Monday, December 2, 2013

Une singulière et "ébouriffante" énigme historique : la disparition plutôt soudaine des Tokhares !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique
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On ne connaît pas énormément de choses sur la civilisation des Tokhares, également appelés Tokhariens, sans qu'on sache exactement si c'était leur vrai nom, ou au contraire un surnom.
Les Chinois de Xian les appelaient les "Quan-Rong" (les "Rong-Chiens") quant à eux, le terme "Rong" faisant clairement référence à leur origine occidentale les distinguant particulièrement.
De fait, ils auraient vécu dans l'ouest de la Chine (Xinjiang) pendant plus de mille-huit-cent ans, jusqu'au IXème siècle de notre ère, avant de disparaître dans le néant de l'Histoire plutôt subitement.
A cet égard, il faut savoir qu'il existe dans le désert de Dzoosotoyn Elisen, le pôle d'inaccessibilité, le mystérieux point terrestre le plus éloigné de tout rivage. Il y a aussi le désert de Taklamakan qui couvre une bonne partie du Xinjiang.
Mais les Tokhares vivaient plus normalement dans le bassin du Tarim avec ses oasis.
Le plus étrange et le plus "ébouriffant" cependant les concernant, c'est que pratiquement aucun livre d'histoire ne les mentionne jamais. Pourtant, leur existence passée est tout à fait connue et même reconnue depuis plus d'un siècle en Occident.
Il y a bien des traces physiques de leur long séjour, notamment des momies retrouvées sous des tumuli à la fin des années 1970, et qui sont vieilles d'environ 3000 ans pour la plupart.
Mais, c'est un peu comme si ce peuple avait silencieusement disparu de l'Histoire pendant plus d'un millénaire. Curieusement d'ailleurs, le récent renouveau d'engouement à leur égard semble s'être considérablement affadi en Occident.

Il s'agissait de peuplades Indo-Européennes venant de l'Ouest, plutôt que d'un peuple unifié sous l'égide d'un seul Roi. En fait, ils auraient clairement eu plusieurs Rois en même temps, d'ouest en est, dans les villes de Kachgar, Aksou, Koutcha, Karachahr, Tourfan et Hami.
On peut cependant remarquer que Koutcha semble avoir eu une importance toute particulière par rapport aux autres, comme si son rôle avait été le plus marquant, et donc prédominant.
Et on ignore toujours s'ils étaient ou non des Celtes, ou se contentaient de s'habiller comme eux avec l'usage notable du tartan.
La plupart des spécialistes doutent maintenant qu'ils aient été des Celtes qui se seraient déplacés aussi loin.
Pour justifier un revirement certain, ils suggèrent que les fameux tartans auraient simplement été vendus aux Tokhares par des marchands des caravanes Perses, sur le chemin de la Route de la Soie.
Mais ils ne disent pas d'où les Perses les auraient tenus : l'argument n'apparaît donc pas vraiment scientifique. Et le doute persiste encore, même si l'emballement des années 1990 paraît avoir disparu.

Les plus passionnés par les recherches archéologiques à leur sujet sont les scientifiques Chinois, les Occidentaux et notamment les Français marquant clairement le pas sans qu'on sache pourquoi.
Ces derniers y-ont-ils vu un suffocant reflet du futur et pas seulement du passé, particulièrement "usant" à conjurer par un silence craintif et un vexant retour sur leurs pas ?
Tout cela est quand même curieux, car à notre connaissance personne n'a jamais émis l'hypothèse que ces hommes de haute taille, blonds ou roux, et sans doute aux yeux clairs, aient spécifiquement pu être des Gaulois, à  l'analyse des momies retrouvées.
La ou plutôt les langues des Tokhares, puisqu'on distingue le Tokharien A du Tokharien B, présentent des similitudes avec les langues Germaniques et le Grec ancien, voire l'Italo-Celtique.
Et cela irait bien dans le sens d'une origine ouest-européenne, quelle qu'elle puisse être.
Cette division en deux idiomes faisaient qu'ils ne se comprenaient pas toujours entre eux, rendant difficile l'unification totale des différents groupes qui les composaient, selon les philologues. Là encore le point de vue est un peu rapide : s'il est tout à fait possible de mener de longues conversations entre un Italien et un Espagnol, sans passer par un traducteur, on pressent qu'il en était probablement de même entre Tokhariens A et B.

Les Tokhares étaient encore là quand Alexandre le Grand (356 av. J.-C. - 323 av. J.-C.) devint Shah de Perse et Protecteur de Xian, après la mort de Darius III (vers 380 av. J.-C. - 330 av. J.-C.).
Il semble qu'ils aient vécu dans une sorte de zone tampon d'environ 450 000 habitants au total, et qu'ils aient commercé avec le royaume de Xian frontalier, en étant soumis à cette époque à l'empire d'Alexandre.
Lui n'avait pas fait de grande distinction, et l'ensemble paraît avoir été soumis à tribut. Du reste, il est possible que les deux idiomes apparentés (les Tokhariens A et le B) se soient fortement teintés du Grec conquérant à ce moment là.
Cela expliquerait également la rapide expansion de la religion des Grecs, avec le panthéon de Zeus, parallèlement à la religion bouddhiste.
Les Tokhares furent religieusement et civilement tolérants, sauf sur la fin sous l'influence malencontreuse de leurs voisins Turco-Mongols.
Leurs difficultés quotidiennes provenaient, semble-t-il, de ce qu'ils se querellaient constamment entre eux pour des futilités ou des inepsies : entre Tokhariens A et B bien sûr, mais pas seulement.
De nos jours, on verrait plutôt ça avec humour, en éclatant de rire. Mais notre époque est-elle vraiment à l'abri de tels travers, souvent trop mesquins ?

Ce sont surtout les Chinois qui ont traditionnellement fait allusion à ce peuple disparu : il eût une grande influence sur leurs croyances, au point que le panthéon Tokharien ait fourni certaines bases à la religion chinoise traditionnelle, par transposition d'éléments de la religion grecque notamment, mais pas seulement : l'identification d'Athéna à la déesse Nüwa des origines, la célèbre déesse Guanyin, et l'apparition de dieux fonctionnels puis "fonctionnaires" entre autres, ont de quoi en surprendre plus d'un !
On a pensé à un certain moment, que les Ouïghours musulmans plus tardifs (des Turco-Mongols), pouvaient être leurs descendants directs bien qu'ils aient détruit leurs vestiges. Mais les résultats des recherches génétiques semblent tout au plus établir un lien indirect.
En fait, ils ont subi l'invasion brutale des Turco-Mongols qu'ils ne craignaient pas suffisamment, et pas celle des Chinois (Han) qu'ils avaient plutôt envisagée. Ils en étaient arrivés à penser vraiment de travers sur leur fin, ce qui fut sans doute la cause de leur disparition soudaine et si ridiculement triste.
De toutes façons, ils refusaient les avis des hommes plus sages et clairvoyants qu'ils écartaient systématiquement des postes de pouvoir : alors, ce qui devait arriver arriva !



Il reste aujourd'hui que la Chine reconnaît l'important apport culturel et religieux Tokharien à son histoire et à sa religion ancestrale.
Les Occidentaux se demandent toujours au contraire, ce que ces peuplades plutôt occidentales d'apparence faisaient là-bas, et comment elles ont pu y rester aussi longtemps, en développant une si riche civilisation commerçante, même démultipliée ?

Il semble que sur la fin, les Tokhares aient manifesté un vif intérêt pour la gynécologie, et donc tout ce qui a trait aux femmes, Turco-Mongoles particulièrement.
Des documents restants de leur mystérieuse civilisation portent en effet sur le développement du foetus à travers les différentes semaines de la gestation féminine.
Et  les Tokhares ont fait fausse route en se crispant sur la fausse menace liés à l'expansion du commerce Chinois vis-à-vis de leurs villes comme Koutcha, faisant ainsi leur les craintes suggérées par les Turco-Mongoles.

Il semblerait qu'ils aient été subjugués et induits en erreur par ces femmes trop séduisantes, au point de modifier subitement et de façon abdicatrice leurs normes libérales, pour leur complaire sans réfléchir.
Mais cette attitude qui cherchait à favoriser leur intégration parmi eux ne leur a guère porté chance : elle a pu faciliter d'autant l'invasion soudaine des guerriers Turco-Mongols et l'avènement brutal d'une nouvelle religion monothéiste qui a grandement exclu la présence des survivants de leurs désormais "ex-territoires".

Carrément rayés de l'Histoire, il n'y aurait alors plus eu que les Chinois pour se souvenir d'eux, et évoquer avec admiration la munificence de leur riche civilisation disparue, si originale.
Déjà bien avant leur disparition, le moine chinois Xuanzang vantait en 629, la beauté du palais de Koutcha, et celle de ses superbes bâtiments à étages, ancêtres de nos modernes buildings - l'or, l'argent et le jade en moins. 

Mais depuis lors, l'on n'est plus dans la pensée magique de Chang'e (la déesse de la Lune), privée d'un Lièvre de Jade - qui n'est donc pas de Mars -, ne fabriquant plus l'élixir d'immortalité humaine.
Ont finalement triomphé le Prince Mansemat, et le Roi Tchoan-luen-wang qui à travers la métempsychose transforme les personnes en humains ou en animaux, en oiseaux ou en poissons, en insectes ou en vers !

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