Saturday, June 9, 2012

"Le tendre secret amoureux d'Olympe et de Louis (XVI), Acte I : l'heureux dénouement de "Zamor et Mirza" !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique
(traduit de l'anglais et adapté par lui-même pour la francophonie)
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Il y a deux ans, nous avions déjà écrit à plusieurs reprises en français sur le sujet d'Olympe de Gouges (1748-1793) et de Louis XVI, pour dévoiler leur tendre histoire amoureuse de façon historique. Mais cette fois-ci, nous voulons aller plus loin et donner encore plus de détails précis, présentés sous la forme d'un scénario de film (ou de pièce de théâtre).


Scène I : Olympe est arrêtée sur scène à  la Comédie Française

Nous sommes en septembre 1785 à Paris. Olympe, qui est une actrice de théâtre, est prête à rentrer en scène à La Comédie Française pour sa pièce controversée contre l'esclavage : "Zamor et Mirza ou l'heureux naufrage".
L'on en est déjà à la scène VIII de l'acte I.
Olympe interprète "Sophie", la fille naturelle du Gouverneur De Frémont dans une dépendance française de l'Inde. Il y a alors ce dialogue avec son vis-à-vis indien, l'esclave Zamor qui s'adresse à elle et à Valère, son mari :
"C'en est fait, malheureux Etrangers ! Vous n'avez plus d'espoir. Une vague vient d'engloutir le reste de l'équipage avec toutes vos espérances.
Sophie :
Hélas ! Qu'allons-nous devenir ?"

A ce moment, il eût un curieux bruit métallique à l'arrière de la scène, comme des épées, ce qui perturba la pièce.
Olympe se retourna vers l'acteur interprétant Valère qui n'avait pas pu dire sa tirade, et lui souffla :
- Je n'ai pas écrit que les grenadiers et les soldats devaient venir maintenant.
Ils ne sont attendus qu'à l'Acte III, à la fin de la Scène 4.

Mais très rapidement, un véritable officier monta sur la scène et interrompit la pièce en proclamant :
- La pièce est annulée par ordre du Roi. Que tout le monde évacue la salle! Dehors, vite !

Et ses hommes obligèrent le public à quitter le théâtre rapidement.
Olympe était seule face à ces solides gaillards armés, mais elle essaya de se plaindre :
- Qu'est ceci ? Le Baron de Breteuil, votre maître, m'avait autorisée à jouer ce soir.
Le Ministre de la maison du Roi et de Paris m'a donné sa parole.

L'officier éclata alors de rire, en lui disant :
- Il m'a aussi dit que je serai promu commandant...il y a deux ans déjà. Mais je suis toujours capitaine !

- Vous voulez dire qu'il n'est pas un homme de parole, lui répondit alors Olympe.

L'officier prit alors un papier cacheté dans sa poche qu'il lui montra :
- Ceci est une lettre de cachet dirigée contre vous , Olympe de Gouges ! Le baron de Breteuil me l'a donnée personnellement. Et mes ordres sont de vous mettre en état d'arrêt pour trouble à l'ordre public, et de vous conduire tout droit à La Bastille. N'ajoutez pas la sédition aux charges pesant sur vous !

Olympe se mit à avoir des sueurs froides et son teint devint terriblement livide :
- La Bastille ?! La Bastille ? !
Mais certains n'en sortent jamais. Je ne veux pas mourir là-bas, dans l'oubli complet.

L'officier se faisant soudain plus dur lui répondit :
- Suivez-moi immédiatement ! J'ai un rendez-vous galant juste après, et je veux qu'on en termine rapidement.

Scène II : A La Bastille avec le Gouverneur

Olympe ne le sait pas encore, mais elle ne va rester que pour quelques jours seulement à la Bastille, grâce à l'heureuse rencontre de ...son Gouverneur, le Marquis de Launay. Son ordinaire n'est pas mauvais en fait, et le Gouverneur vient la voir en personne.

C'est un vrai gentilhomme, et il lui dit :
- Si vous avez besoin de quelque chose en particulier Madame, je peux être de quelque utilité à votre égard.

Olympe :
- Oui, je veux recouvrer ma liberté.

Le Gouverneur :
- Vous savez très bien que cela ne dépend pas de moi, ma chère. Je parlais de vos nécessités quotidiennes bien sûr. Avez-vous besoin d'une servante par exemple ?

Olympe :
- Je ne savais pas qu'il était possible d'en avoir une dans cette prison...ou plutôt dans ces appartements fortifiés, comme je l'ai découvert. Mais oui, cela me fera une compagnie.

Le Gouverneur donne l'impression qu'il se retire, mais soudain il revient vers elle. Quelque chose l'intrigue à propos du soit-disant ordre du Roi. Et il ne veut pas commettre la même bourde qu'en 1778 avec lui.

Olympe :
- Avez-vous oublié quelque chose, Gouverneur ?

Le Gouverneur De Launay :
- Eh bien, je dois dire que je trouve étrange que vous soyiez ici par ordre du Roi à cause de votre pièce contre l'esclavage.

Olympe :
- Pourquoi  ça ?

De Launay :
- Récemment, j'étais à la Cour de Versailles, et j'ai clairement ouï notre bon Roi, lequel a supprimé la torture il y a six ans déjà, condamner l'esclavage comme quelque chose de non-chrétien.

Olympe :
- Vraiment ?

De Launay :
- Madame, je ne peux rien vous promettre, mais je vais essayer de faire quelque chose pour vous aider.
Depuis D'Artagnan, le célèbre mousquetaire gascon, nous avons deux manières d'entrer en contact avec le Roi, soit par l'intermédiaire de son Ministre en charge de la Police (mais il s'agit de Breteuil), soit au moyen d'un messager que nous pouvons envoyer exceptionnellement au "Cabinet Noir" de Versailles.

Olympe :
- Je vois. Donc vous voulez entrer directement et discrètement en contact avec le Roi, par le biais de son cabinet secret.

De Launay :
- Oui, j'enverrai mon messager dès demain. Je vous souhaite une bonne nuit, Madame !

Scène III: Dans le "Cabinet Noir" du Roi à Versailles

Le messager (après avoir salué le Roi) :
- J'ai un un message spécial pour vous votre Majesté. Mon maître, le Gouverneur de La Bastille vous fait humblement savoir qu'il a pris en charge votre nouvelle prisonnière.

Le Roi, surpris :
- Quelle prisonnière ?!

Le messager :
- Cette actrice un peu folle connue sous le nom d'Olympe de Gouges qui a écrit une pièce critiquant l'esclavage, et dont s'offusquent les colons d'outre-mer.

Le Roi :
- Quoi, je n'ai jamais donné un tel ordre !  Et elle n'est pas folle selon moi, pour condamner l'esclavage. Il est une plaie de l'humanité depuis si longtemps. Ah, je peux voir la malencontreuse intervention de Breteuil dans tout ceci.  Encore lui !  Je suis le Roi de France et il n'est qu'un parvenu dans les bonnes grâces de ma femme !  Pour qui se prend-il ?

Le messager :
- Quelle réponse dois-je donc donner au Marquis De Launay, votre Majesté ?

Le Roi :
- Je rédige céans l'ordre annulant la lettre de cachet utilisée par le Ministre de ma maison et de Paris. Et ton maître devra la libérer immédiatement lorsque tu lui donneras.

Le messager :
- A vos ordres, votre bonne Majesté !

Le Roi :
- Si Breteuil tente à nouveau de la renvoyer à La Bastille, qu'il ignore son ordre et m'en fasse céans rapport, comme je viens de l'écrire dans cette lettre royale !


Scène IV : A nouveau à La Bastille

Le messager s'adressant au Gouverneur :
- Monseigneur, le Roi m'a donné cette lettre annulant la lettre de cachet contre Madame Olympe de Gouges.
Il a dit qu'elle devait être libérée immédiatement, et également de ne plus rien écouter de ce qui viendra du Baron de Breteuil la concernant.

Le Gouverneur :
- Bien, bien, bien ! Son séjour aura été très court en ce cas.
Je m'en vais lui annoncer la bonne nouvelle. Prépare mon carrosse pour elle (en attendant), afin qu'elle puisse aller où elle te le demandera à Paris, Pierre !

De Launay se rend dans les appartements d'Olympe. Elle est en compagnie de sa toute nouvelle servante, Marie. Toutes deux parlent joyeusement "chiffons" et "frisettes".
- Madame, je suis désolé pour cette intrusion, mais j'ai un message urgent pour vous. Vous devez quitter La Bastille immédiatement par ordre du Roi.

Olympe :
- Je ne veux pas aller à la prison du Châtelet, c'est affreux là-bas !

Le Gouverneur :
- Certainement pas, Madame ! Vous êtes libre, et mon carrosse est prêt pour vous emmener dans tout endroit à votre convenance à Paris.

Olympe :
- Oh ! Longue vie à notre gracieux Roi Louis XVI ! Il est vraiment un souverain plein de justice.
Puis-je vous demander quelque chose, Monsieur le Gouverneur, si ce n'est pas abuser de l'efficience de votre bonté à l'égard de ma personne ?

De Launay :
- Que puis-je faire d'autre pour vous qui commencez déjà me manquer, ma Dame devenue si chère ?

Olympe :
- D'abord, fermez les yeux, et laissez-moi faire !

Il clôt ses yeux, et elle lui donne alors un baiser sur la joue en récompense de son aide.
Le Gouverneur est tout à fait ravi, et écoute ce qu'elle veut lui demander.

Olympe :
- J'aimerais rencontrer le Roi pour le remercier de la considération qu'il vient de me manifester, Marquis.
Pensez-vous que votre messager puisse lui transmettre une telle demande d'entrevue ?

De Launay :
- Je ne sais, mais nous allons essayer. Après tout, le Roi a défendu votre personnalité devant lui si j'ai bien compris ce qu'il m'a rapporté. En ce cas, je le renverrai demain au "Cabinet Noir" de Versailles.
Revoyons-nous alors d'ici deux jours, à midi, dans le jardin du Palais Royal ! Là je vous dirai quelle réponse j'ai reçue.

Scène V : Dans le jardin du Palais Royal près de la Comédie Française


Olympe est dans l'attente du Gouverneur De Launay. Elle repense à La Bastille qu'elle vient juste de quitter. Elle a été étonnée de découvrir que c'était en fait une prison de luxe pour seulement quelques nobles ou hommes d'église. Arrêtée au nom du Roi et libérée rapidement par ordre de ce même Roi, quel étrange événement ! Cela pourrait faire un bon sujet pour une pièce de théâtre.

Le Gouverneur De Launay arriva à midi comme promis. Il était souriant lorsqu'il lui baisa la main, en disant :
- J'ai une bonne nouvelle pour vous, Madame. Le Roi Louis XVI accepte de vous accorder une entrevue après-demain, dans son "Cabinet Noir"de Versailles pour plus de discrétion.

Olympe :
- Ah, vous êtes formidable, Monsieur De Launay, vraiment formidable ! Je suis contente qu'il y ait encore des gentilshommes comme vous à Paris.

Le Gouverneur :
- Merci Madame ! C'est si rare pour moi de rencontrer une femme intelligente de votre qualité, et si belle et spontanée avec ça. Vous allez vraiment beaucoup me manquer quand je vais m'en retourner dans ma forteresse, tout seul. Je serai triste de ne plus avoir l'heur de voir votre joli visage ; mais d'une certaine façon, je serai également heureux pour vous.

Olympe :
- Vous êtes un homme de coeur, Monsieur De Launay, et je suis sûre que votre femme a dû réaliser qu'elle était riche de cela.

Le Gouverneur :
- Et vous, vous êtes réellement une femme passionnée telles qu'elles sont dans le Sud-Ouest de la France, Madame.
Soyez donc ici à 7 heures du matin d'ici deux jours, et mon carrosse vous conduira jusqu'au Roi à Versailles !

Olympe, en bonne gasconne, ne put s'empêcher de l'embrasser à nouveau sur les joues, avant de se séparer. Et De Launay en fut très fier.

Scène VI : La tendre rencontre du Roi

La rencontre d'Olympe et du Roi dans la chambre secrète appelée "le Cabinet Noir" de Versailles, ne se déroula pas vraiment de façon ordinaire.
Elle posa un genou à terre devant lui et embrassa la bague de sa main droite.

Le Roi :
- Levez-vous, Madame ! Je suis ravi que vous soyez libre désormais. J'ai averti Breteuil de ne pas abuser des lettres de cachet.

Olympe :
- Vous êtes bien plus grand et plus impressionnant que je ne l'avais pensé, votre Majesté. Cest si surprenant pour moi !

Le Roi :
- Vous ne devriez pas accorder crédit aux caricatures. Vous par exemple, vous n'êtes pas non plus l'auteur de pièces de théâtre un peu fôlatre que Breteuil et même quelques personnes de la Comédie Française décrivent, par jalousie et malveillance évidentes.

Olympe :
- Je ne savais pas que le Roi de France en personne s'intéressait à mes écrits, votre Majesté ! C'est une  révélation à la fois agréable et bouleversante pour moi que vous croyiez en mon talent, particulièrement sur le sujet de l'esclavage.

Le Roi :
- Je pense à l'abolir dans l'empire français d'outre-mer, mais le parti des colons est très puissant et influent à la Cour, sans parler de celui de Breteuil. Aussi, il me faut choisir le bon moment pour faire cette annonce solennelle. Car la dernière où j'ai fait disparaître la "question" (c'est-à-dire la torture) en 1779, m'a amené de terribles critiques et de mauvaises réactions du Parlement de Paris.

Olympe :
- Je me rends compte maintenant combien difficile est la tâche d'un Roi. Vous devez vous sentir bien seul parfois, votre Majesté ?

Le Roi :
- Oh ça oui ! Et j'ai alors le sentiment que personne ne s'inquiète de moi.

Olympe :
- Nous pourrions être amis, s'il n'est pas trop impoli de vous le suggérer, votre Majesté ?

Le Roi :
- J'aimerais beaucoup avoir une véritable amie dans ma vie, mais ça ne pourrait se faire qu'ici Madame, dans mon "Cabinet Noir".

Olympe :
- Oh mais, cela ne me dérange nullement, aussi longtemps que vous souffrirez ma présence, Majesté...Louis !


Lorsqu'elle le quitta, ses yeux pétillaient comme autant d'étoiles et il s'en rendit compte. Il commençait à être surpris et de plus en plus intéressé par cette femme qu'il trouvait belle.

Elle fit à nouveau une génuflexion et embrassa la bague de sa main droite. Mais quand il l'aida à se relever, elle prit soudainement le risque de lui donner un tendre baiser sur les joues...et sur les lèvres ! Louis devint tout rouge.

Olympe :
- Je dois admettre que je suis déjà amoureuse de vous, votre Majesté. Ce que vous avez fait pour moi, vos actions pour le royaume et votre personne aussi sont si chevaleresques ! Vous apparaissez à mes yeux comme un Roi juste et noble...et aussi comme l'homme idéal !

Louis XVI, qui se trouvait pour la première fois de sa vie dans une telle situation lui répondit :
- Ne vous inquiétez pas Madame, je ne suis pas courroucé parce que vous m'avez embrassé amoureusement et par surprise.
Vous êtes la première femme à se conduire aussi spontanément avec moi. Et c'est terriblement nouveau, et si rafraîchissant également.

Alors qu'ils se souriaient gentiment l'un à l'autre, Louis ajouta :
- Bon retour à vous Madame ! Normalement, je ne dirais pas cela, mais gardez votre naturel. C'est inhabituel pour moi, mais tout à fait agréable à la vérité. Je viens de découvrir aujourd'hui une nouvelle et rare saveur dans ma vie de Roi, qui me pèse tant. Peut-être aurons-nous l'occasion de nous revoir ici, Olympe !...


                                                                                                  (A suivre)

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