C et - 238°C, d'où le grand étonnement des astronomes de la voir actuellement "rougir". En outre, elle était plus proche du Soleil de 1979 à 1999, que maintenant.

On ne connaît pas non plus exactement sa masse (supposée 5,6 fois plus faible que celle de notre Lune), ni sa densité (évaluée à 2 g/cm3), sur lesquelles la mission "New Horizons" devrait nous apporter des précisions.

Pluton est la planète la plus éloignée du Soleil dans le système solaire, normalement. Mais que penser de cette "planète naine", dont l'orbite est tellement excentrique qu'elle est parfois plus proche du Soleil que Neptune ?

Pourtant, il y a un élément rassurant : bien que l'orbite de Pluton, dont la période est 1,5 fois plus longue que celle de Neptune, croise régulièrement cette dernière, on pense sur Terre que jamais elles ne pourront entrer en collision. Seul Charon, le principal satellite de Pluton, serait le produit d'une collision de Pluton avec un autre corps céleste.

Enfin, si Pluton parvient à être soumise à de puissantes tempêtes solaires qui la font "rougir" à une aussi lointaine distance du Soleil, on peut légitimement s'interroger sur la force et l'impact réels de ces mêmes tempêtes sur la Terre, qui elle en est beaucoup plus près !

Friday, February 5, 2010

Pyrrhus Ier Eacide (v. 318- 272 av. J.-C.) : les jeux d'hécatombe de la Grèce


par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique

______________________





Né vers 318 avant Jésus-Christ, Pyrrhus Ier régna successivement sur l'Epire de 306 à 302 avant Jésus-Christ, puis de 295 à 272 avant Jésus Christ, en étant enfin reconnu "roi des Molosses".
De fait, il était le successeur de la dynastie éacide, qui se proclamait descendante de Molossos, fils d'Andromaque et petit-fils du héros grec Achille, qui régna en Grèce sur l'Epire. Molossos donna son nom à son peuple, qui devint de cette manière celui des Molosses.
Pyrrhus, dont le prénom signifie "roux" en grec, est associé à la danse guerrière d'Achille (la danse pyrrhique). Il était un cousin éloigné de feu Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.), dont la mère Olympias était elle-même une princesse Molosse.

On connaît souvent sans le savoir la dynastie éacide, par rapport à ses chiens de combat, surnommés eux-mêmes par extension des "molosses" : le grand chien d'Alexandre se nommait ainsi Péritas.
Le père de Pyrrhus Ier avait été assassiné et son royaume usurpé par son neveu Neoptolème. Il fut restitué à Pyrrhus lorsqu'il eût atteint l'âge de douze ans (vers 306 av. J.-C.), par le roi Glaucias d'Illyrie qui l'avait recueilli. Mais Neoptolème allait le dépouiller à nouveau de l'Epire (302 av. J.-C.)


Privé de royaume, il participa avec bravoure et un sens remarqué du commandement , à la grande bataille d'Ipsos en Phrygie - Turquie - dont l'enjeu était la domination de la Grèce et de la mer Egée (301 av. J.-C.). Ce fut sans doute l'une des plus grandes batailles d'éléphants de l'histoire, dont les 400 de Séleucos donnés par le prince hindou Chandragupta Maurya. S'affrontèrent à cette "bataille des rois", comme on l'appela, Séleucos et Lysimaque, anciens généraux d'Alexandre, d'un côté, et Antigonos le Borgne, également général macédonien, de l'autre.
Ptolémée, allié à Séleucos et Lysimaque, ayant reçu la fausse nouvelle de la victoire de leur opposant, Antigonos, qui pourtant n'avait que 75 éléphants de guerre, ne fit finalement pas sa jonction avec eux.
Pyrrhus était du mauvais côté, celui d'Antigonos qui s'était fait proclamer roi de Macédoine cinq ans plus tôt et mourut durant cette bataille ; et il fut emmené comme otage de Ptolémée, en Egypte.


Ptolémée était en effet devenu pharaon (305- 283 avant Jésus Christ) sous le nom de Ptolémée Ier Sôter - "le sauveur", en tant que successeur d'Alexandre le Grand. Et il avait à ce titre demandé au prêtre Manéthon de rédiger pour lui une "Histoire de l'Egypte", ce qu'il fit avec la gloire controversée que l'on sait encore aujourd'hui.
Pyrrhus Ier eût l'honneur et la chance de se marier avec la belle Antigonè, fille de Ptolémée Ier et de Bérénice. Et grâce à cette union il put à nouveau régner sur l'Epire d'abord conjointement avec son cousin Néoptolème (295 av. J.-C), puis seul après la mort vraiment tragique de ce dernier.


Libre désormais de partir à la conquête du monde, comme il le disait lui-même, Pyrrhus Ier allait faire ce qu'il aimait : la guerre ! Il était certainement devenu un grand général, mais il n'avait pas les extraordinaires capacités politiques de son cousin Alexandre.
D'abord il conquit - pour un temps seulement - la Macédoine, en profitant du désordre consécutif à la succession d'Alexandre le Grand ; mais il la perdit finalement devant Lysimaque, ancien général d'Alexandre (285 av. J.-C.).
Appelé ensuite, en Grande Grèce (Italie du Sud) par les habitants de Tarente, en 280 avant Jésus-Christ, pour les défendre de Rome, il utilisa lui-aussi des éléphants de combat pour donner l'assaut.


Après la victoire d'Héraclée (280 av. J.-C.), il y eût celle d'Ausculum (279 av. J.-C.) encore plus chèrement acquise sur les Romains qui persistaient toujours à le combattre. Rome avait pu reconstituer sans difficulté ses troupes sur place, et l'affrontait pour libérer l'Italie, sa terre.
Plutarque de Chéronée (46 - 125 ap. J.-C.), le Béotien devenu citoyen romain, lui attribue cette exclamation après la victoire d'Ausculum : "Encore une victoire comme celle-là, et je rentrerais bientôt seul en Epire !"
Toujours selon Plutarque, ses hommes, lucides également, disaient avec un humour désabusé : "Si nous devons remporter une autre victoire sur les Romains, nous sommes perdus !"


C'est de ces citations qu'est tirée l'expression imagée de "victoire à la Pyrrhus", pour une victoire désastreuse, obtenue au prix de lourdes pertes, et donc à s'épargner si possible.
Quoi qu'il en soit Pyrrhus fit tout pour éviter un autre affrontement avec eux, en intervenant en Sicile. Mais l'affrontement eût tout de même lieu quatre ans plus tard à Bénévent (275 av. J.-C.), où une partie de sa flotte fut détruite par le romain Curius Dendatus, l'obligeant à rentrer en Epire.
Nombre de ses hommes n'allaient jamais revoir la Grèce, et finiraient dans le fleuve rougissant du royaume souterrain d'Hadès (Pluton pour les Romains).

Pyrrhus considérait la guerre comme une sorte de jeu, où régnait l'hécatombe, et dont il devait naturellement sortir vainqueur. Il disait aspirer à se reposer le jour où il aurait conquis le monde. Et d'une certaine manière, il fut assez souvent vainqueur, mais sans parvenir a pérenniser ses victoires, à la différence de son cousin, Alexandre le Grand.
Victorieux, il le fut encore par la suite en Grèce, lui qui ne rêvait que de plaies et de bosses. Mais ses proches lui conseillaient plutôt de ne pas attendre ce fameux jour, et de se reposer tout de suite.
Il ne les écouta pas, et finalement, en 272 avant Jésus-Christ, lors d'une guerre contre Sparte, il mourut de façon inattendue. Il reçut...une tuile sur la tête que lui avait envoyée d'un toit une vieille femme, lors de l'attaque de la ville d'Argos, dans le Péloponnèse. Beaucoup plus tard, cette ville sera intégrée à la province romaine d'Achaïe (146 av. J.-C.).

La mort de celui que les Romains considéraient comme une sorte d'"anti-Alexandre", entraîna pour la Grèce la perte définitive des colonies la Grande Grèce, au profit de Rome. Ils apprirent beaucoup de lui, et notamment à économiser leurs troupes.
C'est grâce aux Romains justement que le nom de "molosses" nous est parvenu : ils introduisirent les chiens d'Epire comme chiens de garde, dans tout le Bassin Méditerranéen.
La puissance naissante de Rome a pu faire ses premières grandes armes contre lui, en l'assurant qu'elle pouvait finir par battre la Grèce - ce qui était impensable jusqu'alors - et supplanter sa puissance dans le monde connu.