Thursday, May 20, 2010

L'émergence du Vietnam : de la revanche du jardinier du Havre à celle de la très jolie Marjolaine

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique
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Situé au centre de l'Asie, et possédant une frontière commune avec la Chine, le Cambodge et le Laos, le Vietnam a une forme géographique qui rappelle la lettre S majuscule. Ce grand S se décompose du nord au sud entre le Tonkin avec son delta du Song, l'Annam du centre, et la Cochinchine avec le delta du Mékong.
Sa superficie est de 326 797 km2 et il compte environ 82 millions d'habitants. Si ses villes les plus connues sont Hô-Chi-Minh-Ville (Saïgon) et Hanoï, l'ancienne capitale de Huê bénéficie toujours d'un nostalgique prestige des temps glorieux de son ancien empire. La fantastique Baie d'Halong quant à elle est un lieu magique. C'est d'ailleurs une des destinations préférées des touristes toujours plus nombreux, qui participent désormais du boom économique de ce nouveau pays émergent.

Pourtant, le Vietnam a eu à se remettre de deux terribles guerres de libération, après avoir connu l'occupation japonaise de 1940 à 1945, qui avait fait partir la plupart des grands colons français.
La première a commencé un an après son indépendance proclamée par Hô-Chi-Minh en 1945, qui en fut le premier président, avec la France qui tentait d'y reprendre pied suite à un débarquement militaire en 1946 (armé par les Britanniques). C'est la fameuse guerre d'Indochine qui s'est achevée en 1954 par la victoire des forces communistes, juste après la guerre des deux Corées (1950-1953) et leur très longue trève jusqu'à aujourd'hui.
Et la deuxième, qui a débuté en 1959 entre le Nord (Hanoï) et le Sud du pays (Saïgon), a vu les Etats-Unis soutenir le Sud dans une "guerre-écran" aux côtés du Président Diêm (de 1962 à 1963). Il est à noter que le Président Diêm (1901-1963) a été assassiné le 2 novembre 1963, soit 20 jours avant John Fitzgerald Kennedy (1917-1963), qui voulait se retirer du Vietnam. Ensuite, ce fut l'intervention militaire frontale directe des USA contre le Nord-Vietnam en 1964. Cette horrible guerre s'est achevée par le retrait américain à la chute de Saïgon en 1975, devant la nouvelle victoire des forces communistes.

L'émergence du Vietnam tire sa source dans la volonté de revanche de celui qui fut un temps jardinier de la Ville du Havre lors de son séjour en France, Hô-Chi-Minh, et participa en 1920 à la fondation du Parti Communiste Français, lors du Congrès de Tours.
On n'enseigne jamais en France que le nationalisme initial d'Hô-Chi-Minh, de son vrai nom Nguyên Sinh Cung (1890-1969), après avoir également été "Nguyên Aï Quoc" pour le Komintern soviétique, trouvait son origine dans l'histoire de son père. Il avait en effet vécu comme une grave injustice, appelant un jour réparation, le fait que celui-ci ait sombré dans la dépression, après avoir été destitué de son rôle de mandarin du Protectorat de l'Annam par la France colonialiste de la IIIème République.
Outre la question du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" mise en exergue dans ses aspirations nationalistes puis communistes (1920), on parle rarement du traitement inégal dont étaient victimes les Indochinois, à qui l'on a dénié les droits de l'homme proclamés avec force par ailleurs.

Et il est permis de se demander humainement, si ce n'est pas la constance d'un regard moite et stupidement condescendant, autant que la menace physique de la "petite caisse", qui furent les premiers pas déterminants vers le sentiment persistant d'injustice qui a valu à la France la perte de l'Indochine ?
Cette attitude hautaine et écrasante aura in fine culminé avec un aveuglement hallucinant dans "la bêtise stratégique" de la cuvette de Diên-Biên-Phu, à la suite d'une rupture unilatérale de trêve pour tenter de forcer les choses (fin 1953). En tout cas, l'histoire a retenu qu'elle a entraîné la désastreuse capitulation finale du 7 mai 1954 auprès du Général Giap (né en 1911), au terme d'une bataille de 169 jours : durant les 57 jours de combat finaux, cette enclave qui s'était "volontairement (!) mise dans la position d'être assiégée", fut pilonée régulièrement par des lance-roquettes multiples Katioucha.
Le Général Navarre (1898-1983) et son état-major avaient complètement sous-estimé la capacité des combattants vietnamiens à transporter l'artillerie russe en pièces détachées par mobylettes Peugeot, en bicyclette et à pied dans la jungle jusqu'aux hauteurs surplombant le camp de Diên-Biên-Phu, ainsi que l'art vietnamien des tunnels - qui fut d'ailleurs fatal aux Américains en 1975.

Depuis la fin des années 1980 et la libéralisation économique progressive du pays, le Vietnam connaît un essor sans précédent. De 1992 à 2002, en seulement dix ans à titre indicatif, son PIB a doublé grâce à un remarquable taux de croissance de 7% l'an.
Il est dès lors devenu un pays émergent en s'ouvrant au commerce international, ce qui a d'ailleurs permis à nombre d'entreprises américaines de s'implanter durablement : si les USA ont perdu la guerre contre ce pays en 1975, il est tout à fait clair qu'ils ont gagné la paix, à l'opposé de ce qu'on leur reproche si souvent !
Et ils ont même réussi à normaliser leurs relations politiques tout en résolvant l'épineux problème du "rachat" de la liberté des prisonniers de guerre, censés ne pas exister avant le choc des révélations destinées au Congrès, du film de Ted Kotcheff, "Rambo" (1982) : il a été magistralement interprété par Sylvester Stallone, mais son objet réel n'a toujours pas été clairement perçu en France à ce jour, semble-t-il.
De fait, un important accord américano-vietnamien a soudainement permis aux exportations vietnamiennes d'exploser de 1000% en 2001 ! Et 20% des exportations de ce pays sont désormais destinées aux Etats-Unis.


Plus récemment, en 2005, le Vietnam a intégré l'ANASE (Association des Nations du Sud-Est Asiatique - ASEAN en anglais). Et en 2007, il est entré dans l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce).
En 2008, alors que la nation vietnamienne s'est donnée dix ans pour passer du stade de pays agricole à celui de pays industrialisé, son PIB a atteint environ 51 milliards d'Euros.
Aussi bien la France, qui ne voulait pas être en reste, a confirmé en 2009 son intention de renouer les liens, comme ce fut le cas en 2004, pour développer son commerce extérieur avec ce pays riche de promesses. Mais pour l'instant, le poids des USA, du Japon, de l'Australie, de la Chine et de Singapour sont sans commune mesure.
Il faut dire à la décharge de notre pays que la question vietnamienne a toujours eu des conséquences internes aussi fortes qu'inattendues sur notre histoire, d'où son hésitation perceptible. En effet, c'est bien l'arrestation à la faculté de Nanterre d'un étudiant du "Comité Vietnam national" lors d'une manifestation contre la guerre du Vietnam (22 mars 1968), qui fut le point de départ assez soudain de ce qui allait devenir "Mai 68" ! Cette révolution avortée, de quasiment un mois, allait modifier en profondeur la société française en provoquant d'importantes avancées sociales ou éducatives notamment, et en préludant à un profond changement politique : il y a un avant et un après "Mai 68".


Sur un tout autre registre, nous avons en France une éminente représentante de ce nouveau Vietnam au visage souriant et qui incarne la prospérité : la très belle Marjolaine de "Greg le millionnaire" (2003), et de "Marjolaine et les Millionnaires" (2004) - sa revanche sur le programme précédent.
La présence de cette jeune femme digne d'Aphrodite et de la noble déesse Kwan Yin sont toujours un spectacle rafraîchissant. A travers ses attitudes exquises et intelligentes, elle exalte incroyablement, sans forcément s'en rendre compte, la beauté de l'éternel féminin et un romantisme suave quelque peu "fleur bleue".
Il était particulièrement visible qu'elle était environnée d'envieuses ou de menteurs. La vertu et le désintéressement mis en avant par ses protagonistes de la "télé-réalité", n'étaient vraiment pas évidentes, en dépit du méli-mélo de leurs objurgations sentencieuses ou faussement moralisatrices, ou encore de leurs crises de nerfs caractérielles. Egalement, la volonté peu crédible de se dévouer toute une vie par amour romantique à l'être cher - de préférence sans lui crever les tympans - n'était quant à elle guère perceptible. De même, leur fausse volupté prétendûment séductrice, "digne d'un frigidaire quatre étoiles", était surjouée et sonnait terriblement faux. Et enfin, pour le programme de revanche (elle avait finalement été éliminée du premier par une concurrente très crispée et crispante), c'est Marjolaine cette fois-ci qui devait choisir son prétendant. Mais les garçons étaient d'une mauvaise foi évidente dans leur prétention mensongère à la sincérité, qu'ils exigeaient impudemment d'elle en retour ! Et l'enrobage factice de leurs mots creux, de leur personnalité ou même de leur physique de "dragueurs standards", avait quelque chose de comique et de pathétique, même si ce n'était pas vraiment le but du programme.
Il est franchement heureux que ce n'ait été qu'un jeu, et qu'elle n'ait pas épousé le prétendant "si désintéressé", qui restait pour empocher les 50 000 Euros.
Dieu qui pourrait bien être son plus grand fan en aura été rassuré. Peut-être même l'aura-t-il aidée sans qu'elle le sache, lui qui aime interagir sur le destin présent des Humains ! En tout cas, cela lui a permis de prendre pied dans le monde si fermé de la télévision, pour y commencer une carrière avec son propre programme de divertissement et sa personnalité si rafraîchissante.

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