Sunday, July 3, 2011

Le cadeau oublié de Didon II : et l'Italie se mit en quête de l'or de Carthage !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique

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L'or de Carthage hante les Romains depuis la destruction de la cité par Scipion l'Emilien (185-129 av. J.-C.), sur l'ordre du sénat romain (146 av. J.-C.). On dit que ce vaillant général pleura devant ce saccage qu'on lui avait ordonné d'accomplir, et refusa de prendre sa part du pillage de la ville pour sauvegarder son honneur.
Il ne s'agit pas de l'or des statues que les Romains firent fondre en lingots pour les ramener au temple de Saturne à Rome.
Non, cet or, c'est l'or de Didon, la reine de Carthage qui avait fui Tyr pour échapper à son frère le roi Pygmalion, dont la convoitise avait entraîné la mort de son mari Acerbas.
Deux siècles après la destruction de Carthage sur laquelle on avait jeté du sel pour que rien ne repousse, c'est le grand Jules César lui-même (100 - 44 av. J.-C.), qui avait ordonné la reconstruction de la ville. Et l'actuelle Tunis est donc fille de la volonté de César.
Avec la renaissance du quartier opulent de Mégara, c'est la légende de l'or de Didon qui se répandit telle une traînée de poudre.

A l'époque de Néron (37-68), un carthaginois du nom de Bassus, persuadé de l'existence d'un souterrain sous l'ancienne ville en ruines, arriva même à convaincre cet empereur de financer une expédition de recherches. Il ne trouva rien, malheureusement pour lui, en dépit de ses coûteuses recherches, et cela causa sa mort après la violente colère qui s'empara de Néron.
Pour mémoire, Néron (né Julius Domitius Aenobarbus), qui régna pendant environ quatorze ans, fut le dernier empereur de la dynastie julio-claudienne.
Comme la Rome de Néron avait un moment envisagé que l'or de Carthage puisse apporter une solution à ses difficultés financières, de même l'Italie d'aujourd'hui apparaît à certains économistes sous les traits d'une "Nouvelle Grèce" avec son faramineux endettement (à hauteur de 120% de son PIB).

C'est que depuis la crise financière du 15 septembre 2008, l'or a retrouvé plus que jamais son rôle traditionnel de valeur refuge. Personne n'aime être balloté par la valse du dollar et de l'euro. D'un peu plus de 1000 dollars l'once juste avant cette crise, il est passé ce jour à 1502 dollars. Sa croissance constante depuis le 15 août 1971 (fin de la garantie or du dollar décidée par Richard Nixon - 1913-1994), est spectaculaire, et il pourrait bientôt dépasser 43 fois le prix de cette période de référence. L'Italie possède ainsi le 4ème rang mondial pour ses réserves d'or.
Mario Draghi, le nouveau gouverneur de la BCE (Banque Centrale Européenne), qui remplacera Jean-Claude Trichet en novembre 2011, va devoir trouver des solutions créatives et originales au problème de l'endettement de la zone Euro, et singulièrement à celui de son pays, l'Italie.
Peut-être initiera-t-il enfin le processus intégral d'intervention du FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière) mis en place à la fin-juillet 2010, en "européanisant" la dette de l'Etat européen qui en aura besoin ?
A condition de le faire tant que c'est encore possible, cela pourrait permettre de la diluer sur une plus longue durée dans le temps, grâce à un nouveau taux d'intérêt plus abordable dans ce circuit protégé.





Aujourd'hui, le rocher de Sidi-Bou-Saïd au nord de Tunis attend toujours le découvreur qui mettra au jour le trésor de Didon. Mais on dit que les djinns le protègent en éloignant les intrus de l'entrée du souterrain mystérieux, et qu'ils égarent malencontreusement les plus imprudents.

Comme dans l'Antiquité, les Humains et les Humaines aiment bien titiller Dieu et toucher sans hésiter à son ordonnancement de l'univers : il est normal qu'en retour il les titille également et modifie à sa guise leur propre ordonnancement aux abords de 2012. Mais il est vrai que dans son cas, le moindre frémissement peut prendre le tour d'un formidable ouragan !

La grande leçon des terribles guerres puniques dont nous avons parlé dans notre première partie du 26 juin dernier consacrée à ce sujet, c'est que seul Dieu, ou vu à la façon antique, les Dieux, sont toujours les grands vainqueurs de l'extrême fragilité des destinées humaines !

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