Wednesday, August 3, 2011

Le chemin de Damas : par delà Saint Paul, AMS, et Isa !

par Jean-Jacques COURTEY, Docteur en Géographie Economique

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Quand on parle du "chemin de Damas", on pense immédiatement à Saint Paul : de persécuteur et de dénonciateur de Chrétiens aux Romains - dont Jacques, frère et successeur immédiat de Jésus, jusqu'à sa mort -, Saül de Tarse (vers 8 - vers 67), fut frappé par la foudre sur le chemin de Damas. Il associa cet éclair qui l'avait fait chuté de cheval et rendu aveugle au fait d'avoir été foudroyé par Jésus lui-même, qui lui apparut alors, pour tout le mal qu'il avait fait. Et comme sa vue lui revint trois jours plus tard, il décida de changer radicalement de vie, en faisant tout le contraire. Il changea son nom pour Paul, en suivant de cette manière la nouvelle voie que Dieu lui avait indiquée selon lui. Il devint ainsi l'Apôtre des gentils (les non-circoncis) en s'opposant sur ce point au malheureux Etienne qui doutait de sa conversion. C'est d'ailleurs à travers cela qu'il sépara clairement le courant chrétien du judaïsme, qui n'en était jusqu'alors qu'un rameau.
Et pour cette raison, une partie des exégètes considèrent qu'il a en réalité refondé le Christianisme, devenu de nos jours une institution paulinienne, non sans garder le message de foi, d'amour et d'espérance du Christ.


L'inconnue syrienne réside dans le comportement de l'élite alaouite, vis-à-vis de ses dirigeants, mais également et surtout du reste des Syriens vis-à-vis des Alaouites.
Les Alaouites sont très particuliers et singulièrement mal connus en France, avec leur dieu qui n'est pas exactement Allah, mais AMS. Il s'agit en fait de la trinité des Nusayrites du IXème siècle : A pour Ali, le gendre du prophète, M pour Mahomet, le prophète, et S pour Salman Al Farisi, un compagnon du prophète.
On rattache ce courant religieux très syncrétique (il comporte des éléments musulmans, chrétiens, juifs et perses) à Muhammad ben Nusayr, un chiite irakien.
C'est l'explication la plus couramment admise, l'autre portant sur un culte préislamique qui aurait su perdurer par le secret en s'adaptant aux différents courants religieux successivement rencontrés. Pendant des siècles, il pratiqua la "Takiya" (dissimulation), en développant de façon cachée un culte réservé à des initiés, parallèlement au culte exotérique de type sunnite et non chiite. Ainsi, le rituel ésotérique du cercle intérieur comporte-t-il l'usage du vin pendant la messe, à l'instar du Christianisme.
Depuis 1970, les Alaouites ont pris le pouvoir en Syrie - ancien mandat français de 1920 à 1941 -, avec le défunt général Hafez El Assad (1930 - 2000), père de l'actuel président.

Vient également se mêler inopinément à la révolution syrienne la question du retour de Jésus-Christ sur Terre, près du minaret blanc à l'est de Damas justement : les Musulmans qui croient en fait en lui au moins autant que les Chrétiens - même si la manière est différente -, y attendent son retour à la fin des temps, lorsque les signes annonçant la grande Heure se seront accomplis. Eux le dénomment Isa ben Maryam (Jésus, fils de Marie), et non Iehoushouah ben Joseph (Jésus, fils de Joseph), en soulignant ainsi la paternité de Dieu. Cela explique également leur respect pour la Vierge Marie, et le fait qu'ils prennent très mal, surtout les iraniens chiites, qu'on ose toucher aux mystères de sa maternité divine - ce qui n'est pas sans risques.
L'archange Gabriel, envoyé de Dieu, qui vient annoncer à Marie son futur accouchement d'un enfant divin, est dénommé Gibbril. Il est déjà venu voir sa mère Anna, pour le même objet, Marie étant elle-même d'origine divine (Immaculée Conception). Et c'est le même archange qui dictera plus tard le Coran à Mahomet dans le désert : il est donc très important, voire incontournable, dans les trois religions du Livre (la Bible).
Sur Isa, il y a quelques différences d'interprétation entre Sunnites (courant majoritaire, qui a suivi Abou Bakr, oncle de Mahomet, après sa mort), et Chiites (ceux qui au contraire ont suivi son gendre Ali), ces deux courants étant les plus importants de l'Islam, mais pas les seuls.

En France, on montre beaucoup d'allant pour la révolution syrienne. Il faut dire que Bachar El Assad (né en 1965), s'est empêtré malgré lui dans le cercle vicieux de la répression. Il sait très bien que le sort qu'on lui réserve n'aura rien à envier à celui d'Hosni Moubarak (né en 1928), le président égyptien renversé, actuellement jugé au Caire sur un brancard et dans une cage de fer ! C'est d'ailleurs pour cela qu'il vient d'autoriser ce jour par un décret le multipartisme, en cherchant à désamorcer la "bombe" qui le menace. Le parti Baâth (de la "renaissance") arabe socialiste fondé en 1947, n'est donc plus le parti unique de la Syrie.
On nous dit que la Russie et la Chine bloquent à l'ONU toute résolution autorisant l'emploi de la force par les Occidentaux pour mettre fin à la répression syrienne, façon Libye : elles-seules craindraient un nouveau précédent juridique international, en cas d'expansion de ce type de contestation dans leur pays. Pour autant, l'ONU vient en fait de condamner la répression en Syrie dans une déclaration appelant au dialogue, et en prévoyant d'éventuelles sanctions pour les responsables politiques.
Mais quand on voit le chaos libyen, il ne paraît pas si anormal d'être peu convaincu des solutions toutes faites, chargées de toute l'incertitude des résultats obtenus. De même, le doute demeure sur le changement "démocratique" censé s'opérer.
Et étrangement, il vient à l'esprit de nos hardis commentateurs que les révolutions arabes - et singulièrement la révolution syrienne - pourraient aussi bien toucher par contagion un pays comme le nôtre, à l'instar du mouvement spontané des "indignés" grecs, espagnols ou italiens.
Or, notre peuple a volontairement abdiqué beaucoup de ses libertés pour la simple magie des mots. Qu'arriverait-il si ses sens cessaient d'être hypnotisés par cette lancinante musique ? Nul ne le sait. Mais cela inquiète nos orateurs, qui cherchent à retrouver conviction et allant.
Ainsi, le risque d'une contagion inattendue, pourrait être un aiguillon pour trouver une solution médiane qui soit viable et juste.

La "révolution syrienne" inquiète ou réjouit - c'est selon -, au moins mille fois plus que les autres révolutions arabes. Car il n'y a pas que des questions de haute diplomatie avec l'ONU, de sécurité intérieure, de liberté du peuple, ou d'expansion dans le reste du monde en jeu.
S'y mêle intrinsèquement la notion de Fin des temps, que nul n'aborde ouvertement, surtout à l'abord de 2012, qui est devenue malgré elle une année fatidique universellement redoutée : les Mayas, pourtant pratiquement disparus de nos jours, ont réussi cela. On n'en parle pas trop, ou alors en petit cénacle, mais on y pense énormément. Que cette croyance diffuse soit fondée ou non, certains ou certaines se disent : "on ne sait jamais, après tout" !
Donc, on ne voulait pas vraiment brusquer les choses. Mais l'Occident ressent un peu le besoin de jouer son avenir à quitte ou double. Les guerres coûtent cher, mais pourquoi pas se dit-on ! Pourtant le résistible cas libyen devrait tempérer les ardeurs belliqueuses.
L'Europe s'en rend déjà compte, elle qui a toujours du mal à sortir de sa crise de l'Euro (qu'elle soit grecque, espagnole, ou italienne). On approche de plus en plus sur les marchés du taux d'emprunt létal de 7% pour ces deux derniers pays, sachant qu'aucun plan d'aide n'existe pour l'Espagne et l'Italie. Cela est peut-être dû au fait que le plan du 21 juillet 2011 pour sauver la Grèce n'a pas encore été mis en oeuvre à ce jour (vote nécessaire des parlements en septembre).
Il n'aurait peut-être pas fallu laisser la Grèce en état virtuel de cessation de paiements depuis deux semaines, malgré elle. Là le FMI, partie au plan, a un rôle de grand argentier qu'il doit jouer sans attendre.
Les frayeurs américaines sur le relèvement du plafond de la dette qui ont duré jusqu'à son sursaut du 1er août courant, pourraient alors s'étendre à certains pays d'Europe. Il n'est donc sans doute pas souhaitable pour certains Etats de convertir leur économie en économie de guerre, même ponctuellement.



Il n'est pas sûr qu'ôter le couvercle de la "cocotte minute" syrienne soit du meilleur effet, les pressions internationales ayant tout de même quelque influence sur le cours des choses.
Mais tout dépend du but réellement poursuivi au-delà des discours d'antienne.

S'il s'agit de "réinitialiser" l'ordre du monde en réalité, en s'appuyant opportunément sur ces événements, nul ne peut vraiment prévoir dans quel sens il ira, même ses protagonistes - adeptes convaincus d'un droit international de la force.

Néanmoins, cette "réinitialisation" encouragée et tant souhaitée est sans doute déjà en cours, même sans nouvelle intervention militaire occidentale. Les grands Anciens en bénéficient ipso facto. Quant à Jésus, sa route jusque là maintenue fermée vient de se dégager d'un seul coup !

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