Sunday, June 26, 2011

Le cadeau oublié de Didon : le temps des héroïnes et des héros fondateurs a-t-il disparu à jamais ?

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique

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Le cadeau de Didon est très ancien : il s'agit de deux lettres entrelacées, constituées d'un I majuscule traversant en son centre un O majuscule plus petit, et pouvant se prononcer IO. C'est le motif qui figurait sur le bijou que cette reine avait fait fabriquer pour Enée : elle voulait à travers ce geste confondre dans un même amour, son peuple, les Tyriens devenus les Carthaginois, et celui des naufagés de Troie, menés sur ses terres par ce prince rescapé, dont elle tomba éperdûment amoureuse. Ce qui les avait tout de suite rapprochés, c'est que tous deux étaient veufs. Enée avait de fait perdu sa femme, Créüse, dans l'incendie de Troie allumé par les Grecs. Et il ne lui restait plus que son fils, le petit Ascagne (le futur Iule).
Or c'est Enée qui allait briser à jamais cette alliance amoureuse, en quittant Didon pour se lancer à la poursuite de Diomède, le grec qui avait dérobé le Palladium (la statue d'Athéna, qui assurait la puissance de Troie), auquel on vouait de magiques et puissantes vertus. Il y était poussé par les Dieux, alors que prendre la mer en hiver avec sa flotte réparée, sous les redoutables vents d'Aquilon présentait quelques périls. Et cela le mena dans le Latium (Italie), d'où allait émerger par la suite Rome (753 av. J.-C.), qui ne deviendra une puissance incontestée en Méditerranée et dans le monde de l'époque qu'à la chute définitive de Carthage (146 av. J.-C.).
Et IO, ce talisman d'amour éperdu de la malheureuse reine Didon, est resté sous les ombres, avec sa puissance endormie pendant des siècles et des siècles jusqu'à nos jours.
Didon avait envoyé sa soeur, Anna, pour l'implorer de retarder son départ, afin de laisser quelque répit à son coeur blessé, mais ce fut en vain. Et le chemin de l'amour pour le fils d'Aphrodite la fit mourir d'aimer.

Carthage avait été fondée par la très belle princesse de Tyr (Phénicie), Elissa, soeur de Pygmalion, dans des conditions particulièrement épiques. Elle fuya Tyr où régnait son frère, après que celui-ci ait tué son mari bien-aimé Acerbas, en cherchant à lui voler ses richesses.
Les hommes de son frère qui s'étaient aventurés sur le bateau contenant ces trésors, furent embarqués malgré eux dans le périple d'Elissa qui vogua à l'aventure pour chercher un lieu propice à la fondation d'une nouvelle Tyr. Ce fut Carthage (littéralement, "la ville neuve") sur la côte africaine de l'intérieur de la Méditerranée, située "aux portes de l'Hespérie" (l'Italie dans la version de Virgile). Sa citadelle fut dénommée Byrsa - "le boeuf" -, en mémoire de la façon dont Elissa obtint de ses hôtes africains cette terre. Elle n'avait besoin que d'un terrain pour elle et son équipage sur ce rivage bordé de pins, un terrain que pourrait délimiter une peau de boeuf. En fait, la peau du boeuf sacrifié pour l'occasion par les Africains fut découpé en lanières si fines, cousues entre elles, que c'est une vraie ville que cette femme astucieuse put fonder pour créer sa nouvelle patrie, à l'étonnement amusé des Numides.
Cette princesse, qui devint par la suite la reine de Carthage, nous est connue grâce à l'Enéide de Virgile (70 - 19 av. J.-C), sous le nom de Didon.
Peu avant de se suicider avec le glaive d'Enée qui avait trahi son amour en l'abandonnant, elle lança une terrible imprécation : "Je le maudis, lui et toute sa race. Qu'une haine éternelle dresse nos deux peuples l'un contre l'autre, et qu'un jour un héros sorti de Carthage porte le sang et la mort au coeur de leur orgueilleuse Italie ! O toi, mon vengeur, que je ne puis nommer, mais dont je pressens la venue, qui que tu sois, merci !"

Carthage devint une cité étonnante avec son port circulaire, ses docks immenses, ses entrepôts géants, et ses larges canaux à la façon de Poséidonia (capitale mythique d'Atlantis). Ils en firent pendant des siècles une puissance commerciale incontestée dans l'Atlantique (jusqu'en Grande-Bretagne alors dénommée Britannia), et de la Méditerranée Occidentale jusqu'à la frontière égyptienne et aux abords de l'Italie. La puissance maritime de Carthage, véritable thalassocratie, allait perdurer des siècles durant, jusqu'à sa rivalité avec Rome, petite puissance montante après la fin de la domination de la Grèce. Il faut souligner que la civilisation héllénistique et la Grèce d'Alexandre le Grand (359 - 323 av. J.-C.), jouèrent un grand rôle dans la vision du monde de son futur grand général, Hannibal Barca (247 -183 av. J.-C.). Son précepteur grec Sosylos lui donna des cours de littérature grecque, et lui parla longuement de la vie d'Alexandre. Sa stratégie inégalée et son art de la guerre, allaient beaucoup l'inspirer dans son futur combat contre Rome.
Carthage était une ville de grande beauté qui pouvait rivaliser avec les plus belles cités de l'Antiquité. C'est Rome qui chercha d'abord à vassaliser Carthage (à l'issue des deux premières guerres puniques, "punici" désignant en latin "les Phéniciens"). Mais, malgré la victoire de Zama (19 octobre 202 av. J.-C.), il lui fallut attendre dix-neuf ans pour être définitivement débarassée de son ennemi juré toujours craint, Hannibal. Enfin, par souci d'auto-préservation autant que pour accomplir ses ambitions de future grande puissance, elle voulut détruire à jamais Carthage (IIIème et dernière guerre punique).

De 264 à 241 av. J.-C. (Ière guerre punique), les combats font rage entre les deux rivales à mi- chemin entre les deux pays, en Sicile alors sous souveraineté carthaginoise. Les victoires romaines de Messine et d'Agrigente, sont suivies d'échecs cuisants en Afrique. Grâce à l'impôt exceptionnel voté par le conseil de Carthage sur les riches, des mercenaires grecs purent en effet être recrutés pour faire face aux troupes du consul Regulus qui avait débarqué en Afrique. Avec les troupes carthaginoises, ils furent dirigés énergiquement par le spartiate Xanthippe qui stoppa victorieusement l'avancée de Regulus sur Carthage.
Ainsi, elle limita ses pertes face à Rome après la défaite des îles Egades, petit archipel à l'ouest de la Sicile (241 av. J.-C.), qui termina cette guerre. Elle dut cependant abandonner la Sicile et payer un tribut de guerre à Rome, tout en conservant sa précieuse flotte de trirèmes, et en permettant à Hamilcar Barca de sauver la face (il n'avait pas personnellement été vaincu en Sicile). Or le tribut de guerre était trop lourd et Carthage ne put payer ses mercenaires qui se révoltèrent, jusqu'à l'intervention décisive d'Hamilcar. Cet événement est rappelé dans "Salammbô", le roman historique de Gustave Flaubert (1862).
Mais, Rome confisca également à Carthage, en contravention avec le traité de paix, la Sardaigne et la Corse qui jusque là étaient carthaginoises elles-aussi. Il est d'ailleurs intéressant de noter que la singularité de ces trois îles (Sicile, Sardaigne et Corse), tient à leur passé carthaginois que nul n'évoque jamais. Elles ne devinrent donc italiennes et considérées comme telles qu'à partir de cette époque. Et la Corse changea elle-même de souveraineté bien plus tard, en passant de la République de Gênes (Italie) au Royaume de France en 1768, comme gage d'un prêt jamais remboursé.

De 218 à 201 avant Jésus-Christ, (IIème guerre punique), on assiste à une revanche de Carthage sur Rome, mais qui ne durera pas. Hamilcar Barca (270 -228 av. J.-C.), chef de l'armée d'Espagne a fait jurer, à son fils Hannibal âgé d'à peine dix ans un serment de haine contre les Romains devant les dieux Baal et Moloch et la déesse Tanit. Il l'a préparé à détruire la puissance de Rome après sa mort, qui arrive de façon inopinée à Elche. C'est lui qui sera le vengeur de la reine Didon. Fort des richesses minières de l'Espagne (l'or et l'argent de Carthagène, la "petite Carthage", et de Castulon), Hannibal qui remplace son père défunt prend Sagonte située à la frontière de l'Ebre pour rendre la guerre inévitable avec Rome. Il dispose de 100 000 hommes, de 12 000 cavaliers et de 37 éléphants. Il a également pour lui sa détermination farouche et sa ruse, l'aide de ses frères Hasdrubal et Magon, ainsi que le soutien du Conseil des Anciens de Carthage. Pour mémoire, le nom de "Barca" signifie "la foudre" en carthaginois. Il compte combattre Rome sur le sol même de l'Italie, en partant des Pyrénées pour traverser la Gaule (en retournant les Gaulois contre les Romains), et en franchissant les Alpes avec ses éléphants de combat (septembre 218 av. J.-C.). En seulement 5 mois, après d'importantes pertes - de 40 à 50% - dues au difficile franchissement des Alpes, il mène une campagne militaire foudroyante contre l'Italie : s'enchaînent les victoires du Tessin, de la Trébie, et du Lac de Trasimène entre autres. Il ne prend pas Rome au soir de l'occasion donnée par la victoire de Cannes, mais l'encercle, en s'installant pour des années à ses abords. Les mieux informés disent qu'en fait il renonça à l'attaquer, après être tombé amoureux de la charmante nièce de Fabius Cunctator ("le Temporisateur"). Mais chut ! Il n'aurait pas dû arborer le bijou de Didon. Le plus remarquable chez Hannibal est le fait qu'il relâchait presque systématiquement les prisonniers romains, qui étaient traités avec dignité : son standard vis-à-vis des prisonniers de guerre n'est que fort rarement atteint encore aujourd'hui !

Les dissensions politiques de Carthage, à l'origine desquelles se trouvait Hannon, l'ennemi de la famille Barca, mettent fin à la suprématie d'Hannibal en Italie, et se retournent contre elle.
Pendant ce temps, le chef romain Scipion était en train de redresser l'honneur de Rome avec plusieurs victoires (prise de Carthagène et conquête de l'Espagne en 210 av. J.-C.), et la mort d'Hasdrubal lors de la bataille de Métaure en Italie (207 av. J.-C.).
Scipion devenu " l'Africain" après être passé en Afrique, menace alors directement Carthage. Hannibal est rappelé en catastrophe en 204 avant Jésus-Christ. Mais, comme il le craignait, il est déjà trop tard, et il est vaincu deux ans après à Zama (entre Tunis et Cirta, devenue Constantine). La guerre est finie et Carthage va redevenir vassale de Rome.
Six ans plus tard, Hannibal est déclaré ennemi public par Carthage et doit s'exiler.
Il trouve refuge auprès du roi Antiochus de Syrie, ravi d'avoir un aussi utile conseiller militaire contre les Romains qu'il n'aime pas non plus.
Hannibal croit au départ en une possibilité de revanche, mais Antiochus est trop impulsif et il n'écoute guère ses conseils de sagesse. Comme en plus, il n'est vraiment pas doué pour faire la guerre, les Romains le défont assez facilement. Hannibal doit fuire à nouveau, et c'est ainsi qu'il arrive en Bythinie (Turquie), où le roi Prusias le prend sous sa protection.
Mais Prusias n'est pas un foudre de guerre, à la différence d'Antiochus. Et lorsque le chef romain Flaminius lui demande de lui livrer Hannibal, il refuse d'abord en invoquant la violation des règles sacrées de l'hospitalité. Mais devant l'insistance menaçante du romain, il suggère que sans le livrer, lui Flaminius peut se rendre "par hasard" à sa maison de Lybissa. Et il attire son attention sur le fait qu'elle a sept portes faites spécialement à la demande d'Hannibal pour pouvoir s'enfuir en cas d'urgence. Lorsque les troupes de Flaminius arrivent, les sept portes étant tout de suite gardées, Hannibal choisit de se donner la mort par le poison, en privant son ennemi d'un triomphe : c'est sa victoire ultime, dix-neuf ans après le désastre de Zama.

Enfin, de 149 à 146 av. J-C. (IIIème guerre punique), Rome entreprend d'éliminer définitivement Carthage de l'histoire de la Méditerranée. Car Carthage a fini par se redresser et retrouver sa prospérité, en gênant à nouveau les ambitions romaines sur l'Espagne. Egalement, elle constitue une possible puissance rivale dans les visées de Rome sur la Grèce alors en pleine déliquescence, ainsi que dans ses ambitions sur la Syrie, bien après la résistance étonnante et la chute de la fort jolie reine de Palmyre, Zénobie "aux dents de perles" (272 av. J.-C.).
Mais surtout, Rome croit vraiment aux propos du roi de Numidie, Massinissa, lorsqu'il vient soutenir devant le sénat romain étonné que Carthage est à nouveau forte et puissante, et se prépare en secret à l'attaquer pour l'annihiler. Il sème le doute et la peur en usant de désinformation pour provoquer une guerre qui éclate effectivement, en s'entendant à l'avance avec les Romains sur le profit qu'il va en retirer pour son royaume de Cirta (Constantine dans l'Algérie actuelle).
Scipion "l'Emilien", petit-fils adoptif de Scipion "l'Africain" mènera le siège de la ville (148-146 av. J.-C.). Et lorsqu'elle sera tombée, il la fera raser : "Carthago delenda est" (Carthage doit être détruite). Cela explique que ce qu'il en reste se situe dans les faubourgs de Tunis qui a été construite à ses abords. Le territoire carthaginois prendra alors le nom de province romaine d'Afrique.

La même année, Rome met fin à l'indépendance de la Grèce, qui devient également une province romaine (146 av. J.-C.), tout en gardant un prestige inégalé dans son cas. Car il est de bon ton de parler grec dans l'élite romaine. La référence militaire grecque se cristallisera jusqu'à nos jours, autour du nom prestigieux d'Alexandre le Grand (359-323 av. J.-C.), le fondateur de l'Occident, que plus tard Jules César (100 - 44 av. J.-C.), descendant de Iule, rêvera d'égaler sans y parvenir.
Le mythe des héroïnes et des héros fondateurs n'existe pratiquement plus de nos jours. Il semble avoir quasiment disparu, ce qui est fort triste pour savoir d'où nous venons et ce qui a construit nos archétypes, et fait de nous ce que nous sommes devenus.
De Didon (Carthage) à Enée, ancêtre de Romulus et Rémus (Latium, puis Rome), en passant par Alexandre (avec son premier empire à vocation universelle et fraternelle), ou Zénobie (Palmyre), qui eût le cran de reprendre le trône de son défunt mari Odenath, en étendant même son pouvoir sur l'Asie Mineure et l'Egypte, que de gloire passée !
Par comparaison, notre époque n'aime plus la grandeur, elle qui s'enfonce si facilement dans le prosaïsme ronronnant, mais pas toujours rassurant. Elle préfère vaincre sans péril et triompher sans gloire, ce qui d'ailleurs n'arrive qu'avec peine. Ses victoires amères sont toujours incertaines et peu claires, et à terme elles ont même tendance à être porteuses de davantage de périls.






Jusqu'à maintenant, l'histoire de Didon était recouverte du "zaïmpf", ce voile sacré d'invisibilité dont on ceignait la tête de Tanit, la déesse de la Lune en son temple sacré de Carthage.
Cette héroïne des temps anciens avait presque rejoint le néant dans lequel sont tombées les lettres classiques.

Mais le moment est enfin venu de lui retirer ce voile en soulignant l'importance d'un cadeau oublié, dont l'influence sur l'édification de notre civilisation a été si cruciale, si épique, et si passionnelle.

Peut-être qu'après tout ce temps, les héroïnes et les héros fondateurs vont enfin pouvoir trouver la paix de leur âme meurtrie, et transmettre le flambeau de la gloire immortelle à une civilisation qui se cherche sans jamais se trouver, la nôtre !

Friday, June 17, 2011

Soleil bleu sur le monde II : la persistance du signe d'Alexandre à l'approche de 2012 !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique
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Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.) n'est peut-être pas si mort que ça après tout, ne serait-ce que dans la mémoire collective. Le vortex de son soleil macédonien est à nouveau actif.
Il est frappant de voir son aura dans des pays pourtant très éloignés de la culture grecque, comme la Chine. Récemment, une jeune étudiante chinoise avec qui nous discutions aborda avec nous la question du "noeud gordien" tranché par Alexandre pour devenir roi d'Asie. L'expression "trancher le noeud gordien" est d'ailleurs devenue partout dans le monde, synonyme de résoudre un problème inextricable par une action vigoureuse et décisive, qui sort soudainement d'embarras.
On ne sait pas trop quels contacts Alexandre eût avec la Chine de son époque ; car on arrête généralement son épopée fantastique au nord-ouest de l'Inde, avec le signe céleste qu'Alexandre nommait "le Soleil bleu". L'historien romain de langue grecque, Arrien (v. 95 - v. 175), mentionna également ce signe céleste, de même que celui qui accompagna la chute de Tyr, dont nous avons parlé dans notre précédent article. Curieux destin que celui de ce grand romain, qui finit par se retirer en Grèce en devenant le philosophe Xénophon, pour rendre hommage à Socrate (469-399 av. J.-.C.) !

Les contacts avec la Chine des Zhou n'apparaissent pas dans notre histoire occidentale, bien que le titre de "roi d'Asie" ne lui fut jamais disputé. Il faut dire que l'on se situe à "l'époque des royaumes combattants" (453-221 av. J.-C.), où régnaient en Chine désunion et longs conflits.
Un courant d'échanges commerciaux existait pourtant, avant même la naissance d'Alexandre, préludant à la future" Route de la Soie" (500 av. J.-C.). Et il reliait déjà Babylone à Changhan (l'actuelle Xi'an dans le Shaanxi), via la Sogdiane, contrée de Roxanne, l'une des futures épouses d'Alexandre. Ce qu'on sait, c'est qu'à l'époque d'Alexandre, les Grecs parlèrent pour la première fois du pays des "Seres" - les "soyeux" - pour identifier un pays nouvellement connu, la Chine. Il est possible comme on nous l'a suggéré, qu'ait existé un accord tacite de non-agression avec Xi'an (Pékin n'existait pas encore) pour continuer à développer pacifiquement cette importante route commerciale.

Et aujourd'hui, c'est une Chine immémoriale, mais ultra-moderne et plus riche que jamais, qui semble le plus vouloir sauver le pays dont il était originaire, la Grèce.
La Chine éprouve énormément de respect pour ce grand homme et par voie de conséquence pour l'héritage grec. Il n'y a pas qu'une question d'intérêts dans le rachat du port du Pirée par des hommes d'affaires chinois, mais également l'idée de sauver la Grèce et son antique héritage de la faillite qui les guette. Elle sait très bien que l'Occident est né de la vision d'Alexandre, même si elle ne l'associe pas forcément au Soleil macédonien en vortex, ni au Soleil bleu de son enfance, ni encore à l'influence déterminante de sa mère Olympias.
Jamais dans l'histoire des hommes, aucun autre européen après lui ne porta ce titre si singulier de "roi d'Asie": il fut le seul et l'unique.
Elle sait aussi qu'Alexandre prit des positions plutôt égalitaires en faveur des "Asiatiques", en stupéfiant le monde. Il bouscula les préjugés de son époque, et même ses compagnons dont certains lui en voulurent au point de tenter de se mutiner contre lui. Les fameuses colères dévastatrices dont on taxe souvent Alexandre le Grand correspondent presque systématiquement à une reprise en main de sa part, et à l'exécution des mutins macédoniens.

On lui rappelait constamment son père Philippe II de Macédoine (382-336 av. J.-C.) qui ne l'avait jamais bien traité et avait même failli l'écarter du trône, accréditant la thèse d'Olympias d'un autre père (Zeus ou même Dyonisos), en cette époque où existait encore les demi-dieux.
De même, planait autour de lui l'ombre d'Aristote (384-322 av. J.-C.), son ancien précepteur, dont les conceptions souvent étroites servaient de référence à ses compagnons pour affirmer leur supériorité sur les Barbares. Or Alexandre piquait de violentes colères lorsqu'on lui parlait des idées de ce philosophe qu'il jugeait arriéré et injuste sur ce point, même s'il gardait quelque affection pour lui. Là-aussi, ses colères jupitériennes éberluèrent son entourage macédonien et grec.
Le plus remarquable dans l'histoire d'Alexandre, c'est que manifestement pas un des peuples conquis ne tenta de lui nuire ou de le tuer. Beaucoup avaient pour lui une grande et véritable admiration, voire un amour sincère pour sa détermination si courageuse et si inédite : il parlait et agissait comme l'aurait fait un dieu, et non un homme !

Car on a oublié aujourd'hui qu'il osa risquer sa vie pour la gloire éternelle, à l'instar du héros Achille, l'ancêtre glorieux de sa mère.
L'idée de fraternité universelle qui l'animait à l'étonnement courroucé d'une grande partie de ses proches, n'était absolument pas un calcul politique, mais une pensée sincère.
D'ailleurs, il en est mort, probablement empoisonné sur l'ordre perfide d'Aristote et du Général macédonien Antipater (d'autres le nomment Antipatros), gouverneur de la Macédoine en son absence. Le poison serait venu de Pella (Macédoine), après avoir parcouru la longue distance qui le mena à sa destination finale, Babylone, capitale de l'immense empire d'Alexandre. En ce cas, leurs âmes sacrilèges ont rejoint le royaume souterrain d'Hadès (dieu des enfers dans la Grèce antique), et restent à jamais prisonnières du Styx.

En ce qui concerne la Grèce d'aujourd'hui, c'est la préoccupation de Zhou Min, du FMI, qui a amené la France et l'Allemagne à trouver hier un pré-accord sur le règlement de la question de son endettement. Il ne faut pas oublier qu'au-delà des questions de prestige entourant la nomination du Directeur Général au FMI, pour laquelle la France est depuis le départ favorite, la Chine est le premier créditeur net mondial.
Le pré-accord franco-allemand prévoit une participation des "créanciers" de la Grèce sur une base "volontaire" : en clair, les banques françaises dont l'exposition à la crise grecque est maximale (BNP, Société Générale et Crédit Agricole) devraient accepter un allongement de la durée de remboursement de la dette de la Grèce, allégeant du coup le fardeau des banques allemandes également très exposées, et de l'Etat fédéral allemand. On parle d'au-moins 30 milliards d'Euros récupérés de cette manière originale, sur la base de ce que la Chancelière allemande appelle "l'initiative de Vienne" (par référence avec la première fois où fut utilisée cette méthode inversée, en rappelant la fragilité autrichienne). Car l'Allemagne trouve que le fardeau de la monnaie unique est lourd et injuste à porter seule (elle risque la récession). A l'inverse, certains spécialistes pensent qu'un défaut de la Grèce, n'entraînerait que des pertes limitées pour la France, estimées à 30 milliards d'Euros justement. "L'effet domino" engendré par la sortie éventuelle de la Grèce de l'Euro n'est donc pas entrevu de la même manière, ni avec le même impact des deux côtés du Rhin. Il serait dans les faits sans doute plus dévastateur que prévu, à notre sens.
La survie de la zone Euro est en tout cas primordiale aux yeux de la Chine, peut-être même davantage actuellement que la question du Dollar, dont l'épilogue n'est prévu par les milieux financiers que pour dans neuf ans.

Mais il est vrai qu'en France, certains se sentent plus concernés par la psychologie des masses que par l'avenir économique et financier, voire politique.
Leur désir est d'empêcher les gens de penser librement à 2012 : pas à l'élection présidentielle, mais plutôt à la prédiction maya qui les gênent, on ne sait trop pour quelles raisons obscures. Car on saura vite de toute manière si elle était fausse. Alors pourquoi s'en faire à ce point pour de l'hypothétique, en inversant la chronologie ?
En général ce genre d'initiatives ne fait que renforcer et ancrer davantage l'idée combattue.
Car chacun aime se sentir libre de penser ce qu'il veut, surtout en France où les esprits sont naturellement frondeurs. De toutes façons, qui vivra verra, alors à quoi bon s'en faire avec anxiété ou frayeur intempestive ?!
Il est vrai que ce courant est alimenté par une profonde désaffection des gens pour la politique, et une crainte de la sphère économique et financière. Le fantôme de "Lehman brothers" rôde encore dans les parages. Il hante encore beaucoup d'esprits, qui pourtant ne croient plus désormais en personne. Cette hantise n'est pas utile, mais elle existe dans toute sa force immatérielle.

Dans ses rapports avec les hommes, Alexandre recherchait avant tout la valeur. C'est d'ailleurs pour cela qu'il visait à la gloire immortelle.
Etonnamment, il cherchait aussi à tempérer les excès de la loi du plus fort, en ne recherchant donc pas la facilité. Selon lui, "le libérateur et le sauveur des peuples", cette loi n'était pas juste, loin s'en fallait.
Et de nos jours, malheureusement, Alexandre le Grand n'est pas toujours perçu avec le vrai sens qu'il donnait à son action qu'il avait voulu également immortelle, comme les Dieux.
Son sens de l'équité et de la justice devait beaucoup à son enfance, et à ses rapports troublés avec son père Philippe de Macédoine.
Il ne pensait donc nullement qu'être le plus fort donnait tous les droits sur ceux qui étaient considérés comme des barbares ou des plus faibles, à la différence d'Aristote. Au contraire, dans ce véritable clivage, il se posait souvent la question du juste et de l'injuste, à l'image de Zeus. Et cela avait le don d'agacer son entourage macédonien et grec, autrement plus expéditif que lui. Il cherchait ainsi plutôt à promouvoir la sincérité et le courage, et se méfiait des gens tortueux et trompeurs, si prompts à se mettre en avant pour porter des jugements à l'emporte-pièce, en pensant à tort masquer leur iniquité.
Lui n'avait jamais cherché à établir l'un des plus grands empires que la Terre ait porté par simple avidité, mais au contraire parce qu'il était porteur d'une vision transcendante. Et de la transcendance, aussi bien que du grand art stratégique, il en fallait pour vaincre les troupes sept fois supérieures en nombre du Shah de Perse, Darius III (vers 380 - 330av. J.-C.), pourtant réputées invincibles avec ses redoutables "Immortels".
Sinon, il serait resté chez lui en Macédoine plutôt que de prendre des risques aussi incroyables pour réaliser l'impossible, et la Perse aurait gardé son rang de Première puissance du monde.






Que pourrait apporter aujourd'hui un personnage si unique qu'Alexandre, avec son Soleil macédonien ?
On se demanderait ce qu'il vient faire là. Pourtant, dans ses comportements, le XXIème siècle débutant n'est pas si éloigné de celui du philosophe Aristote - auquel il se réfère beaucoup trop sans le savoir forcément.

Sans doute que pour des hommes ou des femmes à courte vue, Alexandre ne serait pas forcément le bienvenu, avec sa recherche du grand, du noble, et du beau. Pourtant, dans l'édification du monde inconnu qui poind, sa présence pourrait s'avérer au contraire rassurante, pour garder la foi en quelque chose que l'on ne voit pas.

De fait, Alexandre ne fit pas que conquérir, il construisit également un monde nouveau que deux-mille-trois-cent-trente-quatre ans n'ont pas réussi à effacer.
Et que savent les gens du mystère de Thalestris, la très belle reine des Amazones, et de leur héritage "caché de si longs siècles"en terre celtique ? Pas grand chose, et pourtant c'est là que résiderait sa majesté suprême !

Thursday, June 9, 2011

Soleil bleu sur le monde: entre "ragnarök" du Septentrion et retour du signe d'Alexandre le Macédonien !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique

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Généralement, nous imaginons le soleil de couleur orange, même lorsqu'il est soumis à une soudaine tempête magnétique d'ampleur anormale et imprévue.
Le 7 juin dernier un phénomène de ce type s'est produit sur l'astre solaire, et du fait de sa distance par rapport à Terre, il était prévu que la tempête magnétique qui se propageait en direction de notre planète, la toucherait le 8 juin à 18 h GMT. Mais là le Soleil est devenu bleu, à l'image d'une orange qui aurait beaucoup trop mûri.
Pour autant, il ne semble pas qu'il y ait eu grandes perturbations des télécommunications de son fait.

Une nouvelle fois se pose le problème de la captation de cette énergie dans le cosmos, et incidemment du rôle de la compagne du Soleil, Némésis, dont nous avons déjà parlé dans un précédent article du 8 mars 2011.
Le Soleil bleu est caractéristique d'anciennes croyances nordiques et singulièrement, de l'avènement du "ragnarök", "le crépuscule des Dieux".
Nous abordons cette question, du fait qu'il n'y a même pas quatre semaines, un nouveau volcan, le Grimsvötn, était entré en éruption soudaine en Islande, en perturbant cependant nettement moins le transport aérien que l'Eyjafjöll l'année dernière. Pour ce qui est du sous-sol terrestre, c'est autre chose. Or le"ragnarök", ce combat du feu et de la glace (la déglaciation), est l'un des thèmes de prédilection d'un vieux fond de croyances islandaises.

Quand on étudie les civilisations du passé, il ne faut jamais omettre de faire de l'histoire des mentalités. On évite ainsi les anachronismes ou les erreurs d'analyse.
Par exemple, Alexandre le Grand (356-323 av. J-C.), ne pensait certainement pas comme un homme du XXIème siècle. Tout le monde en conviendra. En fait, sa vision du monde était beaucoup plus fantastique et ouverte que la nôtre. Il n'a jamais voulu s'empêtrer dans un mode de pensée limitant, y compris celui d'Aristote (384-322 av. J.-C.).
Lorsque ce dernier devint son précepteur, à l'âge de treize ans, il lui apprit que les hommes n'étaient que des "animaux politiques", ce qu'il comprit mal. Il étudia donc la nature, les animaux aussi bien que les plantes, mais ne vit rien de semblable à ce que décrivait Aristote. Car nul n'y passait son temps à voter, à ses observations pourtant attentives. Et pourtant la Nature semblait plus harmonieuse que la société des hommes. Peut-être la Nature était-elle supérieure à ces derniers, se disait-il !
Aussi quand Aristote, lors de ses conquêtes l'enjoignit de traiter les peuples conquis comme des animaux ou des plantes, Alexandre les traita bien. Il est vrai qu'il aimait se montrer facétieux avec son maître qu'il trouvait grincheux, en donnant un tout autre sens à ce qu'il disait !

L'enfance d'Alexandre est très importante pour comprendre ce qu'il devint.
Ce n'était pas un enfant méchant, il était seulement très fort et particulièrement précoce.
Il écoutait bien ce que disait sa mère Olympias, cette princesse "Molosse" de la dynastie Eacide que Philippe II de Macédoine avait épousée.
Quand elle lui dit que son vrai père était Zeus, qui l'avait visitée en songe une nuit, il la crût.
Un autre épisode de sa vie allait le marquer à jamais. Un jour, il vit dans le ciel, le Soleil passer du orange au bleu. Oui, c'est ça, son soleil était soudain devenu bleu, avant de redevenir normal.
Le soir, il en parla à sa mère : pourquoi une telle chose s'était-elle produite ? Ne l'ayant pas vu elle-même, elle lui dit que cela ne lui paraissait pas possible, puisque sa couleur était orange, d'or mordoré. Sinon, cela aurait voulu dire qu'il était appelé à conquérir le monde.
Alexandre ne retint que la deuxième phrase, parce qu'elle était étonnante, et il s'endormit heureux de connaître le destin du fils de Zeus. Et c'est ce qu'il fit, une fois devenu roi de Macédoine (336-323 av. J.-C.).

Certains croient en leur bonne étoile, mais Alexandre lui, croyait en son Soleil bleu.
Tout son cheminement s'explique en partie par ce secret d'enfance.
Un jour, il avait également demandé à Aristote ce que signifiait la vision du Soleil bleu, mais pour la première fois, celui qui avait réponse à tout, sécha. Il pensait que cela pouvait avoir rapport avec un message de Zeus ou des Dieux, mais comme lui-même ne croyait ni en Zeus ni dans les Dieux, il ne pouvait lui répondre vraiment. C'était à lui de le découvrir.
Or le Soleil bleu se manifesta à plusieurs reprises dans sa vie de conquérant : à Tyr (Phénicie), il put venir soudain à bout d'un long siège de sept mois qui menaçait de s'éterniser, du fait d'un soleil bleu qui darda de son rayon le mur de la place forte. Il y fit un grand trou, Alexandre y pénétra avec ses hommes, et là la ville se rendit très rapidement (332 av. J.-C.). Et plus tard et beaucoup plus à l'est, lorsqu'il avait réussi à vaincre après de longs combats au nord-ouest de l'Inde, le roi Poros, dont les étranges animaux caparaçonnés (des éléphants de combat), effrayaient pourtant ses troupes, il revît dans le ciel ce Soleil bleu (326 av. J.-C.).
Il eût l'impression qu'il lui parlait en lui disant de ne pas se lancer à la poursuite des fuyards, et de retourner à Babylone, pour profiter de son immense empire : c'est ce qu'il fît.
Les Hindous crurent avoir été sauvés par un immense "vimana" (sorte de vaiseau stellaire du Mahabharata), tandis qu'Alexandre ne faisait que suivre le Soleil bleu de son destin.

Lundi prochain, cela fera 2334 ans qu'Alexandre le Grand est mort à Babylone, probablement empoisonné sur l'ordre d'Aristote et du général macédonien Antipater, qui gouvernait la Macédoine en son absence.
Normalement, il avait été prévu de longtemps qu'un événement de grande ampleur se produise ce jour-là. Mais il ne s'agit sans doute que d'une vieille légende macédonienne, entremêlée de mystères égyptiens, qui croyait au signal céleste du Soleil bleu d'Alexandre en terre celtique.
Et sans doute n'y aura-t-il rien de vraiment nouveau sous le Soleil, le 13 juin 2011 ? !
C'est le jour où Alexandre doit dire à Diogène : "ôte ton tonneau de mon chemin, si tu ne veux pas que mon Soleil bleu l'azimuthe" !

Wednesday, June 1, 2011

La nouvelle donne énergétique allemande et son impact mondial inattendu : vers un vrai XXIème siècle ?

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique
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L'Allemagne a annoncé de façon fracassante sa décision de renoncer à produire de l'énergie nucléaire sur son sol, le lundi 30 mai dernier. Toutes ses centrales nucléaires doivent être fermées d'ici onze ans, en 2022. L'énergie nucléaire est clairement considérée comme trop dangereuse pour la population.
A cet égard, l'arrêt présent du réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Civaux dans la Vienne (France), pour cause "officieuse" de sécheresse, rappelle le caractère crucial de la phase de refroidissement par l'eau douce des rivières, dont le débit ne doit pas être trop bas.
En fait, contrairement à ce qui a été dit, l'Allemagne n'est pas le premier Etat européen à avoir fait cette annonce-choc. Peu de temps après la catastrophe nucléaire de Fukushima (région de Sendaï, Nord-Est du Japon) de mars 2011, c'est la Suisse qui avait pris la première cette décision historique. Toutefois, la décision allemande est encore plus marquante en raison de sa proximité de date : ce sera dans son cas, douze ans avant la Suisse (2034).
Egalement, l'Allemagne est la première puissance économique et financière de l'Europe.
Ceci dit, la Suisse n'est pas mal placée non plus avec son rôle méconnu de "petit géant de l'Europe". N'oublions pas que ces deux pays sont frontaliers et partenaires économiques et financiers de longue date, et qu'ils ont en commun une langue, l'allemand - dans le très riche canton de Zurich notamment pour la Suisse) !

En réalité, l'Allemagne (et incidemment la Suisse), risquent de laisser sur place les autres nations européennes. On pense immédiatement à la France, qui est le premier partenaire économique et commercial de l'Allemagne (plus de 40% des échanges). Les économies des deux pays sont tellement interdépendantes que l'on parle de plus en plus de "Françallemagne", dans ce couple tumultueux.
Pour la France, et singulièrement pour Areva, cette annonce sonne comme le tocsin.
Elle a ainsi essayé de minimiser rapidement la décision allemande qui semble l'avoir prise de court, tout en faisant part de son étonnement et de ses doutes sur sa faisabilité pour l'économie allemande.
On pense à l'heure actuelle que dans ce cas, l'Allemagne va devoir importer davantage d'électricité d'origine nucléaire française. Rien n'est moins sûr en fait, car nous sommes au contraire déjà importateur net d'électricité allemande.
La France doit donc prendre le train en marche et se lancer plus résolument dans la voie des énergies de substitution, tout en se ménageant des phases de transition avec le retour du Plan.
Le nucléaire représente 120 000 emplois en France, alors que le secteur en croissance des énergies renouvelables en Allemagne en compte déjà 350 000. La France est peut-être en train de rater un virage important fait au bon moment, voire au dernier moment. Il est vrai que le coût du démantèlement des centrales nucléaires et du traitement des déchets sur très longue durée reste opaque : de 15 milliards d'Euros de provisionnement, on passe plutôt à 150 milliards d'euros en termes réels.

Onze ans, c'est le temps d'un cycle solaire complet et normal. Et c'est également le temps minimum que s'accorde l'Allemagne pour développer des énergies de substitution, avec un rôle notable pour le projet "Desertec" au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (sous réserve d'une paix rapide en Libye d'ici le 30 juin 2011). Il paraît également probable qu'à l'instar des USA, elle relance ses recherches appliquées sur "l'énergie libre" de l'austro-américain (d'origine serbe, mais né en Croatie), Nikola Tesla (1856-1943), si ce n'est déjà en cours.
"Desertec" est un projet allemand visant à installer des kilomètres de miroirs solaires dans le désert, notamment au Sahara, et d'exporter l'électricité générée par le Soleil, vers l'Europe, à hauteur de 15% de ses besoins annuels tout de même. Rappelons que l'Allemagne n'est actuellement dépendante qu'à 23% de l'énergie nucléaire, contre 81% pour la France, selon les toutes dernières estimations. Ni son projet, ni sa décision du début de la semaine ne sont donc irréalistes.
Quant à "l'énergie libre", dont la mise au point et le développement furent stoppés aux USA en 1891 par John Pierpont Morgan (1837-1913), le banquier de Tesla, pour cause de gratuité, elle est clairement relancée. Tesla avait en effet tenu une conférence remarquée sur l'énergie cinétique illimitée du vide (l'"éther" des anciens, pas si vide que ça) à l'American Institute of Electrical Engineers le 24 mai 1891. Sa démonstration fut aussi géniale que lui, mais sonna malheureusement le glas de ses travaux. Morgan lui aurait déclaré : "Si cette énergie est à la portée de tous, où mettrons-nous le compteur ?"

Tesla avait suivi des études d'ingénieur à l'Ecole Polytechnique de Graz (Autriche), puis à l'Université Charles de Prague (Bohême, également autrichienne à l'époque), mais sans jamais accomplir tous ses semestres, pour des raisons familiales. Il devint donc ingénieur en 1881 à Budapest (Hongrie, aussi sous domination autrichienne en ce temps là), avec l'équivalent d'un baccalauréat scientifique seulement, mais des dons pratiques phénoménaux. Puis il émigra en France en 1882 (mais ses travaux n'intéressaient personne), et enfin aux USA en 1884 pour travailler avec Thomas Edison (1847-1931), le fondateur de General Electric. Une partie non négligeable de ses quelques 900 brevets d'invention environ, ont été attribués par erreur à Thomas Edison. Il faut préciser pour la petite histoire, que Nikola Tesla était médium et avait d'autres talents très spéciaux : ils provenaient de sa mère, et surtout de la foudre qui l'avait frappé dans sa prime enfance sans le tuer, d'où sa passion pour les rayons et les ondes.
Aujourd'hui, la question du "compteur" de Morgan a été résolue. Et "l'énergie libre" remet totalement en question la donne selon laquelle les ressources énergétiques de la planète seraient limitées, et que la "décroissance" serait désormais notre lot obligé. Nous avons trop longtemps vécu sur cette erreur fondamentale et dramatique, cause cachée des deux premières guerres mondiales.

La France à notre sens ne peut pas rester en dehors de ces recherches cruciales pour le maintien de son modèle économique, et également soyons clair, sa survie en tant que puissance économique et scientifique d'importance !
Et concernant particulièrement "l'énergie libre", elle devrait solliciter une vraie compétence (que le nouveau venu soit ou non ingénieur ou physicien), complétée d'une expérience de onze ans sur la cage de Faraday in vivo, et d'un brio créatif. Cela devrait se faire avec l'attribution d'un titre et d'une charge officiels, d'une rémunération à la hauteur de l'enjeu, d'un laboratoire bien équipé pour diriger les recherches, et enfin d'assistants et d'assistantes : le site d'Orsay nous paraît très bien pour faire suite aux travaux de Colorado Springs (sur la cage de Faraday) et de Long Island de Tesla. A elle de choisir son futur désormais !
Précisons que la physique de Newton de 1687 fondée sur la gravité n'est plus valable aujourd'hui, à l'ère du vide quantique. Beaucoup de choses qui paraissaient impossibles à cette lointaine époque, sont aujourd'hui devenues réalités. Les Newtoniens actuels, auxquels Tesla s'était également affronté avec succès en son temps, ne peuvent donc être d'aucune aide. On sait très bien que même la masse (ou inertie) n'est en fait que de l'énergie.







La décision allemande de renoncer à son programme nucléaire, on le voit, pourrait annoncer en réalité une nouvelle ère pour l'humanité, non sans difficultés multiples. Elle va au départ être assez coûteuse en investissements, mais pourrait être également porteuse d'une incroyable espérance pour les hommes (et les femmes) du XXIème siècle, s'il n'y a pas de grand à-coup.

Du reste, les USA semblent aller discrètement dans le même sens, puisque General Electric a elle-aussi des projets de quantité de miroirs solaires géants dans le désert d'Afrique du Nord. De plus, leurs études sur la ionosphère (siège de "l'énergie libre") en Islande, dérivées des travaux précédents de Nikola Tesla à Colorado Springs et à Long Island (New York), sont largement concluantes.

L'ère du post-nucléaire est engagée de toutes façons. Le plus singulier dans tout ça, c'est que l'Allemagne ne semble pas elle-même paradoxalement, tout à fait consciente de ce qui va advenir, ni de ce qu'elle a mis en marche (avec la Suisse) pour le monde.

Une possibilité va néanmoins se faire jour au fil du temps : le monde pourrait éventuellement connaître un nouvel Age d'or dans cette grande transition, en laissant derrière lui le terrible Age d'airain que nombre d'Humain (e) s semblent affectionner sans le dire. Cela n'arrivera que si Dieu le veut vraiment, ce qui n'est pas certain. Et pour ça, il faudra que le futur que nous entrevoyions ne soit pas en fait un passé très antérieur !